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Critique d'album

Dire Straits


Making Movies


(17/10/1980 - Mercury Records - - Genre : Rock)
Produit par Jimmy Iovine

1- Tunnel Of Love / 2- Romeo And Juliet / 3- Skateaway / 4- Expresso Love / 5- Hand In Hand / 6- Solid Rock / 7- Les Boys
Note de 4.5/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Générique de fin et thème d'ouverture"
Julien, le 29/12/2023
( mots)

Pas de repos pour les braves. En 1980, Dire Straits enchaîne avec un troisième album publié en trois ans. Fort de quelques 6.5 millions de disques vendus avec leurs deux opus précédents et d’une solide réputation scénique conférée par leurs prestations live, les britanniques continuent de battre le fer tant qu’il est chaud sur Making Movies


Cet effort conjugue aboutissement et fin de la période dite "pub-rock" du groupe.
Si l'on pouvait reprocher à l'album Communiqué une teinte lisse et une forme de linéarité quelques peu redondante, son successeur répond par la force. L'utilisation de la puissance brute, organique est palpable et nous accompagne tout au long de la galette avec en point d'orgue l'explicite "Solid Rock". Jamais la musique de Dire Straits n'avait été aussi impulsive, aussi puissante. Ce titre, c'est un poids lourd sans freins qui renverse tout sur son passage. Comme toujours le solo de Knopfler s'appuie sur les caractéristiques du morceau pour faire briller l'œuvre par sa maestria en nous immergeant dans la célérité diffusée dans les derniers instants du titre. Un virage rock rendu tangible par cette approche dans la composition où la guitare lead vient se fondre dans le mouvement pour laisser l'expression et la personnalité des titres être portées par les riffs et la rythmique. Une intention parfaitement reportée dans l'excellent "Expresso Love", symbole du jeu proposé par Knopfler pour Making Movies qu'il synthétisera verbalement dans le documentaire Arena diffusée sur la BBC : "C'est ma façon de jouer en ce moment, essentiellement sur les notes graves".


Paradoxalement ce choix de recentrer le propos sur le jeu rythmique va s'accompagner du départ du guitariste attitré qui n'est autre que le frère de Mark Knopfler : David Knopfler.
Départ ou renvoi, la question demeure toujours d'actualité à l'heure où ces lignes sont écrites. Sans chercher à démêler le vrai du faux, dans les raisons invoquées par les deux protagonistes, on peut tout de même avancer que les limites techniques de David, mêlées à la difficulté d'une relation fratricide qui voit l'un de ces membres prendre toute la lumière sur l'autre, forment une partie des réponses à cette mise à l'écart. Toujours est-il qu'après avoir effectué les premiers enregistrements, ceux de David sont supprimées et réenregistrées par son frère. Le résultat verra l'absence total du cadet des frères Knopfler dans les crédits de Making Movies.


Dire Straits conserve néanmoins sa forme de quatuor avec la participation de Roy Bittan pour l'enregistrement du clavier. L'instrument qui sera l'un des acteurs majeurs de la qualité intrinsèque du disque mais aussi du futur du groupe. Ce dernier vient renforcer la sensation de puissance, rajoutant de l'épaisseur à cette essence brute comme ce duel livré avec la guitare en introduction de "Expresso Love". Une intégration qui va permettre à Dire Straits de s'ouvrir aux escapades épiques.
Culminant légèrement au-delà des huit minutes, la piste introductive "Tunnel of Love" symbolise cette croisée des chemins dans la carrière des britanniques. Le groupe touche le pinacle de sa fièvre rock au gré de guitares mordantes mêlées aux vaporeuses notes de clavier.  Jouant à merveille le jeu des manèges grandiloquents, duquel le texte est inspiré, entre descentes vertigineuses et ruptures contemplatives, le titre nous emporte dans une dimension héroïque emmenée par une démonstration magistrale de Knopfler. On se délecte du solo cousu dans le propos mélodique du disque : enchantement charnel qui propulse le morceau en lévitation jusque dans les sphères contemplatives au gré du mariage conclusif entre guitare et piano.
Titre majeur et incontournable de la discographie du groupe, le succès de "Tunnel Of Love" conduira Dire Straits à explorer plus intensément les pièces homériques qui seront au cœur de la production à suivre du quartet. 


Dans un registre très différent, on retrouve sur Making Movies une autre œuvre culte des anglais avec l'illustre "Romeo And Juliet". Une chanson au caractère intemporel qui tient à son omni présence dans les concerts de Dire Straits -et de Mark Knopfler en solo-, mais surtout à ses magnifiques arpèges joués à la guitare National. Celle-là même qui trônera sur la pochette de Brothers In Arms et qui donne ce son délicat et métallique absolument unique. La plume et la performance vocale de Knopfler renvoient à la peine mélancolique de son auteur qui croise l'œuvre de Shakespeare avec son amour impossible voué à la chanteuse du groupe Holly And The Italians : Holly Vincent.
Si la balade "Hand In Hand" se trouve très loin du niveau de sa consœur citée précédemment, l'intégration accrue du style donne à l'album une teinte variée et inédite jusqu'alors dans la discographie du groupe. Un éventail de couleurs qui permet à Dire Straits de casser avec la sensation de linéarité, qui pouvait découler de l'écoute de leurs opus précédents, à laquelle les titres "Les Boys" et "Skateaway" viennent contribuer. Le premier nommé nous propulse dans une ambiance de cabaret tout aussi surprenante que clivante, quand le second raisonne de tout le classicisme d'une composition du quatuor britannique en étant affublée de cette signature indélébile faite du jeu en fingerpicking chaloupé et élégant. 


Avec le disque le plus court de sa discographie (un peu plus de 38 minutes) où Dire Straits veut faire des films, le groupe nous propose une vidéothèque aux styles nuancés. On navigue d'une comédie romantique ("Skateaway") à dramatique ("Romeo and Juliet) ; d'un film d'action ("Solid Rock") à une aventure homérique ("Tunnel Of Love") ; d'œuvre classique ("Expresso Love") à un film de cabaret ("Les Boys").
Vêtu de ses hymnes prestigieux et intemporels, Making Movies se présente comme l'album de la rupture -au sens propre et figuré-. Le générique de fin de la période pub-rock et le thème d'ouverture vers le versant progressif à venir avec Love Over Gold


A écouter : "Tunnel Of Love" ; "Romeo And Juliet" ; "Expresso Love" ; "Solid Rock"


 

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