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Jay-Jay Johanson
The Long Term Physical Effects Are Not Yet Known
Produit par
1- She Doesn't Live Here Anymore / 2- Time Will Show Me / 3- Coffin / 4- Rocks In Pockets / 5- As Good As It Gets / 6- Only For You / 7- Jay-Jay Johanson Again / 8- Breaking Glass / 9- New Years Eve / 10- Tell Me When the Party's Over + Prequiem / 11- Peculiar
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Que de chemin parcouru depuis 1996 et Whiskey, premier album et premier succès de ce qui était alors le crooner pop Jay-Jay Johanson, multi-instrumentiste de haut calibre. Un début réussi dont il a donné l'impression de vouloir à tout prix se départir. Beauté triste et regard perdu, l'homme ne voulait apparemment pas qu'on le range dans une case de laquelle il aurait été difficile de se démarquer, et a fortiori pas dans une boîte labellisée pop aux allures de cercueil.
C'est avec un album des plus personnels qu'il nous revient, une décennie après le succès de "So Tell The Girls That I Am Back In Town", isolé et mélancolique sur une troublante pochette frappée de ce The Long Term Physical Effects Are Not Yet Known. C'est différent, touchant, et ça ne respire toujours pas la joie de vivre…
On part doucement sur des accents trip-hop, pour prendre lentement de la hauteur. Un album sans titre phare, sans chanson qui s'accroche à la tête, ce The Long Term… ; on oserait presque parler d'un album sans chanson. On se laisse simplement porter, telle une feuille morte au début de l'automne, s'élevant et retombant au gré du souffle des instruments à vent et du chant de Jay-Jay Johanson. On ne sait ainsi pas précisément d'où provient ce sentiment de réussi que l'on a - pourtant bien présent en dépit de l'absence de chansons qui marquent. Peut être tout simplement de la sensation d'être porté et transporté par les mélodies délicates s'enchaînant avec un naturel des plus confortables.
L'auteur a poussé sur une base classique et jazz, et c'est en effet à ce double socle que l'album ressemble dans sa construction et dans sa composition. Instrumentation et chant se font jazzy, puis froids et électroniques, au fur-et-à-mesure que l'album progresse. En témoigne le sublime et fragile "Only For You", métamorphosé en un "Jay-Jay Johanson Again" aux influences des plus contemporaines.
Excellente surprise, cette œuvre mélancolique qui de plus constitue un (autre) pari qui ne s'annonçait pas gagné d'avance, est un objet étrange, que l'on ne sait comment aborder si ce n'est en s'y abandonnant. Enfin quelque chose d'un tantinet original et de réussi à se mettre sous la dent ; diable que ça fait du bien !