
Stoned Jesus
Songs to Sun
Produit par


Il y a bien longtemps que le desert – ou plutôt le stoner rock – a quitté son berceau californien pour conquérir le monde et s’acclimater partout, notamment en Europe. Aucun pays du continent n’est épargné par la vague qui tient un peu du rock revival, et chacun dispose d’au moins un porte-drapeau à l’international : Slift en France, Monkey3 en Suisse, Naxatras (parmi d’autres) en Grèce et même Slomosa en Norvège, inventeur de la version tundra rock. On ne compte pas les dizaines de formations allemandes, suédoises ou britanniques qui louvoient plus ou moins à travers les canons esthétiques du genre.
Même les contrées les plus lointaines disposent de leur groupe local : depuis 2009, Stoned Jesus fait vivre le stoner en Ukraine avec un rayonnement non-négligeable, et le groupe continue à porter la scène malgré le conflit en cours. En 2025, Songs to Sun est non seulement un album composé en temps de guerre, mais également le premier volet d’une trilogie ambitieuse à venir. Il y a de quoi rester admiratif devant tant de courage et d’opiniâtreté.
Mais aussi devant tant d’ambition créative. Certes, Stoned Jesus continue de s’adonner au stoner le plus académique, que ce soit sur "See You on the Road", un titre assez classique néanmoins capable de surprendre par son final prenant, ou sur "Quicksand", agréablement organique par sa dimension folk et ses percussions claniques qui évoquent fortement Monster Magnet. Cependant, le groupe s’adapte sans difficulté aux couleurs plus modernes du genre : "New Dawn" mêle habilement l’ambiance feutrée du stoner comique avec des montées en puissance captivante, un peu à la manière de Swan Valley Heights ou de Ritual King.
Surtout, Stoned Jesus emprunte de nouvelles voies : celle du Heavy aux lignes de chant légèrement pop ("Shadowland"), celle du rock progressif sur "Lost in the Rain", une ballade dotée de mellotron et d’envolées guitaristiques floydiennes, celle du Sludge sur "Low", dont la lourdeur agressive évoque Mastodon et Orange Goblin, au point de surprendre par certains passages plutôt radicaux. L'album est probablement l'un des plus metalliques de leur discographie.
Ainsi, les explorations de Songs to Sun promettent l’avènement d’une trilogie remarquable, repoussant les limites du stoner grâce à des hybridations stylistiques audacieuses sans porter atteinte au squelette de ce genre musical. À suivre avec Songs To Moon (2026) et Songs To Earth (2027) - et surtout, avec hâte.
À écouter : "New Dawn", "Lost in the Rain"
















