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Björk
Medùlla
Produit par
1- Pleasure Is All Mine / 2- Show me forgiveness / 3- Where Is the Line / 4- Vökurò / 5- Öll Birtan / 6- Who Is It / 7- Submarine / 8- Desired constellation / 9- Oceania / 10- Sonnets / Unrealities XI / 11- Ancestors / 12- Mouth's Cradle / 13- Midvikudags / 14- Triumph of a Heart
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Une fois n'est pas coutume, et pour vous prouver, si il était nécessaire, que chez AR on est ouvert à toutes les tendances musicales, je souhaitais saluer la sortie du dernier chef-d'oeuvre de Björk.
A 38 ans, la petite Islandaise n'en est plus à son coup d'essai et ses qualités d'artiste n'ont d'égales que ses frasques et son excentricité. On la connaît autant pour ses concerts grandioses, poétiques, esthétiques et visuels, que pour la marginalité de ses styles vestimentaires à la pointe de la haute-couture ou de ses cheveux (imaginez les heures de travail passées à l'élaboration d'une coiffure telle qu'on peut la voir sur la pochette de Medulla...).
En matière de reconnaissance donc, Björk n'a plus rien à prouver, et si l'on parle souvent d'album de la maturité (ce qui ne veut à peu près rien dire), on parlerait plutôt ici d'album de l'accomplissement !
Il est tentant de faire le parallèle avec Radiohead, même si le rapport au premier abord n'est pas évident... et pourtant ! Björk, tout comme Thom Yorke, sort depuis quelques albums des sentiers battus et rebattus. Depuis Vespertine (Kid A puis Amnesiac pour Radiohead) où l'on sentait une orientation quasi-thématique, la trentenaire s'engouffre dans une brêche alambiquée d'expérimentations musicales, dans laquelle Medulla fait figure de point d'orgue. La question est maintenant de savoir si l'Islandaise se réinscrira dans un schéma plus "classique" (Hail to the thief pour Radiohead) en retournant aux ingrédients ayant façonné sa renommée sur Homogenic notamment.
Mais l'heure est à Medulla, album-concept d'où tout instrument est banni (ou presque), donnant un effort vocal impressionnant pour lequel Björk a su s'entourer : Dokaka (beatboxer), Razhel (chanteur percussioniste, The Roots), Shlomo (beatboxer), Gregory Purnhagen (trombone humain), Mike Patton (chanteur, Faith No More / Mr Bungle / Fantomas), et les chorales londonienne et islandaise, rien que ça...
Avec un tel parterre de talents (il suffirait d'écouter "Triumph of a Heart" pour avoir un aperçu des capacités vocales réunies), on ne s'étonnera pas du résultat saisissant !
Instants de douceurs venus du Nord ("Vökuro", "Öll birtan") et titre a capella ("Show me Forgiveness") alternent avec des moments plus rythmés ("Who Is It", "Oceania" ou "Triumph of a Heart") ou dérangeants (respirations prenantes sur "Ancestors") rappelant à nos oreilles la griffe particulière de la chanteuse remarquée dans ses précédents albums.
Medulla prend donc toute sa puissance dans sa poésie, sa subtilité et ses performances vocales, à l'image même de sa créatrice.