↓ MENU
Accueil
Première écoute
Albums
Concerts
Cinéma
DVD
Livres
Dossiers
Interviews
Festivals
Actualités
Médias
Agenda concerts
Sorties d'albums
The Wall
Sélection
Photos
Webcasts
Chroniques § Dossiers § Infos § Bonus
X

Newsletter Albumrock


Restez informé des dernières publications, inscrivez-vous à notre newsletter bimensuelle.
Critique d'album

Killswitch Engage


Incarnate


(11/03/2016 - Roadrunner Records - Metalcore - Genre : Hard / Métal)
Produit par Adam Dutkiewicz

1- Alone I Stand / 2- Hate By Design / 3- Cut Me Loose / 4- Strenght Of The Mind / 5- Just Let Go / 6- Embrace the Journey… Upraised / 7- Quiet Distress / 8- Until The Day / 9- It Falls On Me / 10- The Great Deceit / 11- We Carry On / 12- Ascension / 13- Reignite / 14- Triumph Through Tragedy / 15- Loyalty
Note de 4/5
Vous aussi, notez cet album ! (6 votes)
Consultez le barème de la colonne de droite et donnez votre note à cet album
Note de 3.5/5 pour cet album
"Killswitch frappe un grand coup. Encore. Mais pour aller où ?"
Etienne, le 15/03/2016
( mots)

Le lancement de ce nouvel album de Killswitch Engage a suscité une profonde colère avant même sa date butoir. Rendez-vous compte, la première moitié de l'album, soit pas moins de sept morceaux, ont été donnés en pâture aux fans via les services de streaming avant même que l'on puisse apprécier la qualité du disque de manière exhaustive. Il n'est ici nullement question de remettre en cause l'intérêt du single bien évidemment. Tout le monde se doit de le reconnaître en tant qu'atout communicatif, tant pour les fans que pour les artistes eux-mêmes. Mais là, quel intérêt peut bien trouver le groupe à dévoiler à ce point Incarnate ? Franchement, c'est à ne plus rien y comprendre et pire, c'est extrêmement déstabilisant lors de la première écoute de l'album. Car l'ennui prend rapidement le pas sur l'effet de surprise puisque celui-ci est tout simplement inexistant. Autant dire que Jesse Leach et sa bande étaient bien mal embarqués...


Surtout que le menu parait franchement indigeste de prime-abord. Pas moins de quinze morceaux répartis sur quasiment une heure d'écoute constituent un album que Jesse Leach lui-même a avoué avoir bien du mal à écrire. Ça promet. Qui plus est, Killswitch Engage n'est pas un groupe réputé pour la variation de ses compositions et même le retour du chanteur d'origine en remplacement d'Howard Jones ne change pas formellement la donne. Si on peut aisément distinguer leurs deux tessitures, celle de Jones allant bien plus s'aventurer dans des graves amples et chaleureux en opposition au style plus racé et incisif de Leach, les techniques vocales des deux chanteurs sont relativement similaires. Tout ça pour dire que Killswitch Engage ne ménage pas les nerfs de ses fans sans que la moindre note ne soit pour le moment sortie de la platine. Heureusement pour eux, Incarnate est une vraie bonne tuerie.


Effaçons l'ardoise d'un lancement calamiteux et concentrons-nous sur l'essentiel: que vaut réellement Incarnate, deuxième album du renouveau de Killswitch Engage ? Disarm The Descent avait marqué le retour aux affaires de Leach après quelques aventures prolifiques (Seemless pour ne citer qu'eux) sans pour autant transformer l'essai, atteignant rapidement les limites d'un groupe assez peu inspiré. Heureusement et contrairement à ce que Leach a pu laisser entendre par voix de presse, Incarnate est bien plus osé que son prédecesseur, tant dans l'exécution du metalcore nerveux de Killswitch qu'au travers d'une évolution manifeste du song-writing.


