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Critique d'album

Jeff Rosenstock


Worry


(14/10/2016 - SideOneDummy - (Pop Punk) - Genre : Ska / Punk)
Produit par Jeff Rosenstock

1- We Begged 2 Explode / 2- Pash Rash / 3- Festival Song / 4- Staring Out The Window At Your Old Apartment / 5- Wave To Goodnight To Me / 6- To Be A Ghost... / 7- Pietro, 60 Years Old / 8- I Did Something Weird Last Night / 9- Blast Damage Days / 10- Bang On The Door / 11- Rainbow / 12- Planet Luxury / 13- HELLLLHOOOOLE / 14- June 21st / 15- The Fuzz / 16- ...While You're Alive / 17- Perfect Sound Whatever
Note de 4/5
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Note de 4.5/5 pour cet album
"Pop-punk is not dead."
Valentin, le 27/02/2017
( mots)

L’année 2016 fut l’occasion pour le pop-punk et la plupart de ses représentants les plus fédérateurs de revenir sur le devant de la scène, nous rappelant ainsi l’existence même de ce sous-genre musical qui, soyons honnêtes, ne nous avait pas vraiment manqué. Souvenons-nous : après un pic de popularité au tournant des années 2000 - avec comme points culminants les succès commerciaux du Enema of The State de Blink 182 en 1999 puis du American Idiot de Green Day cinq ans plus tard - le genre s’est rapidement sabordé à cause d’une tornade de disques au mieux décevants, au pire médiocres, parmi lesquels on peut citer de tête Good Morning Revival de Good Charlotte, l’éponyme de Simple Plan, Underclass Hero de Sum 41, 21st Century Breakdown de Green Day mais surtout n’importe quel album des affreux Fall Out Boys. Et même si certains retiendront les sorties sympathiques de Green Day ou de Descendents pour l’année écoulée, il faut bien avouer que le come-back simultané de tous ces groupes n’a pu en aucun cas relancer le navire, et que seulement une minorité de ces disques a su dépasser l’éphémère statut de catalyseur de nostalgie. Jetez donc un œil aux derniers clips produits par ce qu’il reste de Blink 182 : tout n’est que référence à leurs succès passés - "She’s out of her mind" possède la même vidéo au plan près que "What’s my age again" avec seulement une inversion des genres pour marquer la différence -, à tel point qu’on se demandera si California n’a pas été retrouvé dans une capsule temporelle issue du siècle précédent.


Le succès critique de Worry vient pourtant à lui seul nuancer ce constat assez pessimiste. Il est vrai qu’il faisait bien longtemps que l’on n’avait pas vu un disque du genre aussi bien placé dans les tops de fin d’année sur les webzines mainstream, l’album en question trustant même la pole position chez certaines institutions comme USA Today. Son auteur, un natif de Long Island prénommé Jeff Rosenstock, n’avait pourtant jamais fait parler de lui jusqu’ici - malgré une forte activité discographique (rendez-vous compte : 28 albums avec 7 groupes différents sur une quinzaine d’années) - et c’est seulement avec son essai précédent qu’une certaine reconnaissance se concrétisa outre-Atlantique, lui permettant ainsi d’enfin vivre de sa musique après d'innombrables années d’errances économiques. Les raisons du succès de ces deux disques sont très simples : le pop-punk de Jeff Rosenstock est d’une efficacité unique, une efficacité telle qu’elle ferait passer le Green Day de Revolution Radio pour un groupe de stagiaires. En 17 morceaux et presque autant de mélodies qui vous dévoreront instantanément l’esprit, Worry vous fera pardonner puis oublier toutes les catastrophes pop-punk prétentieuses que la décennie précédente a osé vous infliger en la matière. Adieu les productions lisses et stéréotypées jusqu’à la moelle des All Time Low, You Me At Six et consorts, le son dense et puissant de cet album respecte autant l’héritage punk du frontman qu’il fait honneur à la power-pop de Teenage Fanclub ou de Weezer. Cet équilibre se ressent clairement dans l’apparente décontraction des deux singles mis en avant pendant la promotion, "Wave Goodnight to me" et "Festival Song". Particulièrement sur ce dernier à vrai dire, avec ses parties de guitare qui s’inscrivent dans une dichotomie caractéristique du genre – soit un jeu en palm mute sur les couplets pour préparer le déferlement de power chords sur le refrain – mais avec l’intelligence et l’aisance nécessaire pour concrétiser l’effet de relief désiré, là où la plupart des autres groupes s’y seraient déjà vautrés en usant de ces mêmes artifices de façon moins subtile, et surtout, en les étalant sur les trois quarts d’un album. Worry évite alors ce problème de redondance en se montrant assez flexible sur ses influences. Ainsi, dans la deuxième moitié de l’album - qui constitue en fait un unique grand morceau, tel un Abbey Road sauce The Clash -, on voyage sans encombre du punk-rock décomplexé ("Planet Luxury", "Bang on the Door") jusqu’au ska ("Rainbow", qui sonnerait comme une parodie dans de mauvaises mains) en passant par l’indie rock typé 90’s ("Blast Damage Days"). Jeff Rosenstock sait également ralentir le tempo quand il le faut : dès lors, le son devient moins frontal, la production se diversifie, laissant souvent le beau rôle aux claviers comme sur la tragique "Staring out the window at your old appartment" où le soutien rythmique des couplets est assuré à tour de rôle par un orgue et un wurtilizer, ce qui colle parfaitement avec le sentiment de nostalgie qui se dégage du chant. Dans le même ordre d’idée, "To Be a ghost" nous gratifie même d’un crescendo post-rock en guise de climax dont la présence reste assez surprenante. On pourrait donc facilement être déconcerté par cet éclectisme, et pourtant, une certaine harmonie arrive à se créer à mesure que l’on s’investit dans l’album. Sans doute d’une part grâce à la maîtrise de l’ensemble (on peut imaginer que Rosenstock a bien travaillé son sujet avec ses 28 albums précédents) mais surtout grâce aux textes qui finissent sans mal par se rejoindre dans des thématiques assez universelles, tournant autour de l’état d’anxiété permanent de l’américain.


