↓ MENU
Accueil
Première écoute
Albums
Concerts
Cinéma
DVD
Livres
Dossiers
Interviews
Festivals
Actualités
Médias
Agenda concerts
Sorties d'albums
The Wall
Sélection
Photos
Webcasts
Chroniques § Dossiers § Infos § Bonus
X

Newsletter Albumrock


Restez informé des dernières publications, inscrivez-vous à notre newsletter bimensuelle.
Critique d'album

Dr. Feelgood


Down by the Jetty


(00/01/1975 - - Pub Rock - Genre : Rock)
Produit par Vic Maile

1- She Does It Right / 2- Boom, Boom / 3- The More I Give / 4- Roxette / 5- One Weekend / 6- That Ain't The Way To Behave / 7- I Don't Mind / 8- Twenty Yards Behind / 9- Keep It Out Of Sight / 10- All Through The City / 11- Cheque Book / 12- Oyeh! / 13- Bonie Moronie/Tequila
Note de 4/5
Vous aussi, notez cet album ! (6 votes)
Consultez le barème de la colonne de droite et donnez votre note à cet album
Note de 4.0/5 pour cet album
"Wilko, le père des Punks"
Guillaume , le 13/12/2022
( mots)

Non, Wilko Johnson n’est pas seulement l’acteur de Game of thrones (très flippant en bourreau d’ailleurs). Au sein de Dr. Feelgood, il était et restera le père putatif de la marmaille punk : regard halluciné, démarche épileptique, et guitare kalachnikov en bandoulière… Il anticipe Johnny Rotten pour l’allure, Paul Weller et Andy Gill pour le style de guitare. Wilko n’était pas punk. Moins iconoclaste, plus… vieux (il avait déjà 30 ans en 1977). Le gars venait du Pub Rock. Du rock gratté à l’os, simple et sans fioritures qui entre le Glam et le Punk, maintenait le Rock anglais à flot avec des groupes comme Brinsley Schwarz et les Blockheads d’Ian Dury. Et à l’instar de nombreux groupes punk/pub rock, leur galop d’essai est le plus excitant, comme si toute la sève de leur génie était expulsée directement sur leur première galette. C’est donc (en partie) le cas avec Dr. Feelgood avec Down by the jetty.


Wilko a grandi à la dure. Ballotté entre un père violent et les ruelles de son patelin paumé (Canvey island, site pétrochimique de l’estuaire de la Tamise), le jeune homme fonde son premier groupe à 16 ans, les Roamers, dans lequel il peaufine son jeu de guitare incisif sur Telecaster. Après des études en littérature et un voyage au Népal, Wilko revient aux affaires sur ses terres natales et entraîne avec lui trois musiciens. C’est le début de l’aventure Dr. Feelgood. Lee Brilleaux est l’autre forte tête de la bande : coursier au physique de docker et à la voix virile, toujours prêt à en découdre. Le groupe écume les bars du Nord de Londres, rôde son répertoire à base de standards Rythm’n’blues stéroïdés et de compositions maison de Wilko. Vite repérés par la presse spécialisée, les quatre lads filent en studio fin 1974 pour y graver leur premier opus. En cette période de gestation pour le rock, il existe une nouvelle alternative au prog et à ses chansons à rallonge pseudo-classiques. Paru début 1975, Down by the jetty frappe fort et inflige une bonne leçon de less is more à tous ces vieux dinosaures du rock ! "She does it right" lance le bal avec sa rythmique ancrée dans le béton et l’attaque de guitare barbelée de Wilko, tranchante comme un rasoir (et jouée au doigt !). Le groupe joue serré, concis, minimaliste et surtout live en studio, au grand dam de l’ingénieur son, rompu aux techniques d’enregistrement modernes. Comme si les quatre prolos avaient retrouvé le mojo des Rolling Stones des débuts, influences et looks compris (ils iront même jusqu’à jouer "Route 66" comme sur le premier effort des Stones). Pas bégueule, le groupe balance un "Boum, Boum" sous amphètes, traversé de giclées d’harmonica. Puis vient le tubesque "Roxette" avec son célèbre riff robotique. Cette fameuse Roxette était une jeune femme volage que le chanteur voulait retenir à tout prix… Un vieux marronnier de l’histoire du Rock’n’Roll. Sur "One weekend", Wilko montre de quel bois il se chauffe et cisaille deux solos à la tronçonneuse, accompagné par les chœurs de ses camarades. "I don’t mind" et "Twenty yards behind" sont deux étalons pur sang bouillonnants d’énergie, prêts à ruer dans les brancards à tout moment. Les Feelgood enquillent quelques reprises bien senties dont une instrumentale, tout en feeling, où Wilko passe pour un Link wray prolo, ou plus exactement pour son idole Mick Green ("Oyeh") et la speed "Bonie Moronie/Tequila", retour au bon vieux rock rétro à la Little Richard, ne manque plus que le piano frénétique pour compléter le tableau… En bons taxidermistes du rock, Dr. Feelgood se situait vraiment à des années lumières du mouvement punk. Avec l’autobiographique "All through the city", le groupe clame haut et fort l’attachement à son bled sinistré et à ses galères en tout genre. Cette appartenance à un terroir, initiée autrefois par les Kinks, reprise par Dr. Feelgood, sera perpétuée par des légions de groupes anglais dans la foulée.


