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Critique d'album

Dirty Honey


Can't Find the Brakes


(03/11/2023 - - Hard rock - Genre : Hard / Métal)
Produit par

1- Don't Put Out the Fire / 2- Won't Take Me Alive / 3- Dirty Mind / 4- Roam / 5- Get a Little High / 6- Coming Home (Ballad of the Shire) / 7- Can't Find The Brakes / 8- Satisfied / 9- Ride On / 10- You Make It All Right / 11- Rebel Son
Note de 4/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Je suis un gros bourdon / Qui butine alentours / Est-ce que ça te dirait, petite abeille / Qu’on se fabrique un peu de miel ?"
Daniel, le 02/04/2024
( mots)

Classe 66/6 de l’Académie des petits rockers

- C’est comment d’être vieux, Oncle Dan ?
- C’est étrange, Debbie… Parfois le temps file. Parfois il s’arrête. Tu devrais regarder Groundhog Day de Harold Ramis ! La cassette VHS se trouve dans les archives de l‘Académie. C’est une parabole sur le temps qui s’arrête.
- Mais, en vrai, le temps ne s’arrête jamais…
- Mon petit John-Rébus, ta réflexion est pertinente. Mais elle est incorrecte. Parfois le temps tourne en boucle. Comme un chien qui court après sa queue…
- Mais non !
- Mais si !
- Oncle Dan ?
- Oui, Meat !
- C’est quoi, une cassette VHS ?
- Tu sors, Meat ! Tu sors !

Quand le temps défile en boucle(s)

L’être humain aime bien donner des noms aux choses. Il serait crétin de ne pas utiliser notre faculté langagière alors que nous sommes probablement la seule espèce terrestre à la maîtriser. A titre d’exemple et a contrario, mon chien (qui n’est pas vraiment le plus subtil de sa race) ne comprend que "biscuit" (1).

Pour mon chien, Dirty Honey joue du "biscuit". Mais l’esprit du rocker attend plus de subtilité. C’est pourquoi, je préfère utiliser le néologisme "New Wave Of Old Metal" ou NWOOM (2).

Le phénomène est en passe de devenir mainstream. Il ne se limite plus à quelques accès de nostalgie qui se soignaient naguère en jouant quelques reprises de classic rock.

C’est que, entre les années soixante et la période contemporaine, il y a eu un changement de paradigme.

Les rockers anglais des années soixante ont pioché avec gourmandise dans le répertoire classic blues américain pour en absorber le nectar sans en respecter l’essence. Le monde musical serait bien différent si The Rolling Stones, The Kinks ou The Beatles s’étaient contentés de reproduire à l’identique les patterns de Big Mama Thornton, d’Arthur Crudup ou de Robert Johnson. Une guitare acoustique, un harmonica, un pied qui bat la mesure et une voix lointaine enregistrée par un unique micro d’ambiance un peu pourri.

Les jeunes anglais ont su se montrer irrespectueux. En quelques trimestres, ils ont franchi le pas de "Come On" à "Paint It Black". Ou de "You Really Got Me" à "Waterloo Sunset". Ou encore de "Love me Do" à "Strawberry Fields Forever". C’est selon. Mais ce furent des pas de géants !

Les jeunes musiciens actuels ont une approche très différente de leur art. Ils sont souvent issus d’une scène de pénibles cover-bands qui jouent à l’identique (et avec la plus grande déférence) ce que le public rock du moment réclame à cor et à cri. Or, les modes sont généralement "trentenaires". Par conséquent, nos petits rockers butinent depuis une dizaine d’années le répertoire d’Aerosmith, Poison, Mötley Crüe, Ruch, Pavlov’s Dog, Led Zeppelin, Tesla, Guns And Roses, Lynyrd Skynyrd, Molly Hatchet ou Blackfoot. Pour ne citer que ceux-là.

Le respect du passé est tellement ancré dans leurs gènes que ceux qui se montrent créatifs reproduisent "naturellement" les sons et schémas familiers de leurs grands anciens. C’est ça qui donne l’impression aux vieux rockers que le temps tourne en boucle comme un "snoepster" qui court après sa queue.

