↓ MENU
Accueil
Première écoute
Albums
Concerts
Cinéma
DVD
Livres
Dossiers
Interviews
Festivals
Actualités
Médias
Agenda concerts
Sorties d'albums
The Wall
Sélection
Photos
Webcasts
Chroniques § Dossiers § Infos § Bonus
X

Newsletter Albumrock


Restez informé des dernières publications, inscrivez-vous à notre newsletter bimensuelle.
Critique d'album

Nick Johnston


Child of Bliss


(08/03/2024 - - Guitariste virtuose - Genre : Rock)
Produit par

1- Black Widow Silk / 2- Child Of Bliss / 3- Himawari / 4- Little Thorn / 5- Momento Vivere / 6- Moonflower / 7- Through The Golden Forest / 8- Voice On The Wind
Note de /5
Vous aussi, notez cet album ! (0 vote)
Consultez le barème de la colonne de droite et donnez votre note à cet album
Note de 4.0/5 pour cet album
"Virtuosité romantique à la six cordes"
Quentin, le 01/07/2024
( mots)

A l’heure où des hordes de guitaristes virtuoses envahissent internet, alignant des descentes de manches supersoniques dès la sortie du berceau (ou presque), on peut s’interroger sur ce qui fait un "grand" guitariste aujourd’hui et quels territoires peuvent possiblement bien encore être explorés à la 6 cordes.


Disons le clairement, par rapport aux dernières décennies qui viennent de s’écouler, l’auto-production et promotion des guitaristes à un niveau quasi-professionnel grâce aux nouvelles technologies s’est largement démocratisée en même temps que la guitare devenait un instrument moins central dans la composition des musiques actuelles. Les artistes qui mettent aujourd’hui cet instrument au premier plan de leurs développements musicaux ou qui innovent sur ce terrain restent des artistes de niche, qui s’épanouissent en particulier dans les sous-genres de la scène metal, aujourd’hui terrain foisonnant d’expérimentation où les frontières du son sont redéfinies au-delà des schémas conventionnels. Mais, être un guitariste accompli sur le plan technique ne fait pas forcément de vous un bon musicien : que vous ayez la capacité de raconter des choses n’implique pas forcément que vous ayez des choses intéressantes à raconter. Combien de jeunes et anciens prodiges au doigté stratosphérique se vautrent littéralement dès lors qu’il s’agir de produire par eux-mêmes un morceau un tant soit peu écoutable sur un album complet ? Finalement, on peut se dire que la banalisation de la performance technique amène aujourd'hui les meilleurs guitaristes à se différencier avant tout du point de vue de leur musicalité.


Et sur ce plan-là, Nick Johnston appartient à une autre classe de guitariste. Le Canadien nous éclabousse de son talent depuis plus de dix ans avec six albums sortis dans un relatif anonymat et en participant au renouveau de la guitare moderne par ses multiples collaborations avec Polyphia, Peryphery ou Intervals mais également d’autres figures de la six-cordes tels que Guthrie Govan, Plini ou Paul Gibert. Son fait d’armes principal reste la parution de l’album Remarkably Human en 2016, petit joyau au cœur d’une discographie exemplaire. Largement influencé par le maître Satriani, avec lequel il partage sa passion de l’enseignement, Nick Johnston met au cœur de la philosophie de son jeu la recherche systématique de la mélodie puisque chacun de ses morceaux possède un fort élan romanesque. La guitare se fait l’instrument de cette narration et se met au service de la composition sans jamais chercher à la dominer. On a ainsi la sensation que le Canadien fait littéralement chanter sa guitare avec des motifs mélodiques d'une grande pureté qui servent de point de départ à ses morceaux et autour desquels se déploient progressivement des passages de shred plus complexes et aventureux.


Pour ce septième opus, Nick Johnston revient à une approche entièrement instrumentale (il posait également sa voix, avec réussite, sur l’album précédent) mais bien plus accessible qu'auparavant et avec une orientation romantique exacerbée. Les titres sont plus courts qu’à l’accoutumée, dépourvus de toute orientation expérimentale ou progressive et s’écoutent dans une optique moins cérébrale et bien plus intuitive. L'album est dédié à sa femme (la traduction de son prénom japonais en anglais donne le titre de l'album) et constitue avant tout une œuvre sentimentale marquée par l'utilisation du piano et des cordes qui contribuent à appuyer cet aspect. Le titre éponyme est de ce point de vue une réussite totale avec un thème lyrique enivrant parcouru par un motif de guitare lumineux qui se déploie avec bonheur jusqu'à un pont ébouriffant de célérité. Cette recherche sincère de l’émotion loin de toute forme d’esbroufe transparait également sur la rêverie tendre et poétique "Moonflower" et son superbe travail au vibrato.


Loin de la versatilité du dernier opus de Joe Satriani, Nick Johnston s’est focalisé sur une écriture plus directe et concise, enchainant les gimmicks accrocheurs et les phrasés mélodiques dans un ensemble à la fluidité exemplaire, aussi bien sur la ballade langoureuse et solaire "Little Thorn" que sur "Himawari" au tempérament plus frondeur et exalté. La section rythmique se montre particulièrement à la hauteur du talent du frontman (en particulier la performance de Thomas Lang derrière les fûts) et mouvements de cordes, brèves incursions du saxophone et sonorités de claviers ont été particulièrement travaillés pour former une ossature élégante, en particulier sur "Memento Vivere" et "Through The Golden Forest" qui bénéficient ainsi d’un traitement instrumental très étoffé.


Cette importance accordée aux autres instruments et à la composition dans son ensemble permet de ne jamais étouffer l'auditeur sous une avalanche de notes et un son trop compressé. Au contraire, la musique de Nick Johnston respire comme jamais et possède un élan optimiste assez irrésistible qui la rend profondément addictive. Le motif entrainant du morceau conclusif "Voice in the Wind" à la fois mélancolique et réjouissant, démontre également la facilité avec laquelle le guitariste canadien parvient à nous tenir en haleine tout au long des 37 minutes qui jalonnent cet opus. Cet aspect doit être souligné car il n’est pourtant pas rare d’éprouver une forme de lassitude à l’écoute d’un album instrumental.


Avec ce Child of Bliss, Nick Johnston continue de marquer le monde de la guitare, et plus largement de la musique, de son doigté harmonieux et propose l’un des plus beaux albums de 2024, s’affirmant ainsi définitivement comme l’un des plus grands guitaristes de sa génération.

Commentaires
Soyez le premier à réagir à cette publication !