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Critique d'album

Big Big Train


Grand Tour


(17/05/2019 - Inside Out - Rock progressif - Genre : Rock)
Produit par Dave Longdon, Greg Spawton

1- Novum Organum / 2- Alive / 3- The Florentine / 4- Roman Stone / 5- Pantheon / 6- Theodora in Green and Gold / 7- Ariel / 8- Voyager / 9- Homesong
Note de 4.5/5
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Note de 3.0/5 pour cet album
"Sans doute pas le meilleur disque des anglais, loin s'en faut..."
Nicolas, le 14/03/2020
( mots)

Presque un an maintenant que Grand Tour est sorti, et les derniers mois passés en sa compagnie n’ont en rien effacé le désarroi ressenti par l’auteur de ces lignes. Comment peut-on avoir autant de choses à raconter, comment peut-on s’enthousiasmer à ce point sur ce groupe à l’époque du fantastique trio Folklore - Grimspound - The Second Brightest Star et se retrouver déconcerté jusqu’au mutisme par son successeur ? Pourtant l’album ne semble pas démériter dans le monde du rock progressif puisqu’il a obtenu le prix de l’album de l’année aux Prog Awards 2019 et que vous-mêmes lecteurs l’avez cité dans nos récents Albumrock Awards. Dès lors, et puisqu’il est grand temps de rendre un verdict, il faut bien se résoudre à revoir nos attentes à la baisse. Hélas…


Inutile de revenir sur Folklore, album amplement traité dans ses pages aux côtés de ses disques compagnons, si ce n’est pour appuyer sur un point indéniable : Big Big Train se pose désormais comme un acteur incontournable du rock progressif moderne, héritier presque exclusif de l’œuvre 70’s de Genesis qu’il sait mieux que personne sublimer et remettre au goût du jour. C’est face à ce succès retentissant qu’Andy Poole, l’un des deux membres fondateurs, a décidé de raccrocher il y a deux ans de cela, remplacé en live par une recrue de choix en la personne de Robin Armstrong (Cosmograf à lui tout seul, et ce n’est pas rien). Non pas que Poole jouât encore un grand rôle dans ce collectif de huit musiciens depuis un bon moment déjà tracté par la locomotive duale Greg Spawton (l’âme de BBT) - Dave Longdon (la voix de BBT), les deux hommes se partageant l’immense majorité des crédits de songwriting. Il ne faut certainement pas voir cette défection comme le signe d’un quelconque déclin, simplement Poole se sentait de moins en moins utile et décisif, et il a pris la seule décision qui s’imposait à lui. Bref, c’est sans une once d’inquiétude que l’on avait salué l’arrivée en gare de ce Grand Tour paré d’une pochette assez peu avenante qui déjà nous éclairait sur une nouvelle source d’inspiration : non plus l’Angleterre, son passé, ses mythes et sa vitalité, mais désormais l’Italie, son Antiquité, sa Renaissance et sa sagesse. Fidèle à la statue de musicien romain armé de sa lyre de l’artwork, le groupe s’intéresse à la mythologie gréco-romaine, à la peinture florentine, à la sculpture et à tout ce que ces œuvres peuvent inspirer dans leur imaginaire. Soit, et peu importe finalement tant que le résultat convainc.


Sauf que Gran Tour souffre d’une carence massive : son entame. Petit aparté tintinnabulant, “Novum Organum” interloque plus qu’il n’enivre, bien loin de la puissance de frappe d’un “Folklore” qui bastonnait fort d’emblée pour séduire l’auditeur. Qu’à cela ne tienne, on imagine que le single “Alive” remettra les pendules à l’heure, mais c’est tout le contraire qui se produit. Stéréotypé, balisé, presque naïf, le titre n’émeut pas, et pire, il agace dans ses appels du pied marqués à Spock’s Beard, trop “actuel” pour réaliser ce singulier liant entre tradition et modernité. Heureusement que quelques joutes instrumentales viennent rehausser le tout, mais le mal est fait. L’essentiel, pour un album de progressif, consiste à happer l’auditeur et à l’entraîner dans son monde, mais le contrat apparaît ici loin d’être rempli. Sachant qu’il a fallu assez longtemps à l’auteur de ces lignes pour se laisser convaincre initialement par Big Big Train, il n’était pas interdit de pousser plus loin l’exploration de ce disque. Pour autant, l’impression de demeurer à l’extérieur de l’œuvre n’en reste que plus vivace au fil de nombreuses écoutes aussi assidues qu’interrogatives.


