Been Stellar

Il y a un vague groupe new-yorkais qui a débarqué en 2001 et qui a amené avec lui un nouveau souffle rock dont on ne se remet pas. Une vague qui est souvent rappelée et, n'en déplaise à ceux qu'ils agacent, ils reviennent (encore) cette année sur scène. Et sans doute avec un album. Sinon il y a ce magnifique coffret vinyles plein de leurs singles qui est sorti à Noël... Bref, l'empreinte consciencieusement négligée du gang à Julian est toujours très présente.

Et alors quid des gamins qui ont vingt ans de moins qu'eux? Eh ben ils en ont ras-le-cul d'être comparés à ces cinq lascars quasi iconiques, les derniers mecs rock dont on pourrait trouver les visages sur les T-shirts H&M. Alors les Been Stellar remettent l'église au milieu du (Greenwich) village: les Strokes ne sont pas l'unique modèle (c'est vrai y a au moins The Bravery aussi). Give us a break les millennials quoi ! Alors qu'attendre de la Big Apple et de sa big pulsation incessante, jamais loin de ses rails de rock (pas de coke) qui lui collent au pavé ?

Jeunes étudiants dans la ville vertigineuse, les Been Stellar (très Ben Stiller) se sont bien emmerdés comme tout le monde durant la pandémie et au bout d'un moment il a bien fallu aller secouer d'une manière constructive tant de capillarité sur cinq têtes. Telle leur génération Z, ils ne se gênent pas et prennent leur place sans complexe (mais non sans anxiété), réclament leur part du gâteau dont ils connaissent parfaitement la recette. Et tant pis si on les compare à leurs ainés devenus bien trop ringos/cheums. Leur EP éponyme parait pourtant plus vieux qu'eux...

Quelle entrée en matière royale: "Arthur" est une autre version de Blood Red Shoes avec son urgence sous forme d'alarme d'avant propos. Pour ceux qui aiment le post punk du genre, le titre a la mélancolie suffisante, la basse assez profonde, les guitares tendues assez languissantes. L'équilibre parfait. Puis "My Honest" commence comme "I Predict A Riot" des Kaiser Chiefs mais ne partage que ça avec la compagnie Wilson. La voix tantôt susurrée (qui a quelque chose toujours de Franck Black) ou hurlée (un mix entre Oasis et The Vines ou de Richard Ashcroft: donc on part bien sur une voix d'emmerdeur) a un story telling qui n'a rien à envier à Nada Surf. 

Prête a consommer, leur musique est immédiate et sans idée-de-génie-de-derrière-les-fagots cachée. La bondissante "Manhattan Youth" dézingue tout convenablement avec des faux airs disco et une ambiance stroboscopique et facettée. Rough Trade est dans la place avec les Been Steelar mais c'est pas pour ça qu'ils sont prêts à être complètement formatés. "Ohm" fait toujours penser franchement aux Pixies, avec du shoegaze qui n'en fait pas trop. Un brin garage en fond, avec le perfecto sur les épaules pour se préserver de sa p'tite fraicheur.

Il y a tout bonnement rien à redire, vraiment pas grand chose à critiquer. Et que dire de "Kids 1995", bonbon anglais genre caramel fudge so 90ies: "So when the time is right/ You have just to take it with you/  Jesus Christ it's like the time is naked"? Trop court, l'EP s'arrête franchement, fidèle à son attitude musicale, et on se retrouve un peu assoiffé, en attente d'une suite. En même temps, si on se base sur leur énergie, l'album devrait arriver fissa.