
Autolux
Transit Transit
Produit par
1- Transit Transit / 2- Census / 3- Highchair / 4- Supertoys / 5- Spots / 6- The Bouncing Wall / 7- Audience No. 2 / 8- Kissproof / 9- Headless Sky / 10- The Science of Imaginary Solutions


Repéré par T-Bone Burnett et signé sous son label DMZ, Autolux, trio art-rock shoegaze de Los Angeles, s'était particulièrement distingué dès son premier album : Future Perfect. Avec lui, le groupe semblait s'être tracé une route jonchée de louanges tressées par des fans on ne peut plus célèbres (Trent Reznor, Thom Yorke ou PJ Harvey), tout en jouant les premières parties de Nine Inch Nails, Elvis Costello, Beck ou The White Stripes. Hélas ! Malgré un départ enchanteur, la disparition du label de Burnett et des frères Coen a entraîné des tentatives personnelles qui sont longtemps restées sans suite. Il a donc fallu attendre près de six ans pour que Transit Transit (produit par Autolux avec Greg Edwards aux manettes), voit enfin le jour alors que l'excellent premier single, "Audience n ° 2", est sorti depuis mai 2008 !
Toujours à la quête d'un son qui lui est propre, Autolux a semble-t-il voulu se défaire de son passé troublé et de la puissance brute de Future Perfect. Sur Transit Transit le groupe emprunte une route plus mélodique où des touches de piano et des voix angéliques montent et descendent avec une élégance subtile qui permet aux airs de dériver comme dans un rêve. Et si les guitares se brisent toujours sous des roulements de tambour l'ambiance est nettement plus mélancolique avec la création d'un sentiment plus profond. Plus qu'un simple exercice de style ce sont les éléments technologiques que le trio a mélangé avec un soin tout particulier qui font aussi la force de cet opus. "Nous approchons les chansons tout simplement mais nous essayons de les déformer d'une façon jamais entendue auparavant" déclare Carla Azar. "J'ai toujours aimé les expérimentations de Jimi Hendrix. La façon dont il a imbriqué et déformé les sons était époustouflante. A son époque personne n'avait rien entendu de pareil. Il a toujours une énorme influence sur nous."
Il suffit d'un échantillon créé à partir d'un vieux congélateur mal fermé et de simples accords sur un piano pour que la densité hypnotique de la chanson-titre et son futurisme organique bouleversent toutes les attentes. Plus loin, ce sont des coassements électroniques couplés avec des harmonies à la Beach Boys qui donnent du brillant à "The Bouncing Wall". Aux baguettes, Carla Azar montre quelques compétences impressionnantes pour battre son chemin à travers les pistes. Elle le fait tout aussi bien avec sa douce voix - superbe en solo dans "The Science of Imaginary Solutions" – combinée également avec celle d'Eugene Goreshter. Cette habile interaction rapproche inévitablement Autolux de My Bloody Valentine.
Le tout s'assemble comme les pièces d'un puzzle révélant un paysage aux impressions poétiques que les morceaux plus shoegaze comme "Census", "Kissproof" ou "Headless Sky" n'arrivent pas à défaire. Si Autolux ne s'est pas fendu de quelques instants de plaisirs aussi noisy que ceux déployés dans Future Perfect, leur changement tonal parfaitement exécuté ne peut être que loué. Une grande partie du bruit impulsif de leurs débuts n'est plus, mais leurs capteurs d'harmonies nous emplissent d'élans imaginaires qui, normalement, ne pourraient se révéler que dans notre sommeil... Transit Transit entrouvre bel et bien une porte menant aux songes d'une nuit d'été...