Attardons-nous cependant sur la vraie réussite de Grand Tour, le fabuleux “The Florentine”. Introduction folk toute douce, voix richement harmonisée de Longdon, petit solo électrique délicat de Gregory, batterie subtile de D’Virgilio, nappes de violon rêveuses, la machine Big Big Train se met lentement en place dans toute sa complexité et sa nuance avant que Rebecca Hall ne fasse réellement décoller le titre au gré d’une partition singulièrement captivante : dès lors, les quelques sept minutes qui suivent séduisent totalement. Néanmoins, la respiration apparaît de courte durée, au sens propre : “Roman Stone”, du haut de son petit quart d’heure, ne tient pas les promesses précédemment énoncées. C’est beau, placide, solaire, mais paradoxalement le groupe semble s’éloigner de son ADN british, celui dans lequel il s’épanouit le mieux. Il est un fait que le violon apparaît nettement moins mis en valeur que sur les trois disques précédents, au profit de trompettes certes placides et chaleureuses mais autrement moins vibrantes d’émotion, ce qui dessert plus qu’autre chose le cœur de ce morceau. On se retrouve ainsi avec un titre qui manque de tension, à défaut de talent brut : la partition apparaît toujours aussi sensible, avec un groupe d’instrumentistes qui savent indéniablement ce qu’ils font. Bien qu’agréable, l’histoire tant narrative que musicale de “Roman Stone” manque d’enjeu, de force épique. Un peu trop de félicité, pas assez d’aspérités.


Autre déception, les joutes instrumentales semblent se faire bien trop sages. Les titres reposent majoritairement sur le chant de Greg Spawton qui, bien qu’agréable, phagocyte le talent de ses condisciples. Les petits emprunts au Queen période A Night At The Opera entendus sur “Ariel” ne font d'entériner cette impression, à laquelle s’ajoute une sensation d’étirage pas toujours justifié sachant que l’air principal peine à captiver. C’est nettement mieux sur le troisième gros morceau du disque, “Voyager”, qui dans sa seconde moitié laisse les autres membres du groupe s’exprimer, en particulier le duo de claviéristes Danny Manners - Rikard Sjöblom qui apportent un peu de tension, de chair au titre. Paradoxalement, sur un instrumental pur comme “Pantheon”, on reste sur sa faim tant il est vrai que le petit thème porté par les arpèges de six cordes peine à convaincre quand les cuivres ne font qu’apporter de la pomposité au morceau. Et paradoxalement encore (puisque nous ne sommes plus à un paradoxe près), la belle ritournelle de “Theodora in Green and Gold” parvient à tirer son épingle du jeu, avec un joli dialogue voix - guitare soliste. Finalement, quand arrive l’heure de “Homesong”, on peut se laisser emporter par la légèreté et la souplesse de la batterie - et on ne dira pas à quel point Nick D’Virgillio se révèle un compagnon de valeur dans ce genre de complainte jazzy aux montées de six cordes élégiaques. Mais les trompettes s’imposaient-elles vraiment ?


Voilà, le constat ne se montre guère emballant, mais ne vous y trompez pas. Si la note de trois sur cinq indiquée plus haut peut sembler bien généreuse au regard des nombreuses réserves émises sur Grand Tour, n’allez pas croire que le disque ne mérite pas la découverte. Au contraire : vous aurez tout loisir de goûter à la l’éclectisme, à la poésie, au raffinement, à la virtuosité de Big Big Train, un groupe immense dont l’éclat ne saurait en rien se trouver terni par cette réalisation mineure (aux yeux de votre serviteur). Goutez-y, revenez-y, accrochez-vous car ce très gros train n’est pas un séducteur né : il vous faudra faire preuve de patience pour en goûter toute la substantifique moelle. Et si vous n’accrochez pas à Grand Tour, allez quand même jeter une oreille à Folklore, histoire de bien vérifier que Big Big Train n’est pas fait pour vous. Vous auriez tort de pas donner toutes ses chances à l’une des formations les plus éblouissantes de l’Angleterre moderne...

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