Qu'on soit clair, les amateurs de décibels rageurs, de riffs telluriques et de blastbeats supersoniques en auront encore une fois pour leur argent avec Incarnate. Killswitch Engage pratique à merveille un genre dont il a lui-même façonné tout un pan au fil du temps et nombreuses sont les formations modernes se réclamant de l'héritage du groupe de Westfield (August Burns Red, Five Finger Death Punch ou encore Bring Me The Horizon). Parmi les quelques coups d'éclat notoires d'Incarnate, on peut compter la puissance de l'introduction de "Strenght Of The Mind", le pont épique de "Cut Me Loose" ou encore le refrain entêtant de "Just Let Go", sans oublier le monstrueux "The Great Deceit" qui atomise les limites soniques du commun des mortels. Bref, Killswitch fait du Killswitch à priori. Certes, mais en beaucoup mieux.


Il serait indécent de ne pas reconnaitre à ce nouvel album une production impeccable d'Adam Dutkiewicz, guitariste et homme à tout-faire du combo, tant les instruments prennent une ampleur phonique phénoménale tout le long de l'écoute d'Incarnate. Les guitares sont lourdes mais pêchues et Justin Foley soutient d'une main ferme les riffs pointus de Dutkiewicz et Stroetzel pour mieux les imprégner du groove dantesque d'une section rythmique parfaitement en place. "Embrace The Journey... Upraised" ou "Cut Me Loose" sont exécutées au millimètre et d'une énergie à couper le souffle. Sans omettre que ce diable de Jesse Leach fait preuve d'une technicité accrue au chant en délectant autant de passages hurlés tonitruants, incisifs, équilibrés que de refrains emphatiques où toute l'ampleur de sa voix unique incite à scander en choeur ses paroles si difficiles à écrire: "Just Let Go", "Until The Day", "Hate By Design" ou encore "Alone I Stand". Une franche et belle réussite que ce Incarnate qui toute fois n'évite pas les quelques écueils inhérents au genre...


Car il faut bien l'admettre, Killswitch c'est un peu tout le temps la même chose, tant dans la structure des titres que dans les mélodies. Certes, Incarnate est très bon et il vaut mieux avoir trop de bon que de mauvais. Mais la portée d'un tel disque reste embryonnaire à force de répétitions abusives de morceaux (quinze ici) forgés dans le même acier sombre. Et c'est un problème récurrent chez Killswitch Engage car on aimerait être emballé par l'écoute dans son intégralité, mais le temps devient vite long et les moments plus faiblards de la fin du disque ("We Carry On") n'aident pas à estomper cette lassitude. On passe un bon moment et on retient quelques morceaux phares ("The Great Deceit", on ne vous le dira jamais assez), mais ça ne va pas plus loin. Et c'est peut-être ce manque d'ambition qui bride les critiques dans leurs notations (Incarnate est gratifié en moyenne d'un 3 ou 4 sur 5, jamais plus, jamais moins) et retient les éloges que le groupe mériterait pourtant. Car Incarnate est clairement l'un des meilleurs disques du groupe, toutes périodes confondues.


A force de distiller une formule homérique rageuse sur fond de metalcore décapant, Jesse Leach et sa bande dressent pourtant une certaine barrière protégeant les fans historiques du groupe de la déception mais écartant les curieux d'un quelconque coup de cœur. On ne peut s'empêcher de se demander où Killswitch Engage veut aller avec cet album. Rassurer ses fans et protéger sa notoriété ? C'est réussi. Prendre le risque d'accéder enfin à la postérité en refondant les bases de sa musique ? Clairement pas. Et si aujourd'hui encore, on peut apprécier Incarnate pour ses indéniables qualités de composition et de production, on voit mal où le chemin droit et parfaitement terrassé qu'emprunte le groupe pourrait le mener. Un vrai dilemme quand le cœur battant la chamade au son épique d'Incarnate s'oppose aux interrogations d'un esprit tourmenté. Mais laissons-le de côté ce vilain choix cornélien et retournons écouter ce disque très fort, histoire d'en profiter tant qu'il est encore temps.


Chansons conseillées: "The Great Deceit", "Hate By Design" et "Just Let Go".

Commentaires
Soyez le premier à réagir à cette publication !