
Ten Years After
Watt
Produit par Ten Years After
1- I'm Coming On / 2- My Baby Left Me / 3- Think About the Times / 4- I Say Yeah / 5- The Band With No Name / 6- Gonna Run / 7- She Lies in the Morning / 8- Sweet Little Sixteen


L’orée des années 1970 est une période faste pour Ten Years After qui multiplie les productions de grande qualité. Si Ssssh (1969) avait posé les caractéristiques stylistiques du groupe, Cricklewood Green (1970) avait confirmé leur esthétique : Watt apporte quelques tubes pour leurs concerts. Ces derniers furent importants dans la carrière du groupe qui faisait des prestations toujours impeccables : en effet, entre Woodstock en 1969 et l’Ile de Wight en 1970 (sur l’album, on a une captation – d’une qualité discutable - de "Sweet Little Sixteen", reprise de Chuck Berry).
La présence d’un titre d’une des stars du rock’n’roll rappelle le poids de la musique américaine dans leur blues-rock puissant. Ils vont même jusqu’à proposer un petit instrumental à l’ambiance western ("The Band With No Name") que beaucoup jugeront anecdotiques, mais qui s’avère être un intermède agréable et plutôt bien composé. Ambiance de saloon que vient renforcer le magistral "Gonna Run" au souffle cinématographique des tensions qui précèdent les duels, entre blues lourd et touches jazzy (sur toute la partie soliste). Malgré tout, Ten Years After reste bien un groupe britannique, en témoignent les parties chantées de "She Lies in the Morning".
Watt est donc un album avec des tubes, des hymnes pour concerts. Bien sûr, "I Say Yeah" vient immédiatement à l’esprit tant il est calibré pour la scène et la participation du public. Un riff accrocheur qui n’a d’égal que "I’m Coming On" (à ne pas confondre avec "I’m Going Home" !), un autre titre qui se hisse dans le palmarès du groupe. Un morceau très énergique, avec une guitare acide et de nombreux plans (des ponts à la ligne d’intro) de haute volée.
Ten Years After propose des ambiances variées au sein d’un opus relativement court. A côté de ces titres rentre-dedans, "Think About the Times" s’affirme comme un très bon slow qui évoque l’esprit d’Abbey Road. De plus, sur la deuxième face, on trouve des morceaux plus longs qui invitent à des divagations vers le jazz.
L’ensemble est porté par un Alvin Lee au sommet de sa forme dans les deux "instruments" qu’il pratique. A côté de ses chorus et riffs remarquables, soulignons son chant exceptionnel, sublimé sur le soft et très bon "My Baby Left Me" par exemple.
Watt semble être un album injustement sous-coté, il était temps de le dépoussiérer : le groupe ne s’y trompe pas car de nombreux morceaux de leur setlist actuelle en sont issus. Il prépare habilement le terrain pour leur chef-d’œuvre, A Space in Time.
A écouter : "I Say Yeah", "I’m Coming On"