Jade Warrior
Last Autumn's Dream
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1- A Winter's Tale / 2- Snake / 3- Dark River / 4- Joanne / 5- Obedience / 6- Morning Hymn / 7- May Queen / 8- The Demon Trucker / 9- Lady of the Lake / 10- Borne on the Solar Wind
En 1971, Jade Warrior avait fait voyager les aventuriers progressifs vers des contrées orientales inattendues et évanescentes, avant de proposer un second opus un peu plus académique car beaucoup plus teinté de jazz (Released). L’année suivante, le guerrier de Jade installe à nouveau son récit onirique au pays du Soleil-levant, en partie grâce à une iconographie on ne peut plus évocatrice, mais également grâce à des pérégrinations musicales bien plus élaborées. Le récit musical s’avère dépaysant, si l’on dépasse un titre d’ouverture hippie fort plaisant ("A Winter’s Tale") mais bien peu aventureux : sur cet opus, quand ils trancheront pour un rock plus classique, ils le souhaiteront également plus expérimental (comme le hard-blues heurté "Joanne") si l’on excepte l’anecdotique "The Demon Tucker" dont le seul objectif semble être d’accroitre leur audience.
En effet, les membres de Jade Warrior ont atteint ici une certaine maturité et quand bien même leur musique peut être déroutante, elle est ici parfaitement équilibrée et se déroule gracieusement.
Heavy et tribal, "Snake" imite parfois un gong de circonstance : c’est ici que le périple commence réellement, sur ce prélude à "Dark River" où siffle la flûte devant des fûts réguliers en introduction, puis résonnent des arpèges apaisant comme au sein d’une bambouseraie. L’ambiance paisible des percussions organiques revient sur "Obedience" mais elle est en contraste immédiat avec les lignes de guitares qui se superposent, forment des nappes ou des mélodies légèrement orientalisantes. Une montée en puissance qui méritait bien un repos bucolique (le cotonneux "Morning Hymn", l’aquatique et très orientalisant "Lady of the Lake") jusqu’à la conclusion en forme de résumé des divers sillons stylistiques du groupe.
Tout en étant un ovni musical, l’inscription dans le rock progressif est indéniable. Autant "Snake" pouvait évoquer King Crimson par sa guitare tranchante, autant les arpèges de la première partie de "May Queen" font penser à Yes, bien que le titre conserve la pâte sonore du groupe et glisse ensuite vers le jazz (un peu latin, et garni d’une basse en slapping).
Avec ses premiers trois albums, Jade Warrior symbolise bien les audaces de la merveilleuse écurie Vertigo qui fut capable d’éditer de nombreuses formations originales dans les 1970’s et participa à rendre la décennie aussi émancipée musicalement. Néanmoins, ses relations avec le label se tendent au point d’atteindre un point de rupture (alors que deux albums sont enregistrés – puis publiés en 1998). Jade Warrior se sépare suite à Last Autumn’s Dream qui constitue donc le dernier volume d’une trilogie initiale, avant de revenir dans un univers beaucoup plus éthéré entre new-age et world-music.
A écouter : "Snake", "Obedience", "Lady of the Lake"