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Fischerspooner
Entertainment
Produit par
1- The best revenge / 2- We are electric / 3- Money can't dance / 4- In a modern world / 5- Supply & demand / 6- Amuse bouche / 7- Infidels of the world unite / 8- Door train home / 9- Danse en France / 10- To the moon


Il est compliqué de parler d’un disque d’électro-trash sans directement détruire la production. C’est mauvais, c’est trop simple, pas assez recherché, trop synthétique. Beaucoup d’adjectifs peu flatteurs pour une musique qui devient du même coup peu vendeuse. Les new-yorkais de Fischerspooner ont néanmoins réussi à faire tourner les oreilles vers leurs deux premiers albums, #1 et Odyssey. Si #1 appuyait la naissance de ce genre, entre techno minimale et pop comme l’était perçu le single "Emerge", Odyssey se tournait davantage vers le grand public, avec des compositions pop, telle que la perle "A kick in the teeth". Cette fois-ci, le virage se négocie en direction du dancefloor, avec ce dernier album Entertainment, qui tient une promesse : nous divertir. La preuve par le titre.
Fischerspooner est un projet, plus qu’un groupe, habitué des scènes électro et des clubs, où leurs inspirations s’expriment sur différents supports, visuels ou audiovisuels, comme nous le montre l’artwork rococo de ce nouvel opus. Un côté dandy gay-friendly dans un milieu arty, que Warren Fischer et Casey Spooner illustrent particulièrement dans leur troisième sortie. "The best revenge" ouvre le bal avec des sonorités électro venues tout droit des années 80, entre Laroche Valmont ("T’as le look, Coco") et Depeche Mode. Un coté kitch et décalé, plutôt bien exploité, qui ne tombe jamais dans le ridicule. Ce côté Depeche Mode ou encore Ladytron se retrouve dans un bon nombre de titres, résolument pop, pour servir une musique très accessible et très dansante.
D’autres titres, un peu plus élaborés, rappellent Odyssey et sa transe pop. C’est le cas de "We are electric", ou de l’hypnotique "Amuse bouche". Ce petit clin d’œil à la France fait dans ce dernier titre n’est pas le seul, et témoigne de l’attachement des deux américains à notre pays suite à leur collaboration avec le label Kitsuné. La langue de Molière côtoie ainsi celle de Shakespeare dans "Danse en France", dont les paroles, certes ridicules, font appel au registre de Pierre Perret ("Qu’est ce qu’il s’est passé ici/J’ai envie de faire pipi") tout en traitant de la manière de danser des français, mais apportent aussi une fraicheur parmi les ramassis de titres que l’ont peut écouter partout ailleurs, traitant de manière un peu plus ridicule encore d’amour ou de problèmes caricaturés à outrance. Au moins, ici, pas de prise de tête, on est là pour s’éclater.
Ainsi, dans le divertissement, le duo Fischer et Spooner cherche à être efficace, au détriment de l’originalité. Un decrescendo qualificatif depuis #1 qui accuse le coup d’un disque trop surfait, sans âme, qui se laisse mieux écouter d’une seule oreille, quand la deuxième s’intéresse plus à l’environnement immédiat d’une soirée entre amis. Mais Entertainment est là avant tout pour vous distraire, et ça, c’est réussi !