Free
Highway
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1- The Highway Song / 2- The Stealer / 3- On My Way / 4- Be My Friend / 5- Sunny Day / 6- Ride On A Pony / 7- Love You So / 8- Bodie / 9- Soon I Will Be Gone
"Y’a un groupe, Highway, ils font des morceaux dans le style de Free, en moins bien c’est sûr, mais à surveiller …". Les mots ne sont pas exacts, mais il paraît qu’un critique aurait formulé quelque chose dans le genre à propos du quatrième album de Free : la pochette, sans aucune inventivité, est en effet potentiellement trompeuse puisque seul le titre de l’album apparaît (erreur réparée sans talent sur certaines éditons plus récentes).
Mais la sentence de ce chroniqueur, si elle existe, est intéressante au-delà de l’anecdote. Elle prouve que Free, courant 1970 et surtout après Fire and Water, est une référence importante dans le monde du rock. Il est vrai que leur troisième album, d’une qualité indéniable, avait été couronné de succès. Elle démontre également qu’avec Highway le groupe n’est pas au niveau : c’est un constat majoritaire depuis sa sortie, auquel nous souscrivons, sans pour autant jeter le bébé avec l’eau du bain.
On peut d’ailleurs commencer par les bons moments que réserve cette production. "The Stealer", dans les pas de l’album précédent et de Steppenwolf ("The Pusher") est très appréciable, laissant envisager le style de Bad Company où se poursuivra la vie artistique de Paul Rodgers. "The Highway Song", quoique manquant un peu d’énergie, est très plaisant, surtout sur ses refrains dont le ton tranche avec la gaieté des couplets, et son chorus très simple mais prenant.
Peut-on se permettre une petite digression ? "Highway Song" est également le titre du plus gros succès du groupe sudiste Blackfoot, présent sur Strikes (1978), mais n’ayant rien à voir avec le morceau de Free. Par contre, sur ce même album, le combo floridien propose également une excellente reprise de "Wishing Well", un titre de Free issu d’Heartbreaker (1973). Les coïncidences du rock …
Revenons à Highway et à ses bons points en évoquant, en fermeture, "Soon I Will Be Gone", mélancolique et presque dans une ambiance de western (le fameux son américain de ce groupe britannique), est un vrai beau moment qui laissera nostalgique plus d’un amateur à l’écoute de l’ensemble d’Highway.
Car avouons-le, le principal problème de l’album est d’être souvent, trop souvent, d’une lenteur insoutenable. L’auditeur est laissé seul face à son ennui découlant du manque cruel de relief de certains, non, de la plupart des titres : "On My Way", "Be My Friend", "Sunny Day", "Ride a Pony" (dont le riff swing, mais ne décolle jamais …), "Love You So" … On pourrait continuer à égrener ainsi toute la seconde face de l’album, si ce n’est le susmentionné "Soon I Will Be Gone" qui conclut l’opus. Sur à peine trente-cinq minutes, ça fait quand même beaucoup, et cette demi-heure paraîtra longue.
La fièvre de la gloire rapide explique peut-être cet échec. Grisé, le groupe semble composer cet album sans un travail suffisamment approfondi. De plus, les addictions de Kossoff, le guitariste, ont sûrement eu une influence sur ce triste résultat. Le public comme la critique ne s’y trompèrent pas, et le groupe, dans un premier temps, ne survécut pas à cette remise en question. Il se sépare quelques mois plus tard.
A écouter : "Soon I Will Be Gone", "The Stealer", "The Highway Song"