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Critique d'album

Car Seat Headrest


Making A Door Less Open


(01/05/2020 - Matador Records - Indie, Lo-fi Pop - Genre : Pop Rock)
Produit par Will Toledo, Andrew Katz

1- Weightlifters / 2- Can't Cool Me Down / 3- Deadlines (Hostile) / 4- Hollywood / 5- Hymn (Remix) / 6- Martin / 7- Deadlines (Thoughtfull) / 8- What's With You Lately? / 9- Life's Worth Missing / 10- There's Must Be More Than Blood / 11- Famous
Note de 4/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Un brillant vertige ascensionnel protéiforme (rien que ça)"
Mathilde, le 11/06/2020
( mots)

Un album de Car Seat Headrest est toujours un évènement, une oeuvre qu’il faudra décrypter qu’on aimera savourer, du moins on l’espère. Pour rappel: son leader Will Toledo, c’est 25 ans seulement au compteur mais pas moins de douze albums d’appui-tête de voiture, pour la plupart auto-produits. Depuis qu’un stagiaire de Matador l’a découvert, le mec s’est entouré de musiciens et a sorti trois albums de 2015 à 2018 (à écouter sans plus attendre). Aujourd’hui le groupe revient avec un album au titre sur la réserve... Qu'est ce que ça réserve?


Une alarme sous forme de corde tendue de violon. Presque hallucinatoire façon indienne, elle dérive vers un rythme de locomotive/ maracas. Très orientale et lancinante pour le moment, "Weighlifters" l’intro de l’album, est rapidement bombardée par la grosse caisse qui la ramène vers une essence indé Lo-Fi, chère à Toledo. Lui et sa voix mi à vif, mi réconfortante vient nous scander "Thoughts can change your body". Des conseils avisés d’un mec qui se proclame comme paumé et pas socialement adapté sont toujours agréables à entendre et à prendre. En plus d’avoir une sagesse pas relou, Will Toledo est un génie, c’est tout c’est un fait. Et un visionnaire, ce qui va souvent ensemble. Ce qu'on visionnait moins par contre c'est les beats synthétiques à la place des guitares, et c’est ce qui fait la spécificité de l’album et ce à quoi il faut s’habituer. Rangées les grattes effrénées, bienvenue au samples mixés.


Pourquoi? Parce que Making A Door Less Open vient en fait d’un autre groupe parallèle formé par Toledo et son batteur Andrew Katz à savoir Un Trait Danger (deux traits sécurité, tmtc), un groupe qui jouait les nouvelles chanson de Will mais qui n’existait pas vraiment. Sur un des albums, une tenue (un costume) divinatoire y figurait: un gilet orange, un masque à gaz. Ça rappellerait pas deux/trois trucs récents? Eh oui, en parallèle des gilets jaunes et avant le covid, Will avait imaginé une tenue extra-lucide avec l’artiste Remy Boydell. Le style aurait pu être agrémenté des cônes de signalisation de Devo qu’on aurait pas été étonnés. Un jeu de cache-cache d’identité qui a donc aboutit sur un "vraie sortie" d’un groupe déjà connu, Car Seat Headrest, prêt à dévoiler ses titres au grand jour et au grand public.


Un peu phobique et même un plus que ça cet album au vu du titre "Can’t Cool Me Down" et son "schizophrénie dreaming" en clin d’oeil à "California Dreamin" des Mamas and the Papas, soit un morceau tendu par des sons  façon "ring tone". Toujours en montée en puissance, Will y déverse ses anxiétés en braillant sur la fin, comme sur ces précédents albums ("Killer Whales"): "I’ve only made one mistake in my life". Son petit frère "Martin" est plus léger mais tout aussi rythmé, du genre qui se ballade pour finir sur des cuivres de la Nouvelle-Orléans à la fin, comme déconcertés face à l’état du monde. On constate en majorité un vrai virage électronique et un retour aux sources de l’époque où Will s’enregistrait dans la caisse de ses parents. Qu'on se l'accorde (la guitare), ça déconcerte, ou ça passe bien pour qui se laisse transporter (par la voiture, of course).


Ça c’était pour le singles, tous bien troussés. Cependant il reste des surprises (qui peuvent être bonnes mais aussi mauvaises) telles "Deadlines (Hostile)", qui fait partie des morceaux moins rugueux et pouvant décevoir, comme le quasi gospel "There Must Be More Than Blood". Il est vrai qu’on peut avoir l’impression de faire face ici à des morceaux "compil", car pas vraiment en accord les uns avec les autres. Un genre de fourre-tout. On peut aussi y voir, une porte ouverte, du coup, vers des expérimentations bien menées et qui se tiennent au delà du fait qu’elles ne forment pas un ensemble. Deux salles, deux ambiances, deux avis possibles.


Ce qui est sûr c'est que la voix de Will déclame tel un ronronnement, un moteur, et cela suffit à guider et rassembler le tout. Une libération s’opère, un lâcher prise, un genre de purification obligatoire face aux affres (virus) actuels. "Hollywood", qui aurait pu être écrit par Gorillaz, sort les grosses guitares et le soleil californien pour déclamer toutes les raisons pour lesquelles cette ville fout la gerbe. Avec le métronome Toledo toujours là. Même histoire pour "What’s With You Lately" qui s’aventure vers la folk en transition  directe avec le titre d’après, le très CSH "Life Worth Missing" (le plus CSH de l'album d'ailleurs) ironique et enlevé, à capella et pourtant tellement musical (mais comment fait le monsieur?) et avec des accents The Cure mélancoliques et lumineux. C'est un double moment en suspens, avant de conclure vers le saturé "Famous" qui fait écho à "Can’t Cool me Down" qui ne cesse de répéter "Change Your Mind". Une pastille rapide, ajoutée juste pour clore l’album.


En conclusion, ben ça reste très bon quoi. Malgré les virages musicaux, les nouvelles expérimentations, ça tourne pas en eau de boudin, ça fait sens. Le titre, l’imagerie, le costume, le contexte, les paroles: tout ça fait support à une musique et des mélodies brillantes et précises. Seattle a été particulièrement touchée par ce sacré virus, Toledo aussi dans le même temps, et c’est toute l’anxiété et les enjeux d’une époque qui sont distillés dans cet album. Sans solution ni jugement, Making A Door Less Open est nourri de questionnements au vertige ascensionnel et à porte définitivement ouverte. Un autre très bon album pour un groupe décidément passionnant.

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