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Critique d'album

Led Zeppelin


Physical Graffiti


(24/02/1975 - Swan Song - Blues, Folk and Heavy Rock - Genre : Rock)
Produit par

1- Custard Pie / 2- The Rover / 3- In My Time Of Dying / 4- Houses Of The Holy / 5- Trampled Under Foot / 6- Kashmir / 1- In The Light / 2- Bron-yr-Aur / 3- Down By The Seaside / 4- Ten Years Gone / 5- Night Flight / 6- The Wanton Song / 7- Boogie With Stu / 8- Black Country Woman / 9- Sick Again
Note de 4/5
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Note de 4.5/5 pour cet album
"Le double-album du siècle"
François, le 16/08/2025
( mots)

Les membres de Led Zeppelin ont toujours affirmé que le nom de leur label, Swan Song Records, n’était pas un artifice destiné à cacher la véritable nature du "Led Zeppelin Records", et que sa création avait pour but d’offrir une indépendance créative à des groupes par ailleurs boudés par les majors (Pretty Things) ou à ceux qui méritaient un soutien pour émerger (Bad Company, Detective). Certes. Il n’empêche que Swan Song Records devait aussi servir les ambitions du groupe qui n’aurait pas supporté de perdre la main sur sa petite entreprise : ainsi, quand Bad Company risquait de faire de l’ombre au géant du hard-rock, ce dernier devait frapper un grand coup pour conserver son trône.


Ce grand coup, c’est justement Physical Graffiti, le seul double-album du combo, et un des rares exemples de l’histoire du rock à ne pas contenir (trop) de longueurs, aux côtés de quelques albums de rock progressif qui usaient de cette formule pour développer un concept plutôt que d’aligner une longue collection des titres indépendants. Reste que l’exercice est rarement pertinent de bout en bout, même pour Cream, The Beatles ou Jimi Hendrix, et que Led Zeppelin prenait un risque…


Qui se conclut heureusement par un triomphe et des ventes spectaculaires, notamment outre-Atlantique où ce miracle commercial fait encore ressentir son influence – le son zeppelin-ien de Greta Van Fleet provient de cet album. Difficile de dire si l’on tient là le meilleur double album de l’histoire, mais Physical Graffiti s’est imposé comme une pièce culte du patrimoine saturé, en partie pour sa pochette à rabats iconique, faisant de ces deux immeubles new-yorkais des hauts lieux du tourisme rock.


L’exploit est d’autant plus remarquable que la gestation fut complexe, puisqu’en plus des pistes captées lors des sessions de 1974, Physical Graffiti est composé de nombreuses chutes tirées d’enregistrements précédents, notamment d’Houses of the Holy. C’est ainsi que paradoxalement, "Houses of the Holy" se retrouve sur cet opus et son hard-rock à la Aerosmith explique peut-être une partie du succès de Physical Graffiti aux États-Unis. Proviennent de ce même chaudron "Black Country Woman", un titre blues-folk traditionnel, et l’excellent "The Rover", qui devait être acoustique mais se retrouve saturé des riffs au solo, et doté de mélodies puissantes.


D’autres compositions sont plus anciennes encore, comme "Bron-Yr-Aur", petite douceur acoustique dans la lignée de Led Zeppelin III pour laquelle elle avait été originellement destinée -  c’est d’ailleurs un hommage au cottage gallois qui avait servi de résidence au groupe en 1970. Parmi les titres qui datent du début de la décennie, ceux qui auraient dû se trouver sur Led Zepeplin IV constituent le ventre mou de l’album – leur absence sur la quatrième œuvre du groupe est tout aussi justifiée que leur présence est ici superflue. Dans une ambiance très américaine, "Night Flight" est absolument oubliable, de même que le bien nommé "Boogie with Stu" et le country-folk "Down By the Seaside", qui singe l’esthétique de Neil Young.


Cet assemblage archivistique ne vient pas combler un manque d’inspiration tant les nouvelles compositions sont réussies. Le chaloupé "Trampled Under Foot", à la fois funky et légèrement soul, est peut-être influencé par "Superstition" de Stevie Wonder, mais il est surtout le lien qui relie "Long Train Runnin’" des Doobie Brothers à "Take Me Out" de Franz Ferdinand – autant dire une synthèse musicale à lui tout seul. "Trampled Under Foot" aurait aussi été inspiré par "Terraplane Blues" de Robert Johnson, qui est justement magnifiquement repris par Foghat en cette même année 1975, dans une interprétation qui rappelle "In My Time of Dying", cover de Blind Willie Johnson, qui figure également parmi les plus belles reprises de standard du blues en étant largement servie par la reverb et la section rythmique innovante. Autres pépites, l’excellent "Ten Years Gone", qui joue magistralement du contraste entre les arpèges voluptueux et les parties saturées de plus en plus incisives à mesure que le morceau avance, et l’encore plus survolté et énergique "The Wanton Song". Enfin, deux nouvelles compositions sont un peu moins remarquables : "Custard Pie", chaloupé à la manière de "The Crunge", et "Sick Again", un hymne désabusé aux groupies californiennes (les L.A. Queens), qui évoque derechef Aerosmith et qui fut longtemps incontournable des concerts du groupe.


Cependant, ce sont surtout les passages progressifs qui retiennent l’attention, confirmant le tournant entrepris sur Led Zeppelin IV et affirmé sur Houses of the Holy. L’orientalisant "Kashmir" est un chef-d’œuvre trop connu pour qu’il faille insister sur ses qualités et sa structure, si ce n’est qu’il s’agit d’une des formes préhistoriques du futur Metal progressif et que le titre sera sublimé en 1994 sur No Quarter dans une version matinée d’aspérités issues de la musique arabe. Profitons plutôt de cette chronique pour mettre en avant l’immense "In the Light", préfigurateur du post-rock dans la manière de se saisir d’un archer sur la guitare, proche du Krautrock dans l’utilisation des synthétiseurs et du clavinet, mais aussi presque doom sur certaines lignes de guitare et progressif lors du final. Et pour faire un détour par la correspondance des arts, la présence d’"In the Light" dans l’OST de la série Mind Hunter est une expérience esthétique du niveau de celle de "Free Bird" de Lynyrd Skynyrd pour The Devil’s Reject (2005).


Dernier grand album de Led Zeppelin selon certains (dont nous ne faisons pas partie), Physical Graffiti est incontestablement un nouvel apport majeur du groupe – la cinquième - au patrimoine rock, qui dans un premier temps, lui permet de poursuivre une ascension que rien ne semble pouvoir arrêter. Rien qui ne soit démoniaque - et les démons, surtout un ceux qui rongent les individus, sont patients.


À écouter : "In the Light", "Trampled Under Foot", "Ten Years Gone", "The Wanton Song", "Kashmir"

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