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exEunt
A quoi bon attendre demain si l'avenir est si proche?
Produit par
1- Latente / 2- Sur la ligne / 3- Souvenirs / 4- Ainsi dieu(x) / 5- Douceur / 6- A l'aube de mes nuits
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Ou se situe le post-rock français ? Telle pourrait être la question à méditer avant d’écouter exEunt... Une fois passée la surprenante accroche de la langue de Molière, sur cet album autoproduit au titre étiré et presque éthéré, il faut reconnaître qu’on se laisse aisément aller dans un son atmosphérique envoûtant, sans sourciller durant près de 40 minutes…
D’entrée, "Latente" nous emmène hors des sentiers battus, quelque part entre Mogwaï et Sigur Ros. La voix de Thomas Mereur, magnifiquement placée, rappelle immanquablement Matthew Bellamy dans "Hyper chondriac music". La magie opère lentement, et instrumentalement exEunt montre une grande maturité, en jouant un post rock de très bonne facture.
La poésie se fond au beau milieu d’une musique sombre et très aérée. Guitare, basse et batterie sont bien en place dans la seconde pièce qui évoque quelques Souvenirs de The Gathering. Difficile de délaisser l’apport électronique aujourd’hui : exEunt n’y déroge pas et en fait bon usage dans ce "Sur la ligne" assez magique. L’intensité est palpable et le rythme monte et descend au gré des morceaux, comme sur la pièce suivante, étrangement nommée, elle aussi, "Souvenirs". On se laisse aller ; Thomas, fait des prouesse sur quelques morceaux, et moins sur d'autres où on a l'impression que le chant est faux. on espère que ça passera avec le temps!
Le lyrisme fait place à un mysticisme presque trop exacerbé sur "Ainsi dieu(x)", dominé par le piano et des chœurs saisissants, avant qu’une "Douceur" schizophrène à montée Godspeedienne caractérisée ne prenne le pas : une vraie réussite, explosive et électrisée. L’album se clôt par une dernière pièce très bien construite et magnifiée par le violoncelle et une énième montée explosive.
ExEunt semble avoir réussi son pari en offrant un album bourré de références, tout en proposant un son français nouveau. Le groupe parisien trace la route qui lui est promise et semble maintenant privilégier la langue de Shakespeare. A quoi bon attendre demain si l’avenir est si proche ? restera comme un très bon album de post-rock, au sein d’un paysage français (et francophone) trop frileux et délaissé par les labels et les majors. Pourtant, on a plus qu’hâte d’en entendre davantage, venant de la part d’un des groupes des plus prometteurs de l'hexagone en la matière.