Down by the jetty est un disque pétri de contradictions : volontairement rétrograde pour son époque d’un côté, et terriblement visionnaire d’un autre. Les jeunes punks ne devaient plus savoir à quel saint se vouer... Le line-up original de Dr. Feelgood va continuer à tracer son sillon avec effervescence pour quelques albums jusqu’au départ de Wilko Johnson, souhaitant s’évader du carcan rétro Rythm'n'blues. Suivi par une meute de fidèles, le groupe perdra petit à petit de sa magie initiale (sauf en concert !)… Mais il restera toujours ce volcanique premier album, direct comme une droite dans les gencives.

Commentaires
Mike, le 13/12/2022 à 16:29
Orange - Théâtre Antique - 16 Août 1975 Dr. Feelgood monte sur scène, et dès que la rythmique de "plomb" de "The Big Figure" à la batterie qu'accompagne John B. Sparks à la basse, se met en mouvement, je suis d'emblée subjugué par la démarche 'robotique" de Wilko Johnson dont le jeu de guitare s'accorde inexorablement avec le chant "saccadé" de Lee Brilleaux. Le quatuor emporte l'assistance et "She Does It Right" et 'All Through The City" contribuent à faire vibrer comme jamais les vieilles pierres du Théâtre Antique, à un niveau paroxystique dont le souvenir est encore très présent 47 ans après. Une majeure partie des titres de "Down By The Jetty" faisait l'essentiel de la set-list, et l'on retrouve au long de "Stupidity" l'atmosphère de "feu" qui régnait ce soir-là. J'ai suivi la carrière de Wilko Johnson au long de toutes ces années, et je n'ai eu de cesse de visionner le documentaire "Oil City Confidential" de Julian Temple qui retranscrit avec bonheur le parcours de Wilko sur "ses" terres de Canvey Island. Son association avec Roger Daltrey a "accouché" en 2014 d'un "Going Back Home" remarquable. Merci pour cet hommage à Wilko et à Dr. Feelgood au travers de cette chronique de "Down The Jetty". RIP Wilko...
FrancoisAR, le 13/12/2022 à 07:14
Excellente chronique pour un album qui ne l'est pas moins. "She Does It Right", "Roxette", "Cheque Book", rien à jeter. Je partage l'analyse sur le côté retro/visionnaire, même s'il me semble que musicalement, le punk se situe encore davantage dans la régression que dans la progression (référence au prog'), et ce de façon assumée : dans ce cas là, si Dr Feelgood a bien préfiguré la vague de 1976-77, n'était-ce pas pour ouvrir la phase (musicalement) réactionnaire du punk-rock ? No Future.