
Quella Vecchia Locanda
Il Tempo della Gioia
Produit par
1- Villa Doria Pamphili / 2- A Forma Di... / 3- Il Tempo Della Gioia / 4- Un Giorno, Un Amico / 5- È accaduto una notte


Depuis Rome, Quella Vecchia Locanda avait proposé, sur son premier album (1972), un rock progressif résolument enraciné qui s’inspirait tout de même des motifs pastoraux de Jethro Tull, avec en sus quelques touches saturées. Le groupe était immédiatement devenu une référence au sein de la scène italienne, statut que son excellent second (donc dernier) opus, Il Tempo della Gioia, allait confirmer en 1974. Entre temps, quelques changements ont eu lieu au sein du groupe (à la basse et au violon) mais ce sont les évolutions esthétiques qui intéresseront davantage l’auditeur : on le perçoit dans l’économie interne de l’œuvre avec des titres beaucoup plus étendus (sur la deuxième face surtout) qui le distinguent de son prédécesseur qui ne comportait aucune longue pièce progressive.
L’esthétique de Quella Vecchia Locanda repose en grande partie sur la place importante accordée aux instruments acoustiques : "Villa Doria Pamphili" commence ainsi sur le dialogue entre un piano tamisé un peu jazzy et une guitare acoustique qui par la suite, accompagne un violon plaintif de ses arpèges mélodieux. Le chant arrive tardivement, comme une complainte, et quelques poussées symphoniques contrastent avec la douceur du propos. Ce penchant classicisant confine au sublime par la suite, quand le crescendo cinématographique "A Forma DI…" impose ses clavecins et son violon courtisans.
A côté de ces nombreuses incrustations classicisantes, les titres prennent souvent une tournure jazzy : "Il Tempo della Gioia" notamment, qui alterne une phase énervée faite de contretemps très cadencés et de motifs progressifs entreprenants jusque dans les sonorités de claviers, avec des élans virtuoses (la guitare y est plus bavarde) et un intermède instrumental quasi funk. Plus long, "Un Giorno, un Amico" commence par dévoiler le talent de Claudio Filice au violon, pour repartir sur une note jazzy à la limite du jazz-manouche. Le titre reste toujours aussi filmique lors de son association des chœurs et de violon, mais aussi par son côté lancinant et son rythme soutenu ou son accalmie digne d’un polar. C’est un mélange des genres très réussi, allant du classique au jazz en passant par le prog’ et le rock conventionnel lors du solo de guitare assez saturé. Plus magistral encore, "E Accaduto Una Notte" s’impose par des chœurs en ouverture et des petits tests sonores aux claviers, puis introduit la guitare et la flute (qui revient enfin), avec toujours cette même langueur jazzy enrichie de multiples fioritures instrumentales qui viennent accroître la densité de la composition. Le morceau surprend jusqu’à sa montée en puissance zeuhlienne et son final bruitiste, qui l’inscrivent pleinement dans le panthéon progressif.
Deux albums seulement, mais une musique suffisamment riche pour permettre au groupe de devenir l’une des formations italiennes les plus significatives de la décennie : Quella Vecchia Locanda ne peut pas être ignoré des amateurs du genre.
À écouter : "Villa Doria Pamphili", "A Forma DI…", "E Accaduto Una Notte"