
We Are Scientists
Qualifying Miles
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1- A Prelude To What / 2- Starry-Eyed / 3- Dead Letters / 4- The Big One / 5- Please Don't Say It / 6- The Same Mistake / 7- What You Want Is Gone / 8- A Lesson I Never Learned / 9- I Could Do Much Worse / 10- I Already Hate This / 11- At The Mall In My Dreams / 12- Promise Me


We Are Scientists (WAS pour les initiés et son fidèle cercle de fans) est certainement le plus anglais des groupes indépendants américains. Le groupe a d’ailleurs compté Andy Burrows dans ses rangs en 2009 -le batteur de Razorlight souvenez-vous- un bon briton lui aussi. Après avoir tourné avec Arctic Monkeys, Kaiser Chiefs (qui les a rappelés cette année), le groupe de copains, copains avec toute la sphère du NME, restent gentiment conquérants et modestes. Ainsi équipés d’un entourage naturel aussi soigné que leur second degré, le trio Keith, Keith et Chris font bien la blague depuis des années, leurs prénoms identiques et leurs neuf albums. Après le 9, le renouveau ? Pourvu que non.
WAS est le groupe qu’on aime aimer pour sa constance dans sa musique, inchangée depuis vingt ans au temps de With Love and Squalor (réédition + tournée prochainement pour l'anniv). Des mélodies prenantes, gentilles en surface, plus dark et soignées underneath, ce don de calmer le quotidien, de tout remettre à plat, non pas de neutraliser mais plutôt de constituer un sas de décompression à l’anxiété quotidienne. Comme on s’adresse à Ste Rita quand on est désespérés, à St Antoine de Padoue quand on a perdu quelque chose, on écoute We Are Scientists quand on est en proie à l’angoisse. Oui, des saints patrons les mecs.
"A Prelude To What", est un prélude à quoi ? Une intro Nada Surf, un slow intentionnellement ralenti pour nous détendre. On prend un verre avec le groupe dans un bar lounge -"où on s’allounge" souvenez-vous- à 19 heures, à l’after work, loin des collègues pénibles. L’atmosphère est douce, pas aussi entrainante que ce à quoi on s’attend avec WAS. Mais c’est sans compter sur "Starry-Eyed" avec son break inattendu façon Ash à 3’18. On est définitivement sur un revival 90ies/ tout début 2000 comme à l’époque de Feeder et son Comfort in Sound. Vingt ans après les (meilleures) années, le retour de l’indie rock est partout, même dans la mode (revlà les slims, et les cardigans!), c’est le come back de l’Indie Sleaze. Régal chez les milleniums quand on revoit débarquer tous les groupes indépendants, même ceux qui étaient en pause tels les Maccabees.
Les WAS eux n’ont jamais chômé, ni retenu leurs efforts au fil du temps, entretenant le lien avec leur public, tournant souvent, rafraîchissant leur merch limite tous les six mois pour que les fans aient de quoi se sustenter. Le fun et l’entertainement américain ne dément pas leur origines même si "Dead Letters" a des solides celtic vibes. Une intro gazeuse étrange mais aussi étrangement addictive avec "Please Don’t Say It" qui déverse une scansion à la Sparks. Mais quel sens des riffs ici! "I Could Do Much Worse", l’autre single, émerge quasi ecclésiastiquement: "Dominos are falling down". Les latinistes aguerris (comme moi, qui ont tenu jusqu’à l’option au bac) entendront inlassablement "dominus", ce à quoi le groupe m’a répondu que les paroles n’étaient malheureusement pas assez profondes pour être transcrites en langue ancienne.
Peut-être en proie à une "midlife crisis" -souvenez vous le superbe titre de Travis- WAS clame que tout le merdier de la vie finalement aurait pu être pire avec "The Same Mistakes", introspectivement réverbéré. On est davantage sur des tubes de l’automne que des tubes de l’été. " At The Mall In My Dreams" a un côté série B américaine, mais encore une fois on pense septembre, plaid et bougie, reprise d’une rentrée centrée sur soi, après avoir ressassé les événements loupés ou non d’avant l’été. Un recommencement positif où le maitre mot est "don’t change for anyone". *Claquement de casier de lycée.*
Loin du glam, du "on sort tard ce soir?" (non merci), Qualifying Miles est capitonné, feutré, intime, bien à l’image des fauteuils en cuir du bar de la pochette. Là où Lobes avait une base disco, le contre pied est pris ici avec un album presque d’ambiance, mais pas dans un sens péjoratif car WAS amène toujours une valeur ajoutée à ses productions, avec des bons breaks, des supers ponts, des surprises cachées. Qualifying Miles peut être comme son double, la version clown un peu triste de l'effort précédent. Le réconfort, lui, est toujours retrouvé auprès des saints patrons. Et n’est-ce pas la réponse à tout ce qui ne l’est pas (réconfortant) aujourd’hui ? Il ne reste plus qu'à aller dépenser nos ronds dans le re-pressage de With Love And Squalor et Employment pour des représailles indie rock adorées.