La peur de devenir adulte (“We Begged to explode”), la peur des conséquences de la gentrification (“Staring out the Window at your old apartment”, “Bang on the Door”), la peur de perdre son intégrité artistique à cause de structures qui nous dépassent (“Festival Song”), voire tout simplement la peur de l’état et des multiples violences institutionnalisées (“To be a ghost...”, “The Fuzz”) : Jeff Rosenstock dépeint ici avec une rare pertinence le quotidien d’un trentenaire américain un peu fauché dans tout ce qu’il a d’angoissant, et ce en mélangeant les différentes sphères de la vie ordinaire. Sur un plan social d’abord, les morceaux “engagés” ne se limitent pas à un simple récit factuel, évidemment nécessaire pour dénoncer le réel mais rarement suffisant lorsqu’il s’agit de convaincre en chanson : Worry fascine sur ce point, car il semble trouver sans aucune difficulté le juste milieu entre cet aspect et la dimension narrative propre à la musique populaire. Le thème des violences policières est ainsi abordé à de multiples reprises tout au long de l’album mais dans des contextes assez variés et singuliers pour qu’on se rende compte à juste titre de l’ampleur du phénomène. La critique du système capitaliste est alors évidente bien qu’elle ne constitue pas l’essence de l’album, qui est plutôt à chercher du côté du récent mariage du musicien. Les préoccupations sentimentales font en effet une apparition remarquée dès les premières lignes du morceau d’introduction, “We Begged 2 Explode”, et plombent l’ambiance d’entrée de par une perception exagérément pessimiste du mariage : “This decade's gonna be fucked, friends will disappear after they fall in love, fall in love and get married, Isn't that shit like, crazy? The workin', havin' babies and promotions? The cheatin', cryin', leavin', and divorcin'?”. Bon dieu, quelle idée de noyer l’auditeur dès les premières secondes dans des considérations aussi négatives ! Heureusement, ce morceau possède suffisamment d’atouts pour compenser ce fatalisme (notamment un final lourd et poignant) et les relations amoureuses seront présentées sous un meilleur jour par la suite. Elles serviront même de bulle d’air dans la plupart des morceaux, entre deux charges contre l’insolence capitaliste jusqu’à l’avant dernier titre où elles retrouvent le rôle principal. Sans aucun doute l’une des clés de voûte de l’album, ce “...While you’re alive” met ainsi en lumière le paradoxe bien connu de tous selon lequel il y aura toujours des personnes pour pleurer à votre enterrement bien que leur soutien et leur affection vous ait manqué pendant votre voyage terrestre : quoi de plus logique donc de ne pas taire ses sentiments et de partager autant que possible de son vivant. Au-delà des textes qui vous toucheront ou non selon vos sensibilités, il faut enfin souligner la singularité vocale de Jeff Rosenstock. Malgré quelques limites techniques évidentes (la fausse note n'est jamais loin, surtout lorsque l'on s'approche des aigus), l’américain s’en sort grâce à l’énergie communicative insufflée dans chaque ligne de chant. Ainsi, la plupart de ces morceaux manipulent un registre vocal différent, cohérent avec son sujet comme sur “Bang on the door” et son débit vocal hallucinant, où chacun pourra clairement s'imaginer Jeff au bord de l’implosion à cause de son voisinage : on ressent alors sans mal le plaisir manifestement éprouvé par l'intéressé pendant l’enregistrement de l’album.


Si vous aimez le pop-punk ou simplement la pop à guitares, vous l’aurez donc compris, il n’y a aucune raison de passer à côté de ce Worry d’une pertinence et d’une finesse mélodique exceptionnelle. En plus d’avoir produit le meilleur album de sa carrière pourtant déjà très fournie, Jeff Rosenstock nous montre que le genre est encore capable de belles choses. Il n'est pourtant pas le seul à se démarquer qualitativement des groupes cités en introduction : Pup, The Wonder Years, Joyce Manor, The Hotelier, tant d'artistes prometteurs que nous vous conseillons fermement si vous vous retrouvez dans ce mouvement. En bref : Pop-punk is not dead.


Morceaux conseillés : "Festival Song" ; "Staring out the windom at your old appartment" ; "Bang on a door" ; "...While you're alive"

Avis de première écoute
Note de 3/5
Un bon disque de pop punk où claviers et guitares enchaînent les mélodies efficaces et où Rosenstock s'éclate au chant. Bien que fourni en morceaux, le disque est très haché et certaines pistes n'ont aucune raison d'être là, ce qui coupe un peu le plaisir. Un must du genre néanmoins qui est passé un peu inaperçu à côté des autres.
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