Hot Breath
Rubbery Lips
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1- Right Time / 2- Magnetic / 3- Last Barang / 4- What You're Looking for, I've Already Found / 5- Who's the One / 6- Adapted Mind / 7- Turn Your Back / 8- One Hit (To The Body) / 9- What To Do / 10- Bad Feeling
Conjointement à la publication du second album d’Heavy Feather (au jour près), The Sign Records fait sortir le premier opus d’Hot Breath (qui succède à un EP de 2019). Scission d’Honeymoon Disease, la formation est menée par Jennifer Israelsson quand son ancienne comparse chante désormais pour Acid’s Trip (dont le premier disque paraît en mai 2021). Preuve en est, s’il en fallait une, de la vitalité de la scène rock revival suédoise décidemment prolifique et déjà engagée dans l’engrenage des séparations/reformations/circulations.
Contrairement à Heavy Feather qui s’adonne à un hard-rock légèrement hippie aux couleurs de la fin des 1960’s, Hot Breath préfère un style plus direct, carré, efficace et rapidement accrocheur. La comparaison ne dépasse donc pas la nationalité, la tonalité revival, et le chant féminin – ce qui est, avouons-le, déjà pas mal.
Que ce soit le riff ciselé et ronflant de "Right Time" qui ne sacrifie rien aux parties solistes (magistralement écrites sur ce titre), l’inspiration Heavy 80’s sur "Magnetic", ou l’ensemble plutôt tourné vers le garage rock, Rubbery Lips est une petite bombe d’énergie qui ne demande qu’à exploser. Tout au long d’un album assez court avec des titres également brefs, on aura droit à du rock brut façonner pour décompresser, pour danser, au point de s’avérer très aguicheur. Il en va ainsi d’un "What You’re Looking For, I’ve Already Found" ultra-calibré avec un refrain mémorable, ou d’un "Bad Feeling" rock’n’roll saturé plein de "ouhouhouh" qui termine l’album comme on bouclerait un concert – si le groupe tient ses promesses sur scène, ça augure de grands moments. Mention spéciale pour la reprise des Rolling Stones "One Hit (To the Body)" (un bon titre des Stones dans les années 1980?! Loin s'en faut, simplement une bonne base ici sublimée, l'original étant médiocre) qui me semble être le titre le plus captivant pour plusieurs raisons (le chant heurté, les plans de guitare, les chœurs). Il s'agit peut-être de la meilleure reprise de l'année tant le groupe est parvenu à transformer le plomb en or.
La réussite de l’album tient en un chant très plaisant, Jennifer Israelsson étant une référence dans son genre, d’autant plus quand il est au service de superbes mélodies comme sur le metallique "Last Barang". Il faut souligner l’effort fait sur les parties de guitare beaucoup plus élaborées et variées que ne pourrait le faire croire le style dans lequel le groupe s’inscrit. Les soli sont très bien envoyés et mélodieux, les plans proposés enrichissent de nombreux titres (au hasard, le solo "Adapted Mind", les plans très NWOBHM de "Turn Your Back"). Pour autant, l’album gagne en efficacité là où il perd en originalité et en profondeur : on demeure dans un hard-rock énergique, puissant mais convenu et relativement routinier. Heureusement, cela est largement compensé par la durée du disque qui fait qu'à l'heure du bilan, Rubbery Lips s'avère chaudement recommandable. Une exception à cette homogénéité peut-être, le très bon "Who’s the One" avec son petit côté 1980’s (désormais à la mode en Suède) dans les effets, le jeu et le son de la basse. Des relents de Siouxsie and the Banshees et un registre aussi inattendu que bienvenu pour apporter des variations à l’album.
Hot Breath ouvre donc sa discographie (si l’on excepte l’EP) par un défouloir teinté de hard-rock tantôt garage, tantôt heavy, qui atteint indéniablement son but à défaut de nous offrir une production qui parviendrait à se singulariser au sein d’une scène très riche. Il n’en reste pas moins un album solide dans son genre qui apporte sa demi-heure de plaisir mélomane.
A écouter : "On Hit (to the Body)", "Who's the One"