Seven Sisters

En 2021, la magnificence de Shadow of a Fallen Star PT.1 avait permis à Seven Sisters de s’installer au sommet de la scène Heavy Metal revival, ce qui n’était pas un exploit négligeable étant donné la vitalité et la qualité de New Wave of Traditional Heavy Metal britannique. Maîtrisant aussi bien les références des années 1970 que celles des années 1980 (principalement la NWOBHM mais aussi des influences parfois plus AOR), Kyle McNeill et son esprit foisonnant pouvaient pousser la formation jusque dans les contrées les plus progressives, celles-là même que le musicien explore en profondeur dans son side-project tout aussi brillant, Phantom Spell. Nous y reviendrons mais, il semble que les travaux avec ce dernier groupe ont eu beaucoup d’influence sur le résultat final de Shadow of a Fallen Star PT.2.

Ainsi, de nombreux espoirs étaient placés dans Seven Sisters et il nous tardait d’entendre la deuxième partie de cette aventure intergalactique commencée en en 2021. La pochette finit d’asseoir l’inscription de l’opus dans le sillage de son prédécesseur, qui était déjà claire dans le choix de son titre, et dessine le même paysage lunaire dans une perspective plus lointaine. À l’intérieur, les membres du groupe s’affichent même en protagonistes de leur récit de science-fiction forgé dans le Metal hurlant.

Afin de mettre l’eau à la bouche, le combo avait diffusé deux titres au format classique du Heavy Metal, "Solar Winds" et "Heart of the Sun", un format qui, au regard de l’ensemble de l’album, pourrait être considéré comme resserré. Le second se situe dans la parfaite lignée de l’opus précédent, non sans une légère influence d’Iron Maiden de la fin des 80s, alors que le premier adopte une structure progressive malgré sa durée, opposant à ses lignes Heavy des arpèges solaires, des mélodies travaillées et des ponts épiques.  

Et ces deux titres seront les seuls morceaux concis de l’album.

En effet, Shadow of a Fallen Star PT.2 surprend et épate par sa dimension progressive - c’est en ce sens que nous évoquions l’incidence de Phantom Spell sur l’écriture de Kyle McNeill. En effet, l’album s’ouvre sur "Astral Prophecies" qui, bien qu’assez Heavy dans sa composition, s’affirme en profondeur par sa longueur et par la place accordée aux dialogues virtuoses et aux entremêlements solistes fabuleux des guitares jumelles. Surtout, Seven Sisters ose une entreprise scabreuse s’il en est, en concluant sur une suite de plus de vingt minutes, "Andromeda Descending (A Fallen Star Rises)". D’abord solennelle, la pièce ne renonce en rien à l’orientation Heavy du combo, à la fois véloce et épique, mais elle fourmille de transitions maîtrisées, alternant phases metalliques au arpèges cosmiques dans des successions de plans fabuleux et de twin-guitars affutées jouant des mélodies envoutantes, jusque dans son final de cinq minutes majestueux. Il s’agit là d’une épopée metal-progressive et sidérale de la plus belle facture : il faut remonter à "Starlifter: Fearless Pt. II" de Crown Lands en 2023 (pour évoquer une autre formation récente dans un registre différent), afin de trouver une composition de cette ampleur aussi bien réalisée.

Grâce à son diptyque spatial, Seven Sisters est donc parvenu à réaliser son grand œuvre, à se surpasser et à propulser la NWOTHM dans l’histoire du rock et du Metal : une magnifique réponse à opposer à ceux qui doutent de la pertinence de cette entreprise de revivification du Heavy traditionnel.

À écouter : "Solar Winds", "Andromeda Descending (A Fallen Star Rises)"