
Gazpacho
When Earth Lets Go
Produit par Steve Lyon
1- Intro / 2- Snowman / 3- Put It On The Air / 4- Souvenir / 5- Steal Yourself / 6- 117 / 7- Beach House / 8- Substitute For Murder / 9- Dinglers Horses / 10- When Earth Lets Go


Après un premier album "home made" posant déjà de solides bases - malgré des moyens pour le moins limités -, les Norvégiens de Gazpacho se voient récompensés en intégrant la tournée européenne de Marillion (Marbles Tour). Une opportunité en or, permettant à Gazpacho d’assurer la première partie d’une des références du neo-prog à travers 11 pays. Pour franchir ce nouveau cap, le combo se renforce avec l’intégration officielle de Mikael Krømer et Kristian Skedsmo, deux musiciens dont l’apport viendra enrichir la palette sonore déjà bien singulière du combo. Le groupe s’atèle également à la conception d’un nouvel opus dans le but d’étoffer son set et mettre toutes les chances de son côté.
Là où Bravo, leur premier essai, avait été façonné sur plusieurs années et de manière artisanale - fruit d’échanges et de collaborations via internet -, When Earth Lets Go voit le jour dans un planning beaucoup plus serré. Pour autant, pas question de rogner sur la qualité du contenu ! Dès l’ouverture avec le superbe "Snowman", Gazpacho rappelle tout ce qui fait sa singularité : une musique délicate, enveloppée de textures soyeuses, portée par une voix d’une rare subtilité émotionnelle, un sens affiné des chœurs et une science du refrain capable, sans prévenir, de prendre une ampleur insoupçonnée — à la fois épique et d’une sensibilité désarmante.
Pour autant, ce deuxième album occupe une place singulière dans la discographie du groupe, en adoptant une approche nettement plus directe - et, par conséquent, plus accessible. When Earth Lets Go est de ces disques qui révèlent tout leur charme dès la première écoute. Avec son tempo plus soutenu, "Put It on the Air" illustre parfaitement cette orientation : entraînant, porté par un refrain rock immédiatement assimilable, le titre incarne ce Gazpacho 2.0, plus incisif, plus compact, et manifestement mieux taillé pour le live. Dans une veine similaire, "Still Yourself" séduit par sa rythmique vive et son grain plus saturé, évoquant par moments Pearl Jam période Ten. Venant de Gazpacho, cette facette plus directe pourrait presque paraître trop évidente - malgré une exécution irréprochable -, au point qu’on en viendrait à regretter un soupçon de prise de risque supplémentaire. Les mélodies élégantes et refrains solaires s’enchaînent néanmoins avec une aisance désarmante, à l’image du très pop "Beach House", morceau à la fraîcheur immédiate, qui pourrait donner des complexes à bien des groupes de rock en quête de l’étincelle mélodique.
Ce deuxième opus se distingue également par un usage plus affirmé des synthés, qui viennent teinter la musique de nuances variées : parfois un brin rétro sur "Beach House", plus grandiloquent sur "Snowman", ou encore légèrement expérimental sur "Put It on the Air », quitte à se montrer un peu envahissant sur "Souvenir".
Une chose est sûre : l’univers de Gazpacho poursuit son expansion, s’enrichissant d’album en album de nouvelles nuances et subtilités. "Dingler’s Horses" en offre une parfaite illustration, préfigurant les œuvres ultérieures - notamment Night - par son break limpide et son efficacité désarmante. Le groupe nous lègue également de véritables pépites, à commencer par "117", morceau suspendu dans le temps, qui s’installe lentement avant d’atteindre des sommets de sensibilité. Et comme Gazpacho est une formation qui aime soigner ses conclusions, le titre éponyme vient clore l’album sur une note intime et apaisée ; une balade minimaliste, magnifiée par les inflexions subtiles de la voix de Jan-Henrik Ohme.
Plus direct et accessible, When Earth Lets Go révèle une autre facette de Gazpacho, permettant au groupe d’étoffer son répertoire en vue de sa première tournée d’envergure. Malgré toutes ses qualités, l’appui d’un producteur prestigieux comme Steve Lyon (Paul McCartney, Depeche Mode, The Cure) et des critiques globalement élogieuses au sein du petit monde du prog, Gazpacho ne parvient pas encore à séduire un label capable de lui faire franchir un véritable palier. C’est finalement grâce à Marillion – via son label Racket Records – que la formation norvégienne parviendra à concrétiser son troisième album : Firebird.
A écouter : "Snowman", "117", "When Earth Lets Go"





















