
Amenra
Mass V
Produit par
1- Dearborn and Buried / 2- Boden / 3- A mon ame / 4- Nowena / 9.10


Quatres ans se sont écoulés depuis Mass IIII, un album remarquable et remarqué qui a définitivement consolidé le statut des Belges d'Amenra aux rayons des groupes qui compte en matière de sludge et de post-metal.
Loins d'êtres restés inactifs, les Courtraisiens ont entretemps multiplié les initiatives: un livre, "Church of Ra", aussi rare qu'indispensable, le collectif du même nom, un DVD live, une expo remarquée à Gand et une volée de split 7" en compagnie de Black Heart Procession, Oathbreaker et Hive Destruction. Une hyper-activité récompensée en 2011 par une signature remarquée sur Neurot Recordings, le label de Neurosis pour un transfert de prestige finalement pas si inattendu que cela.
Première sortie pour la maison d'Oakland, ce Mass V tant attendu s'annoncait, trailers internet à l'appui, plus sombre, viscéral et douloureux que jamais.
Dès la première écoute, Mass V s'annonce comme un album organique, voir parfois quasiment ésotérique de par son chant. Laissant de côté l'éternel (et finalement peu constructif débat) sur le style musical réellement joué par le groupe - historiquement post-metal aux influences hardcore, doom ou sludge selon les cas - les Flandriens privilégient leur propre style, épidermique, frissonnant et majestueux.
L'album, orné d'une inquiétante photo noir et blanc de bunker allemand pillonné sur la plage de Wissant, s'ouvre sur "Dearborn and Buried". Passé une intro à la fois atmosphérique et pesante, le tout explose subitement au son des hululements de Colin Van Eeckhout, le groupe se lance comme une machine au fonctionnement guitare/basse/batterie aussi simple que redoutable. Un morceau pur et brut de décoffrage, dans la plus pure tradition d'Amenra, qui se termine sur des bruitages quasi-apocalyptiques. Le groupe revisite la formule qui a fait son succès: des riffs abrasifs, longs et lents, une batterie à la rythmique tribale qui emplit peu à peu l'espace pour mieux se jouer des quelques silences savamment orchestrés et un chant torturé qui renverse tout sur son passage.
Place alors à "Boden", son intro sonnée et sa tonalité aussi malsaine qu'obsédante et à "A mon âme", morceau épique teinté d'effets d'ambiance. Le combo flandrien se pose un peu pour développer une atmosphère en lévitation, déchirée à mi-parcours par des riffs brutaux et assommants, avant de mieux retomber dans un calme d'après tempête qui s'estompe peu à peu en chuchotements.
Cette cinquième messe se clôture sur Nowena / 9.10, son intro acoustique, son featuring de Scott Kelly (Neurosis) et son chant subitement dénué de toute aigreur, un moment d'une rare beauté rapidement submergé par une envolée qui tourné à la démonstration de force: violente, désespérée, énergique et totalement convaincante, ce "9:10" porté par une basse d'une rare efficacité clôt la cérémonie, laissant l'auditeur tout simplement pantois.
Après dix ans d''activités, Amenra délivre ici l'une de ses productions les plus abouties et les plus convaincantes. Pas de révolution copernicienne certes, on pourra tout au plus lui reprocher d'être une fois encore trop courte, mais d'une brièveté compensée par une approche ô combien efficace et majestueuse.