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Critique d'album

The Mars Volta


Octahedron


(23/06/2009 - Mercury - Rock progressif barré - Genre : Rock)
Produit par

1- Since We?ve Been Wrong / 2- Teflon / 3- Halo of Nembutals / 4- With Twilight as My Guide / 5- Cotopaxi / 6- Desperate Graves / 7- Copernicus / 8- Luciforms
Note de 4/5
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Note de 4.5/5 pour cet album
"Un sommet à huit faces"
Quentin, le 15/04/2025
( mots)

A la sortie de The Bedlam In Goliath, le duo infernal avait mis en garde le monde à propos de leur envie de faire un album "pop" et "acoustique" qui prendrait le contre-pied de l’"esprit Mars volta" foutraque et déjanté qui semblait caractériser le groupe jusqu’alors. Menace mise à exécution avec Octahedron, et de la plus remarquable des manières.

Devant initialement être enregistré en même temps que The Bedlam In Goliath, l’accumulation des désastres s’abattant sur le groupe (conséquence du "Soothsayer", artefact dont l’histoire est relatée dans la chronique précédente) a finalement amené les texans à se focaliser sur un premier album (Bedlam donc) et à faire de son second son antithèse. Car oui, Octahedron, paru seulement un an après son devancier, est l’anti-Bedlam. Là où son prédécesseur était tapageur, explosif et outrancier, ce nouvel opus est avant tout mélodieux, mélancolique et raffiné, s’attachant à véhiculer des émotions complexes par le chant surnaturel de Cedric Bixler Zavala. Ce dernier, plus impressionnant que jamais, prend toute la lumière tandis qu’Omar Rodriguez-Lopez se fait plus discret, se restreignant davantage à un rôle d’accompagnateur que de soliste, mais si les moments de bravoure à la six-cordes ne manquent pas, Mars Volta oblige.

Sans suivre une narration unifiée, l’album traite globalement de la thématique de l’enlèvement, une pratique malheureusement courante le long de la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis et qui a fortement marqué le groupe originaire d’El Paso. Bien entendu, la signature sonore des Texans reste immédiatement reconnaissable. Mais débarrassé de son penchant autodestructeur qui le poussait irrémédiablement à flinguer ses plus beaux morceaux, le duo montre une nouvelle facette de sa musique. Plus posé, doté de véritables "chansons" qui respectent une structure plus accessible et linéaire, Octahedron se caractérise par des sections instrumentales moins touffues (comprenez bordéliques) liées au départ (forcé) du claviériste Isaiah "Ikey" Owens (pourtant crédité sur le disque) ainsi que des musiciens multi-instrumentistes Adrián Terrazas-González et Paul Hinojos. L’excellent batteur Thomas Pridgen et le grand John Frusciante sont toujours, et pour la dernière fois, de la partie aux côtés de Marcel Rodriguez-Lopez (percussions).

Ainsi allégé du caractère extrême de ses expérimentations sonores passées, Octahedron privilégie avant tout la simplicité et la recherche mélodique, en témoigne le magnifique titre d’ouverture qui prend le temps de développer son thème lacrymal sans jamais malmener ou presser l’auditeur. Le chant de Cedric Bixler Zavala se fait fragile, tout en retenue avec un refrain où chaque syllabe est empreinte de sensibilité pendant que les lignes de guitares élégiaques se font d’une douceur infinie. L’arrivée grandiose de la section rythmique et des nappes de claviers nous achève avec son pathos parfaitement dosé jusqu’au final bouleversant où les lignes de chants et de guitares se superposent pour pleurer à l’unisson. L’émotion affleure également sur l’épopée tragique "With Twilight as My Guide" qui évoque en filigrane le procès des sorcières de Salem et ainsi les violences religieuses faites aux femmes. Voilà un nouveau chef d’œuvre porté par un motif acoustique hypnotisant, des slides de guitares scintillantes et des nappes d’orgues qui portent à leur firmament les harmonies vocales surnaturelles et sidérantes de beauté de Cedric Bixler Zavala. Un titre merveilleux, véritable combustible lyrique pour nous accompagner dans de gracieuses déambulations oniriques, sans césure brutale ou bruitisme exagéré. Le nuageux "Copernicus" transporte également l’auditeur en toute quiétude avec un son dépouillé, ornementé d’un arpège en suspension, seulement émaillé de percussions électroniques et de quelques gouttes de piano conclusives.

Si le tempo ralentit et les guitares se font moins abrasives, l’aspect "acoustique" de l’album reste toutefois très relatif. Les pics de tension et montées en température émaillent les compositions sombres et accrocheuses que sont "Halo of Nembutals" et "Desperate Graves" habitées par un Cedric Bixler-Zavala qui semble désormais maîtriser toutes les nuances de sa palette vocale. Avec des morceaux moins alambiqués et étirés, les martiens gagnent en fraicheur et en spontanéité sans oublier de jouer sur la finesse des textures à l’instar de ces synthétiseurs fantomatiques ou des arpèges agiles et cristallins qui ouvrent respectivement les deux morceaux précédemment cités. La douceur ambiante ne saurait également masquer des embardées plus violentes et musclées, d’abord avec "Teflon" et sa rythmique pesante et étrangement anxiogène, habité d’une tension sous-jacente qui explose sur des refrains frondeurs, tandis que le court mais volcanique "Cotopaxi" allume la brèche avec son riff ravageur et son pont éruptif. Enfin, le conclusif "Luciforms" nous impose une atmosphère très angoissante et voilée jusqu’à ce refrain habité par un riff démentiel qui dynamite le morceau. Le titre, qui aborde directement la thématique du kidnapping du point de vue des proches qui subissent l’absence de l’être enlevé, offre une fuite en avant vers la rage et le désespoir avec un Pridgen déchainé et un Omar Rodriguez-Lopez qui fait encore une fois état de ses capacités de soliste hors-normes.

Octahedron est l’un des albums les plus mal-aimés de la discographie du groupe, souvent bon dernier dans les classements de fans aux côtés de son successeur Noctourniquet. Il souffre assurément de son parti pris "assagi". Il déstabilisera ainsi le puriste de la première heure en quête de sensations fortes et habitué aux compositions labyrinthiques et aux soubresauts épileptiques du groupe. En même temps, sa patte voltienne toujours prégnante ne lui permet pas non plus d’être suffisamment mainstream pour intéresser de nouveaux auditeurs refroidis par la réputation du groupe et de sa musique sulfureuse. Pourtant, Octahedron est à la fois un immense album, complexe, riche et aventureux, et en même temps la porte d’entrée idéale pour se familiariser avec le groupe sans trop de casse et découvrir son incroyable potentiel.  Et il reste bien plus enraciné dans le son originel du groupe que les deux albums suivants, Noctourniquet (2012) et The Mars Volta (2022) qui s’en écartent bien plus volontairement et avec des résultats mitigés.

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