
Mike Oldfield
Ommadawn
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1- Ommadawn (part one) / 2- Ommadawn (Part Two)


De la trilogie originelle de Mike Oldfield, d’aucuns considèrent Ommadawn comme l’album le plus abouti, si ce n’est le sommet de l’ensemble de sa discographie. Certes, les notes de l’introduction de Tubular Bells (1973) composent désormais une symphonie intemporelle du fait de son inscription au sein de la culture populaire avec son intégration dans l’OST de L’Exorciste. Mais nul ne pourra nier les tâtonnements de l’artiste encore à la recherche de son identité musicale. Quant à Hergest Ridge (1974), il souffrait trop de son statut de cadet pour marquer définitivement les esprits, malgré un succès réel à l’époque de sa sortie.
À l’inverse, Ommadawn propose quelque chose de nouveau, Mike Oldfield reconnaissant qu’il était possible de maintenir la dimension personnelle de son œuvre tout en s’entourant d’autres musiciens. En l’occurrence, des membres de sa famille (Terry à la flûte de Pan, Sally au chant), mais aussi Pierre Moerlen aux percussions (Gong est dans l’écurie Virgin depuis 1973) et des musiciens issus de la scène traditionnelle irlandaise (Paddy Moloney de The Chieftains), sud-africaine (les percussionnistes de Jabula) et d’un brass-band local. Bref, la versatilité dont est capable Mike Oldfield en tant que multi-instrumentiste (surtout aux cordes et aux claviers) est enrichie de l’apport de ces invités qui confèrent une dimension folk à l’opus - au seuil des musiques du monde.
L’album suit la structure de ses prédécesseurs, soit un découpage en deux grandes suites de respectivement dix-neuf et dix-sept minutes – deux plages d’une aventure rock accomplie qui s’impose parmi les grandes productions progressives de l’année voire de la décennie. La première partie éblouit d’abord par les mélodies subtiles jouées aux instruments à cordes pincées, des notes solaires éparpillées derrière un fond sonore lancinant mais épique, et parfois très électrique confirmant la dimension rock, donc progressive, de l’œuvre – on pense parfois à Yes ou à Tangerine Dream dans la montée en puissance finale. Viennent à l’esprit les sonorités traditionnelles irlandaises, mais aussi méditerranéennes, andines, africaines, agrémentant des mélodies toujours belles et des variations intelligentes sur les thèmes.
La seconde partie commence par premier mouvement dominé par les orgues et les claviers qui s’étend un peu trop pour être mémorable, mais laisse heureusement la place aux élans folk plus atmosphériques, dotés de superbes passages à la guitare et à la cornemuse. De plus, le dernier mouvement redonne au titre son caractère épique et progressif – et constitue l’acmé d’Ommadawn selon nous. Cette seconde partie se clôt sur la sublime coda "On Horseback", petite pièce folk en grande partie narrée, magnifiquement ornée de petites touches électroniques et d’une variété instrumentale remarquable. Une capsule émouvante qui laisse immédiatement une trace indélébile dans les oreilles qui y auront prêté attention.
Sans originalité aucune, nous nous joignons aux jugements élogieux de l’époque et de la postérité qui font trôner Ommadawn au sommet de la discographie de Mike Oldfield. Cette unanimité n’est sûrement pas fortuite.

















