
Maxophone
Maxophone
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Parmi les formations progressives italiennes de la deuxième moitié des années 1970, peu se distinguent au point de devenir aussi cultes que Le Orme, Premiata Forneria Marconi ou Banco del Mutuo Soccorso. Néanmoins, il existe un petit groupe d’happy few dans la queue de comète parmi lesquels se trouve Maxophone, un sextet milanais formé en 1973 et composé de musiciens dont la polyvalence orne l’œuvre d’une richesse instrumentale qui doit autant à la lutherie du rock qu’à celle, plus acoustique, de la musique savante – clarinette, saxophone, flute, trombone, vibraphone et même harpe. Rares sont les formations à être allées aussi loin, si ce n’est bien sûr Gentle Giant, pour ne prendre qu’un exemple parmi les plus fameux du Royaume (progressif) Uni.
D’ailleurs, celui-ci vient à l’esprit à l’écoute de la polyphonie vocale, du vibraphone et des ruptures de "Mercanti di Pazzie", ou de certains développements instrumentaux de "Fase", un excellent titre qui mêle hard-blues-rock et jazz-rock où les beaux passages de claviers et de saxophone se déploient sur un rythme caribéen.
La dimension classique est très présente, dès l’introduction au piano de "C'e Un Paese Al Mondo", même si les circonvolutions jazzy s’imposent vite dans une direction rock, électrique et virtuose, avant de retrouver un sillon symphonique aux airs de fanfare, alors que le chant rappelle Genesis. La structure est entreprenante, voire surprenante – avec son passage swing inattendu, son intermède orchestral pompier tout droit venu de Broadway. Ces variations esthétiques se retrouvent sur "Elzeviro", aux orgues solennelles annonçant un revirement jazzy, ou sur "Antiche Conclusioni Negre" qui louvoie entre jazz cinématographique et rock progressif à la Emerson, Lake & Palmer dont les aspects dissonants contrastent avec un chant mélodieux.
Dans un intermède apaisé, le groupe s’adonne enfin à la ballade folk progressive et dans ce registre, "Al Mancato Compleanno di Una Farfalla" vaut bien "Non mi rompete" de Banco del Mutuo Soccorso ou "Gioco di Bimba" de Le Orme, tout en étant plus riche dans ses variations instrumentales.
Le potentiel du groupe n’était pas passé inaperçu à l’époque, Maxophone étant même retranscrit dans une version anglaise pour séduire le marché international - une pratique commune en Italie. Maxophone jouera même à Montreux avant de se séparer en 1977, pour finalement se reformer en 2008 dans une réunion qui fut également l’occasion de composer un deuxième album, La Fabbrica delle Nuvole (2017).
À écouter : "Fase", "Al Mancato Compleanno di Una Farfalla"
















