
Spin Doctors
Face full of cake
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Les Spin Doctors sont un parfait exemple de l’injustice du succès rencontré par un groupe… ou pas. Sur leur premier album paru en 1991 figure un single que tout le monde connaît, "Two Princes"1. Au delà du succès commercial, je pense que c’est un tube apprécié. Pourtant, malgré un carrière ininterrompue, désormais constituée de 7 disques studio tous aussi bons les uns que les autres, les New Yorkais n’ont depuis connu que l’indifférence générale. Au point que le fan que je suis n’était même pas au courant qu’un nouvel album était sort en avril. Qu’importe, il n’est pas trop tard pour vous inciter à l’écouter… ainsi que les 6 précédents !
Les Spin Doctors sont formés de quatre musiciens aux influences variées. Le résultat est principalement un mélange de pop, de rock, de funk et de blues. Sur Face full of cake, en feuilletant le livret on découvre que l’emblématique bassiste Mark White2 a été remplacé par Jack Daley3. La raison : Mark a refusé de se faire vacciner pendant la crise du COVID. Pour être honnête, cela ne se ressent pas à l’écoute, même si on a un petit pincement au cœur de le savoir dégagé par ses copains après tant d’années de bons et loyaux services. Les années ont passé et les Spin Doctors restent fidèles on son de leurs origines. Si on me disait que cet album avait été enregistré dans les années 90 je trouverais ça totalement crédible. Ecoutez par exemple "Still a gorilla" et son riff pachydermique au son crunch tellement grunge, où une approximation rythmique a été gardée dans l’intro. Une bénédiction à une époque où Noël Gallagher est autotuné et où la moindre note est quantizée, même chez les groupes de rock !
L’album est très immédiat, et vous vous retrouverez probablement à chanter toutes les mélodies vocales dès votre deuxième écoute. Dans la plus pure tradition rock, et du blues avant ça, le titre d’ouverture pratique le double sens sexuel. En effet, on comprend rapidement que ce n’est pas de la nostalgie de son radio-cassette que veut nous parler Chris Baron sur "Boom box". Musicalement, le morceau a un petit air de "Bring it on home" de Led Zeppelin en plus funky, groupe dont on sent également l’influence sur "Double parked" et son riff heavy. Un autre grand nom dont on trouve des traces sur cet album est celui des Rolling Stones. Que ce soit sur la ballade bluesy "When you got turmoil on your mind", ou les riffs blues-rock caractéristiques de "The Buddha of the lawn" et "Rock’n’roll heaven", ont pense aux Stones du début des seventies. Refusant de choisir entre Stones et Beatles, les Spin Doctors explorent également des territoires plus pop, comme sur "She don’t love me anymore (anymore)". Apparemment pas encore trop vieux pour jouer uptempo avec la niaque, ils nous proposent aussi deux titres punk’n’roll : "I’m the man (you got)" et "She stands alone". Le deuxième est co-composé par Corky Laing, le batteur de Mountain et chanté par Eric Schenkman. Comme Keith Richards ou Joe Perry avant lui, bien qu’ayant une voix inintéressante et un chanteur charismatique dans son groupe, le guitariste a réussi à s’imposer derrière le micro alors qu’honnêtement on s’en serait bien passé. En revanche ses solos sont toujours excellents, écoutez notamment celui de "She don’t love me anymore (anymore)" pour vous en convaincre. L’ingrédient groove est présent du début à la fin de l’album, mais plus encore sur le funk "I liked you better when your butt was big" et son moog dans les aiguës si emblématique du genre. Enfin, si l’aspect jam band du groupe s’entend surtout en live, "The heart of the highway" nous en donne un bon aperçu.
Depuis "Two Princes", on a l’habitude que Chris Barron manie l’humour dans ses textes et de ce côté on est servi sur Face full of cake. Dans "Rock’n’roll heaven", il nous révèle qu’au paradis du rock’n’roll les bières restent fraîches, le cordes de guitares se changent toutes seules, les guitares sont vieilles et les amplis montent à 11. Dans "The Buddha of the lawn" il nous raconte que son papa collectionnait les nains de jardin au grand désespoir de sa mère, et nous réserve une chute que je vous laisserai découvrir.
On a rarement de mauvaises surprises avec un album des Spin Doctors, tous les ingrédients qu’on aime chez eux sont là. Les mélodies pop, l’énergie rock, le groove funky, des paroles fun et qui ne se prennent pas trop au sérieux. Depuis le temps, on sait que ce n’est pas un groupe qui va nous pondre un chef d’œuvre de l’histoire du rock, mais la qualité constante de ce qu’ils nous ont proposé depuis 1991 est une vrai satisfaction pour leurs fans, et les exemples de groupes qui tiennent la route aussi longtemps ne sons pas si nombreux !
1Plus de 600 millions d’écoutes sur Spotify. Leur deuxième titre le plus écouté est issu du même album est l’est 10 fois moins. 60 fois moins pour le troisième, toujours issu du même album.
3Bassiste de studio demandé, on le retrouve sur des disques de Des’ree, Natalie Imbruglia, Joss Stone, Lenny Kravitz et Avril Lavigne notamment.