Blood Ceremony
The Old Ways Remain
Produit par Blood Ceremony
En l'absence de toute production depuis 2016, le destin de Blood Ceremony semblait tenir à un fil et l’annonce de leur retour aux affaires suscitait des interrogations sur la direction qu’allait prendre leur nouvel album : était-ce un retour aux sources ? Si The Old Ways Remains emprunte de vieilles routes qui mènent à Woodstock ou en Northumbrie, il ne fait pas de détour sur les "old ways" esthétiques du groupe, entendre un Heavy Rock à l’esprit doomesque, mais privilégie plutôt les "old ways" d’un passé toujours fantasmé et réinventé – celui de la fin des 60’s et des 70’s renouvelé par ce qu’on appelle le "revival".
L’importance de la flûte dans leur dispositif instrumental donne à leur musique une teinte folk et, disons-le sans tourner autour du pot, une touche tullienne : le sautillant "Mossy Wood" illustre parfaitement ce parallèle, et "Ipsissimus" évoque les débuts blues-rock de Jethro Tull, si l’on oublie le refrain qui regarde en direction des hippies californiens. Car l’autre caractéristique de l’album est l’hommage marqué aux 1960’s et à l’épopée du Flower Power : "Song of the Morrow", le léger "Power of Darkness" (pas loin de la nederbeat et de Shocking Blue), la joyeuseté de "Lolly Williams", un peu plus relevé en saturation, et l’envoûtant "Eugenie" qui laisse la part belle à la flûte, au saxophone et au riff parfois musclé.
Au-delà de ces deux grands traits, Blood Ceremony propose un album en rien monolithique, passant d’ "Hécate", un morceau troublant de légèreté entre ses claviers doux et désuets et sa guitare hawaïenne, au celtisant "The Bonfires at Belloc Coombe" (rapport au violon et à la mélodie du chant sur le refrain).
Si le registre Doom a presque disparu, leur univers mystique transgressif demeure : "The Hellfire Club" rend ainsi hommage au club anglais blasphématoire du XVIIIème siècle, et s’avère être un très bon titre d’hard-rock ésotérique très bien servi par le chant d’Alia O’Brien. C’est une ambiance qu’on retrouve sur le refrain de "Widdershins", une autre pièce de hard-rock bien rythmé jusqu’au solo qui se réalise sur un passage (très) légèrement doomesque.
Avec son cinquième album, Blood Ceremony continue de s’imposer comme une des références de la scène revival canadienne, avec, peut-être, des regrets pour les amateurs de Doom mais une énorme satisfaction pour tous ceux qui apprécient cette esthétique puisée dans les 1960’s-1970’s, que le groupe s'est parfaitement réappropriée.
À écouter : "The Hellfire Club", "Eugenie", "The Bonfires at Belloc Coombe"