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Critique d'album

Black Foxxes


The Haar


(07/03/2025 - - Rock Depression Pop - Genre : Rock)
Produit par

Note de /5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Un sérieux prétendant au titre d’album de l’année"
Quentin, le 29/04/2025
( mots)

Il est décidément bien difficile de cataloguer les Britanniques de Black Foxxes et de les cantonner à un registre unique. Avec un début de carrière difficile à suivre oscillant entre déflagrations post-grunge et éléments pop plus maintream, le groupe propose un piquant mélange qui avait déjà su attirer notre attention, en particulier avec le précédent album éponyme. Depuis leurs débuts, les Black Foxxes sont habités par une forme de mélancolie rageuse liée à l’expérience de la maladie et la dépression par Mark Holley, chanteur et guitariste, en proie à ses démons. Cette émouvante sensibilité est poussée à son paroxysme sur le dernier opus baptisé The Haar, allusion au mystérieux brouillard qui habille certaines régions côtières du Royaume-Uni.


Avec un important renouvellement de personnel, ce quatrième album enregistré aux studios Black Bay et produit par Dani Castelar étend encore la palette stylistique du groupe qui s’enrichit de nouvelles fulgurances post-rock et atmosphériques avec de brusques changements d’ambiances entre accalmies voluptueuses et stridences électriques. L’album alterne avec une réussite troublante entre ces états et les Britanniques démontrent une sacrée maîtrise du contraste.


The Haar s’ouvre ainsi sur un superbe premier titre dépouillé et fantomatique présentant une nouvelle facette minimaliste du groupe, hanté par un spleen très radioheadien. Le spectre du groupe d’Oxford surgit également au détour de "Turn Out the Lights" doté d’un climat aérien et éthéré magnifié par de très belles harmonies vocales. Cette vulnérabilité ne résume pas l’album et s’efface parfois dans la violence et le ressentiment, en particulier lorsqu’il est dirigé vers la figure du père maltraitant à coup de noise rock dissonant sur "Ha Ha Ha". Mark Holley fait également ressortir un côté plus tranchant sur "Clean Mind (6 months)", pris dans une tempête émotionnelle à base d’arpèges et de saxophone voltigeur. La coloration jazzy conférée par le saxophone se retrouve également sur le superbe "Darker Than Light", habité par des mouvements de cordes élégiaques tandis que "Bitcrusher" joue la carte du mid-tempo planant, coloré par une fuzz crasseuse rappelant les compositions de leurs compatriotes King Hannah.


Toujours à la limite de la rupture, Mark Holley livre une prestation très aboutie qui retranscrit parfaitement son mal-être et son instabilité mentale, les titres basculant dans des crescendos émotionnels d’une féroce intensité après des débuts délicats, entretenant ainsi une tension sous-jacente permanente. C’est en particulier le cas sur les deux pièces maitresses "Where Have You Been", porté par une voix douce et fragile à la Elliott Smith balayée par une explosion électrique glacée et "Carsaig", mettant toujours en valeur ce timbre de voix presque féminin, à fleur de peau, qui rappelle par moment le "Fuzzy" de Grant Lee Buffalo et qui nous envoie finalement bouler dans un mur de guitares rugissantes. Une belle paire de baffes. Plus loin, "Shakey" hypnotise encore avec son gimmick de guitare réussi et opère également un décollage en règle au milieu du titre avec un riff abrasif. Enfin, le groupe prend le temps de développer une dernière complainte grandiose, "In the Image of Perception", évoquant sur une mélodie à la simplicité désarmante la tyrannie du regard de l’autre et sa toxicité. Mark Holley nous livre son mal-être avec une sincérité bouleversante et le titre nous emporte avec le souffle épique des cordes avant de se refermer sur ses dernières mesures symphoniques.


Mark Holley ne s’en est jamais caché : la musique est pour lui une catharsis qui l’aide à affronter et combattre la solitude, la dépendance aux médicaments et la douleur qui l’enferme et l’isole. Avec ce quatrième album, il livre certainement son œuvre la plus sensible et touchante, un album singulier sur lequel règne une atmosphère de déclin marqué par une beauté et une tristesse infinie.


Voilà assurément un des grands albums de l’année 2025.

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