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Kishi Bashi
Lighght
Produit par
1- Debut - Impromptu / 2- Philosophize in it! Chemicalize with it! / 3- The Ballad of Mr. Steak / 4- Carry On Phenomenon / 5- Bittersweet Genesis for Him and Her / 6- Impromptu no 1 / 7- Q&A / 8- Once Upon a Lucid Dream (in Afrikaans) / 9- Hahaha Pt. 1 / 10- Hahaha Pt. 2 / 11- In Fantasia
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N’en déplaise à son nom rigolo, Kishi Bashi est du genre à faire dans la dentelle. Adepte de musiques sophistiquées aux mélodies faussement faciles, vous ne serez pas déçu de l’odyssée haute en couleurs proposée par l’artiste et son second brillant effort Lighght, sorti cette année. Aperçu aux côtés de Regina Spector ou Of Montreal, le violoniste de formation livrait en 2012 151a, aux accents déjà stratosphériques. Brillant, lumineux comme le suggère le nom de l’album, Kishi Bashi décompose la musique classique pour mieux l’élever dans un esprit davantage indie rock.
Lighght s’ouvre avec "Début–impromptu" sous forme d’exercice de petit prodige de conservatoire. Mais cette rigueur est bien vite déstructurée par "Philosophize In It ! Chemicalize With It !" qui lie guitare rapide et violons façon cris de souris de dessin animé. Le bonhomme continuera à s’amuser avec ces genres de petites voix sous hélium via l’approprié "Hahaha Pt.1". Du délire? Certes non, car tout est contrôlé, rien ne part à vau-l’eau, comme le prouve "The Ballad of Mr Steack", titre calibré boule à facette.
Ce timbre voilé porte à merveille les morceaux, qui se seraient trouvé desservis par un chanteur à voix ou tout autre braillard. Car rien de grossier chez Kishi Bashi, rien d’étouffant comme cela aurait pu être le cas au fil des titres kaléidoscopiques et symphoniques qu’il livre généreusement, et dans plusieurs langues (et notamment en Afrikaans). Tantôt tordues, mais souvent accessibles, les compositions s’apprécient dans leur durée à l’exception de la chevauchée futuristique "Carry on Phenomenon" qui séduit de suite et constitue certainement le titre le plus évident. Pour le reste, il suffira d’errer –ou de baguenauder plutôt- dans cette vaste cour de récréation redoutablement fantasque.
Reste plus qu’à se ruer sur l’album précédent, tout aussi rafraichissant (un de ses morceaux "Bright Whites" est la bande son d’une pub pour le lancement de Windows 8). Comparé à Andrew Bird avec ses ballades lacrymogènes mais nullement tire-larmes, le musicien fait fi des conventions musicales et pléthorise les couches d’instruments avec une élégance rare et jamais prétentieuse. Loin d’être le ravi de la crèche, Kishi Bashi a tout compris.