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M.I.A.
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Produit par
1- THE MESSAGE / 2- STEPPIN UP / 3- XXXO / 4- TEQKILLA / 5- LOVALOT / 6- STORY TO BE TOLD / 7- IT TAKES A MUSCLE / 8- IT IZ WHAT IT IZ / 9- BORN FREE / 10- MEDS AND FEDS / 11- TELL ME WHY / 12- SPACE
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Les albums de M\.I\.A\. n’ont jamais été homogènes. Un seul disque pouvait être investi par un nombre impressionnant de styles différents. MAYA ne déroge pas à la règle et la palette de genres explorés est encore plus riche que celle des précédents albums. Chaque morceau présente une ambiance particulière, envoutante et parfois complexe. Pourtant, sur MAYA, l'effet escompté n'est plus le même. M\.I\.A\. avait des expérimentations géniales qui piochaient dans différentes cultures, sans jamais être totalement bruitiste, comme elle l’avait fait pour un "Bird Flu" tribal et enivrant. Mais sur ce disque, comme sur la pochette, on a l’impression que plusieurs fenêtres Youtube se sont ouvertes en même temps, crachant leur musique simultanément. Et l’abus de bidouilles électroniques produisant de terribles larsens artificiels ("Teqkilla") ou des saturations basses ("Meds and Feds") ne fait que renforcer l’idée que ces genres de sonorités peuvent difficilement être considérés autrement que comme des défauts musicaux. Ici M\.I\.A\. expérimente tellement fort qu’une partie de l’album est difficilement écoutable. Ses deux albums étaient jalonnés de bruits de détonation et de mitraillettes qui s’intégraient efficacement dans l’ensemble. Elles sont ici remplacés par des perceuses insupportables sur "Steppin Up" qui aurait pu être une très bonne chanson si elle n’en avait pas été parasitée par ces sons incongrus.
Cet album est donc le plus extrême, mais il présente tout de même des chansons accessibles, voire même des tubes en puissance que l’on n’avait pas identifiés lors de la première écoute. "It takes a Muscle" a tout d’un ragga moite de fin de soirée d’une boîte de Club Med, et même si'l n'est pas terrible, il a l’avantage d’être bien meilleur que ce que l’on peut entendre de similaire aujourd’hui. "XXXO" sera sans conteste le tube de cet album, comme "Paper Planes" a été celui de Kala, quelque chose d’assez facile à retenir, avec ce qu’il faut d’indie, pour mettre tout le monde d’accord.M.I.A. fait d’un titre comme "It iz what it iz" une chanson agréable et bien produite. Quant au ragga-dancehall de "Story To be Told", twisté par son électro, il est sans doute possible, l’un des sommets de l’album.
Ainsi, M\.I\.A\. aurait-elle voulu se rétracter de la soudaine popularité engendrée par Slumdog Millionaire et "Paper Plane" qu’elle ne s’y serait pas prise autrement. MAYA est un album profondément désorientant. Mais il semble surtout qu’il poursuit les choix d’un univers qu’elle tâtonnait depuis Kala, et qu’elle autorise aujourd’hui à prendre toute son ampleur. L’album regroupe une poignée de chansons qui comptent parmi les meilleures de la chanteuse. Mais il ne restera pas un essentiel comme l'avait été son prédécesseur, qui pouvait s'écouter en boucle sans lasser.