Accept
Blood Of The Nations
Produit par Andy Sneap
1- Beat The Bastards / 2- Teutonic Terror / 3- The Abyss / 4- Blood Of The Nations / 5- Shades Of Death / 6- Locked and Loaded / 7- Kill The Pain / 8- Rollin' Thunder / 9- Pandemic / 10- New World Comin' / 11- No Shelter / 12- Bucketful Of Hate
Changer de chanteur quand celui-ci est charismatique au point d’incarner le groupe par synecdoque, l’histoire du rock nous apprend que c’est une décision périlleuse. Dans les années 1990-2000, Iron Maiden en Judas Priest en ont fait les frais, et même l’intégration réussie de Brian Johnson dans AC/DC n’a pas éteint le feu des puristes nostalgique de Bon Scott. C’est à ce dernier qu’Udo Dirkschneider était souvent comparé à cause de son chant cisaillant qui donnait à Accept, l’un des premiers combos allemands d’Heavy Metal, son identité. Alors, quand en 1997, Udo claque la porte pour faire vivre son projet personnel (U.D.O.), Accept est mis en hibernation et ce jusqu’en 2010. Or, son réveil se fait avec l’Américain Mark Tornillo en lieu et place du monstre sacré, et le nouveau venu devait se soumettre au jugement des fans – parfois obtus.
Certes, en 1989 déjà, le groupe avait choisi d'intégrer David Reece sur Eat the Heat, mais l’album péchait par son orientation FM. C’est une erreur que ne commet pas Blood of the Nations qui possède plus d’un atout. Premièrement, l’interprétation de Tornillo est très proche de celle d’Udo, voire même meilleure que la sienne à la même époque. Deuxièmement, le choix d’Andy Sneap comme producteur permet au combo de maintenir son style traditionnel tout en se modernisant. Troisièmement, et c’est le point le plus important, les compositions sont vraiment très inspirées.
Si "Beat the Bastards" ouvre l’album sur une note énergique mais conventionnelle, le tempétueux "Teutonic Terror" ramène à l’avant les chœurs guerriers – la marque de fabrique du groupe, qu’on retrouve sur l’excellent "Blood of the Nations", un hymne aux mélodies subtiles et au changement de tonalité bien senti. À chaque fois, on remarque un travail approfondi dans les interventions de guitares, dotant les soli d’orientalismes et de références classicisantes, qui sont depuis toujours la caractéristique du groupe composé de véritables virtuoses à ces postes.
Les titres plus longs sont souvent l’occasion de belles démonstrations, notamment le mid-tempo horrifique "The Abyss", à la fois épique et surprenant quand arrive le pont sous forme de slow qu’on pourrait croire emprunté à Scorpions et qui dévoile les variations dont est capable Tornillo. Le mystérieux "Shades of Death" se la joue James Bond avec ses orchestrations cinématographiques (le septième art est convoqué derechef lors de la ballade "Kill the Pain" pour une variation sur Le Clan des Siciliens).
Évidemment, Accept déroule son Heavy Metal musclé caractéristique, quitte à suivre des chemins attendus, surtout dans la deuxième moitié de l’album un peu moins enthousiasmante – le speed et brutal "Locked and Loaded", le saxonien "Rolling Thunder", le hard-rock "New World Comin’" qui rappelle leur période du début des 1980’s, "No Shelter" garni d’envolées de guitare, "Bucket Full of Hate" et "Pandemic", qui connut une deuxième vie en 2020. Mais tout cela est fort bien fait et laisse un souvenir agréable.
C’est fort de ses nombreuses compositions de premier choix que Blood of the Nations peut candidater au prix du meilleurs come-back de l’histoire du rock/metal, tout en posant le premier jalon d’une nouvelle étape faste de l’histoire d’Accept.
À écouter : "Blood of the Nations", "Teutonic Terror", "The Abyss"