
Bütcher
666 Goats Carry My Chariot
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1- Inauguration of Steele / 2- Iron Bitch / 3- 45 RPM Metal / 4- Metallström-Face the Bütcher / 5- Sentinels of Dethe / 6- 666 Goats Carry My Chariot / 7- Viking Funeral / 8- Brazen Serpent / 9- Exaltation of Sulphur


Après un premier brulot survitaminé, caractérisé par un speed metal fortement teinté de black metal, le Boucher belge revient dans les bacs avec une nouvelle déferlante de violence et d'agressivité.
Première amélioration significative par rapport à l'opus précédent : cette magnifique pochette représentant un sosie du Roi-Sorcier d'Angmar dans un corps de guerrier "manowarrien" chevauchant à vive allure un char tiré par 6 (ou 666, tant qu'à faire!) boucs au coeur d'un maëlstrom méphistophélique composé de souffre, de feu et créatures cornues. On constate une nouvelle fois que la formation belge est adepte des longs titres et plutôt clichés : après Bestial Fükkin' Warmachine voici 666 Goats Carry My Chariot.
Autre point positif à mettre en avant, c'est le chant de Ruben Luts qui est plus travaillé et apporte plus de nuances et de variations dans ses propos. Néanmoins, son jeu n'en demeure pas moins très agressif et criard, ultra aigus par moment, comme si nous avions affaire à un Rob Halford sous stéroïde : sa manière de rouler les "R" rappelle en effet la pronciation si reconnaissable du "Metal God" ! Cela pourra en rebuter plus d'un qui ont du mal avec ce genre de chant. J'ai, personnellement, beaucoup de mal avec le chant criard du black metal ou du chant guttural propre au death metal, mais ici, allez savoir pourquoi, ça passe très bien ! On pourrait dire que cet album est pour moi, ce que Splid de Kvelertak est à notre camarade François. On décèlera un autre clin d'oeil à Judas Priest sur "45 RPM Metal" qui comprend un passage similaire au pré-refrain de "Sinner" (Sin After Sin, 1974).
Les compositions, bien qu'elles soient toujours dans une veine très speed/thrash metal, elles sont davantage heavy sur les parties instrumentales tandis que les ambiances black metal sont plus en retrait que l'album précédent. Il suffit d'écouter la courte introduction, "The Inauguration of Steele" 100% heavy aux guitares harmonisées que Judas Priest ou Iron Maiden auraient très bien pu composer 40 ans aurparavant. Il en est de même pour les soli, alliant subtilement dextérité et musicalité : celui d' "Iron Bitch" est typique des soli de la NWOBHM tandis que celui de "45 RPM Metal" est dans un registre très néoclassique.
D'une manière générale, les compositions sont bien plus sophistiquées et abouties, et comportent souvent des introductions heavy mid-tempo assez mélodiques. Le seul point noir de cet album est "Sentinels of Dethe" dont l'écoute s'avère vite fatiguante à cause du chant difficilement supportable pour les non initiés : on a la désagréable sensation d'entendre le chanteur vomir des propos mêlant pêle-mêle satanisme, apocalypse nucléaire et destruction de masse....
En revanche, s'il y a un titre qui est nettement au-dessus du lot (avec "Iron Bitch"), c'est bien le titre éponyme, une fresque épique s'étirant plus de 9 minutes, superbe démonstration musicale et parfaite maîtrise des changements de tempo : une intro aux guitares arpégées (une fois n'est pas coutume) et à la batterie mid-tempo auxquelles s'ajoutent des choeurs graves qui confèrent à l'ensemble un aspect majestueux. Ce passage permet à l'auditeur de reprendre un peu son souffle. D'aucuns y verront une influence certaine de la scène black metal suédoise, notamment Bathory.
A la différence de son prédécesseur, 666 Goats Carry My Chariot se clot de manière bien plus apaisée, avec le dansant et presque joyeux "Exaltation of Sulphur", une outro instrumentale à la guitare accoustique.
Véritable coup de coeur de 2020, Bütcher frappe un grand coup pour son deuxième album mais il s'adresse à un public averti. A recommander pour les amateurs de riffs à 200km/h et de chant suraigu corosif !