Dr. Feelgood
Damn Right!
Produit par
1- Mary Ann
Il est vraiment dommage que le retour inattendu de Dr Feelgood dans les bacs corresponde peu ou prou au décès de son ancien guitariste et fondateur Wilko Johnson, rapidement remis en avant par sa petite participation aux premières saisons de Game of Thrones en tant que bourreau. Certes, il avait quitté le groupe en 1977, bien avant la disparition de son comparse Lee Brilleaux, mort en 1994, initiant le turn-over incessant des musiciens au sein de Dr Feelgood, le dernier en date étant l’arrivée de Gordon Russell à la guitare en lieu et place de Steve Walwyn.
C’est donc une formation bien éloignée de celle qui s’était imposée comme la tête de pont du pub-rock au milieu des 1970’s, que l’on peut écouter sur Damn Right !, même si celle-ci maîtrise parfaitement le répertoire historique en maintenant l’héritage sans discontinuité à travers des concerts multiples partout en Europe. Les shows sont toujours énergiques et carrés, et offrent la garantie de passer une très bonne soirée au son du rhythm and blues saturé so british, mais on pouvait avoir des doutes quant à leur inspiration pour composer de nouveaux titres. Vingt-deux ans, tout de même, se sont écoulés depuis Chess Masters, Repeat Prescription faisant davantage office de best-of.
A partir de là, inutile de tourner autour du pot avant d’affirmer que Damn Right ! propose exactement ce qu’on pouvait attendre de lui, c’est-à-dire un pub-rock apaisé, très marqué par le blues et le rhythm and blues, toujours de bonne facture mais sans jamais surprendre ni faire crier au génie.
On prend tout de même son pied sur "Don't Pull Your Punches", au riff et à la batterie à la limite du surf-rock, ou sur du pub-rock de bonne facture à l’image de "Mary Ann" (du Dr Feelgood pur jus), "Inside Out" ou "Damn Right I Do!".
C’est sans surprise qu’on retrouve le blues tout au long de l’opus, qu’il soit interprété de façon plus traditionnelle sur "Blues Me", "Last Call" (une belle démonstration de guitare) et "I Need A Doctor", ou revisité en mode pub-rock sur "Put Your Money Where Your Mouth Is" ou sur "Take A Second Look", entre un clin d’œil à John Lee Hooker et une vibe vraiment british. Blues-rock encore mais version roots, à la Seasick Steve, quand il s’agit d'envoyer "Put The Blame On Me", ouvrant les portes à l’harmonica sans anicroche, ou de "Keep It Under Cover" qui sort le bottleneck comme au bon temps de "Back in the Night", quoique le groupe soit davantage en mode Delta ici.
Néanmoins, aussi agréable soit-il, Damn Right ! reste, dans sa globalité, très convenu. La démarche est honnête, et on sent que les musiciens se sont vraiment faits plaisir. Il donne le sourire, fait taper du pied, il met en joie en permettant de nous dire que Dr Feelgood est toujours de la partie, mais rappelle aussi que le combo est avant tout un groupe de scène, et qu’il nous tarde de les voir sur les planches plutôt que de les entendre en studio.
A écouter : "Don't Pull Your Punches", "Keep It Under Cover"