Avec son guitariste qui se prend pour la réincarnation de Slash, son merveilleux bassiste qui a déterré John Symon Asher Bruce (dit Jack), son chanteur aussi puissant mais moins méprisable qu’Axl Rose, son batteur issu de l’Académie des Petits Rockers et un nom de groupe un peu ambigu emprunté à Robert Plant, Dirty Honey surfe sur la crête de cette déferlante NWOOM.

Et au cœur de la flottille des navires amiraux. Loin devant des gugusses comme Greta Van Fleet dont les fringues dans leurs clips récents mériteraient la cour martiale s’ils étaient militaires.

Qu’on adhère à la démarche de Dirty Honey ou qu’on l’abomine, il faudrait avoir une enclume dans la culotte pour ne pas tortiller du fondement en écoutant Can’t Find The Brakes..!! Une absolue réjouissance.

L’Evangile selon Saint Dirty

Quoi qu’il advienne, Dirty Honey restera le premier groupe non signé de toute l’histoire du monde à avoir hissé un titre ("When I’m Gone") à la première place du Billboard. C’est une sacrée performance qui nécessite une foi absolue dans son art.

Excellemment chroniqué dans ces pages par Nicolas, le premier album éponyme marquait déjà un progrès majeur par rapport au single fondateur auquel on peut encore reprocher une passion excessive pour le pesant combo d’Axl Rose.

Mais le fait de toucher un cœur de cible dès le premier effort n’a pas toujours porté chance aux petits rockers. L’histoire du style est marquée par les destins sordides d’une kyrielle de one hit wonders qui ont disparu des radars dès les premiers frimas, la première groupie, la première cuite au bourbon ou le premier mauvais trip au LSD.

A l’exception de la pochette (3), il n’y a que des merveilles sur Can’t Find The Brakes..!! C’en est même emmerdant parce que le chroniqueur n’a comme choix de citer tous les titres ou de n’en citer aucun.

"Coming Home (Ballad Of The Shire)" pourrait être le titre le plus envoûtant pour nos cœurs d’artichauts. Parce que c’est une de ces ballades sublimes qui balisent une voie royale pour les autres compositions plus musclées.

Mais si l’on évoque "Coming Home…", il faut obligatoirement mentionner "You Make It All Right" qui réinvente carrément le genre. Et puis les mid tempos comme "Roam". Et puis les plages bien carrées. De "Don’t Put Out The Fire" (qui introduit magnifiquement l’opus) à "Dirty Mind" ou à "Rebel Son" (qui conclut le disque avec une envie irrépressible d’y retourner).  

Can’t Find The Brakes..!! ne pêche que par l’absence d’un hit single évident. Le genre de truc qui collerait aux oreilles du matin au soir.

Et Dirty Honey doit encore acquérir une once de personnalité supplémentaire si le groupe entend réussir le break atomique pour son troisième album.

On passe au vote…

Démocratie chinoise

- Allez, les petits rockers ! Vous allez voter à main levée… Faites votre choix ! La carte verte signifie "Dirty Honey va casser la baraque !". La carte rouge signifie "Dirty Honey va se vautrer avec son troisième album…"
- Chouette, on peut donner notre avis !
- C’est l’enseignement moderne, les petits ! Allez, à la une, à la deux, à la trois ! Levez les cartes !
- Youhou, on a voté !
- Ah bien, mince ! Je ne m’attendais pas à un résultat pareil…


(1) En vérité, mon chien ne comprend que "snoep" (prononcez "snoupe" !) qui est la traduction bruxelloise de friandise ou de biscuit. J’utilise le mot "biscuit" pour être compris ici du plus grand nombre. Pour enrichir le rayon "gay savoir" du webzine, je précise qu’un chien gourmand à Bruxelles s’appelle un "snoepster".

(2) Si vous préférez "biscuit", à la place de NWOOM, c’est bien aussi. Parce qu’il faut avouer que les sous-catégories musicales obscures commencent à être pénibles. Entre shoegaze proto-punk et nu rétro-metal électro-campagnard, je m’égare fréquemment parmi les ramifications… Finalement, deux catégories ("biscuit rock" et "non-biscuit rock") simplifieraient mon existence.

(3) Il est probable que je n’aie pas compris la référence, mais je pense que Sam Whitney est généralement mieux inspiré dans le domaine de l’art décalé. Ici, c’est même pas comique et c’est juste laid. 

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