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Critique d'album

Allah-Las


Calico Review


(09/09/2016 - Mexican Summer/A+LSO - rock psychédélique - Genre : Rock)
Produit par

1- Strange Heat / 2- Satisfied / 3- Could Be You / 4- High & Dry / 5- Mausoleum / 6- Roadside Memorial / 7- Autumn Dawn / 8- Famous Phone Figure / 9- 200 South La Brea / 10- Warmed Kippers / 11- Terra Ignota / 12- Place In The Sun
Note de 2/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"La bande-son idéale de l'été indien 2016"
Maxime, le 20/10/2016
( mots)

Formé en 2008, Allah-Las présente tous les stigmates qu’affichent crânement les artilleurs issus de ce qu’on appellera, par lassitude d’avoir à trouver sans cesse des étiquettes, la génération revival des années 2010, menée par Ty Segall et autres Thee Oh Sees (jusqu’aux signatures des frenchies de Howlin’ Banana : Kaviar Special, The Madcaps, Volage…) : une culture vintage immense, une âme de musicologue compulsif et monomaniaque (les deux tiers de l’effectif ont travaillé à Amoeba Music, l’un des plus grands disquaires indépendants des Etats-Unis), une scène et une période chéries excavées jusqu’à l’obsession (la pop psychédélique west coast des sixties), une ville mythique dont on s’efforce de faire ressurgir la gloire passée (Los Angeles), des trognes de jeunes cavemen décomplexés sachant pertinemment que l’injonction de "sonner moderne" ne veut plus rien dire aujourd’hui… Elevant Love et Byrds au rang de divinités matricielles, le quatuor cultive sa petite différence, moins frondeur que ses petits camarades, adepte des rengaines laid back et des mélopées insouciantes, comme écrasées par un perpétuel soleil de fin d’après-midi.

Autour de leur axe indéfectible, les comparses musardent avec une ardeur flegmatique entre garage, surf et country rock, publiant un album tous les deux ans (Allah-Las, 2012 et Worship The Sun, 2014). Le résultat s’avère tout aussi prévisible que redoutable, comme ressusciter en un titre ("De Vida Voz") l’alchimie magique de Forever Changes qu’on croyait à jamais perdue ou embrocher quelques pépites néo-nuggets au pouvoir d’attraction aussi suave que sournois. Après deux disques très réussis, accomplissant avec brio un programme d’action strictement borné, on pouvait légitimement craindre cette troisième réalisation, où la redite viendrait rompre le charme.

C’est un peu le cas lors des premiers tours de piste. Moins immédiat que ses prédécesseurs, Calico Review préfère prendre son temps, distiller tranquillement son atmosphère languide, à l’image du "Strange Heat" introductif, aussi lymphatique et cotonneux que le "Sunday Morning" du VU, pulsant doucement au rythme d’une batterie sèche, de quelques accords indolents et d’un clavier vaporeux. Si les pédales fuzz et les guitares à 12 cordes restent de la partie, les Allah-Las troquent les petits tubes serrés pour des ballades menées d’une voix narquoise et d’un pas tranquille mais assuré ("Mausoleum", "Terra Ignota") et les embardées cahoteuses nonchalamment accompagnées de chœurs nimbés dans l’écho ("Could Be You", "Roadside Memorial"). Sans renier ses fondamentaux, le groupe distille son psychédélisme à doses plus homéopathiques mais tout aussi létales, voilant l’ensemble d’une sorte de torpeur mélancolique.

L’humeur plus contemplative de ce troisième disque provient peut-être de sa genèse. Les Californiens l’ont enfanté au Valentine Recording Studio, rouvert récemment après 30 ans d’inactivité, utilisant – on imagine avec gourmandise – la mythique console avec laquelle les Beach Boys avaient enregistré Pet Sounds. C’est pourtant à des milliers de kilomètres de la fratrie Wilson que les Allah-Las ont puisé un peu de renouveau : conviant thérémine, clavecin et mellotron à leur orchestre habituel, les musiciens sont allés se ressourcer au cœur de la pop originelle, dans le versant le plus purement british du psychédélisme sixties. Une bonne moitié du tracklisting fait ainsi songer aux premiers singles de Pink Floyd ou au SF Sorrow des Pretty Things. "Warmed Kippers", "High & Dry" ou encore "Autumn Dawn" rappellent ces chansons étranges aux allures de comptines surannées, déclamées en chemises à jabot  et baignées dans un écho brumeux tandis que des guitaristes hagards tricotent, façon Shadows gavés au LSD, quand ce ne sont pas les Zombies qui sont sortis des limbes, cadencés par un riff de batterie à la Ringo Starr ("Famous Phone Figure").

En aérant son terrain de jeu, le combo lie avec évidence et nonchalance le california sound à son apogée du cool et le british rock le plus acide, comme un gigantesque pont lové en apesanteur de part et d’autre de l’Atlantique. Sur le papier, ça devrait sonner poussiéreux, hermétique, vain. Et pourtant ça marche du tonnerre, dopé par un songwriting de grande classe. On pose le vinyle sur la platine et on est transporté, bercé par les visions utopiques de "200 South La Brea" et l’orgue hypnotique de "Place In The Sun". Et les Allah-Las de balancer la bande-son idéale d’un été indien fantasmé. Album de l’automne 2016, à l’aise.

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