
Year of the Goat
Trivia Goddess
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Après deux albums exceptionnels, Angels' Necropolis (2012) et The Unspeakable (2015), Year of the Goat avait hélas marqué le pas au moment de franchir la barre symbolique du troisième album : Novis Orbis Terrarum Ordinis (2019) comportait quelques bonnes compositions et conservait son esthétique heavy-prog’ gothique légèrement pop, mais globalement, il souffrait d’un manque de titres mémorables et donc, d’inspiration. Tant et si bien que le groupe avait un peu disparu des radars sans jamais publier son acte de décès, même si tout semblait indiquer qu’il était mis à l’arrêt.
Six ans plus tard pourtant, Trivia Goddess finit par voir le jour afin de déployer une nouvelle fois l’univers mystique, ésotérique voire satanique du groupe, en rendant ici hommage aux sorcières ou plutôt, aux femmes persécutées comme telles.
Qui dit persécution dit forcément religion, et les références à la Bible sont nombreuses, dès "The Power Of Eve", une pièce d’ouverture ambitieuse qui mêle habilement les aspérités progressives (dont de beaux claviers 70s), riff et chorus Heavy et mélodies pop. Plus loin, la Reine de Saba est au cœur de "The Queen Of Zemargad" qui évoque cette figure de l’Ancien Testament dans un registre plus concis de pop-rock saturée. Les mythologies païennes ne sont pas épargnées, qu’il s’agisse d’Hécate sur le Heavy gothique incantatoire (et marginalement purpl-ien) "Trivia Goddess", ou du culte vaudou avec "Mét Agwe", cette fois-ci sans figure féminine, la pièce la plus longue de l’opus qui commence à la manière d’un midtempo Heavy-prog’ contemplatif et très 70s, pour gagner en énergie au moment du solo puis dans une seconde partie plus pop. La sorcière enfin, conclut l’album de façon convaincante avec "Witch Of The Woods", assez progressif par ses légers accents folks et ses claviers analogiques.
Mais c’est quand Satan est convoqué (ou invoqué ?), que Year of the Goat est touché par la grâce : "Alucarda", du nom de la jeune fille possédée servant de protagoniste à l’adaptation filmique mexicaine de Camilla de Sheridan Le Fanu, est clairement le tube de l’album. Inspiré par Blue Öyster Cult, le titre dispose d’un refrain imparable et d’un solo d’une évidence qui confine au sublime. Avec un même air de la Secte de l’huitre bleue, l’efficace "Crescent Moon" vaut également le détour. Moins surprenant, "Kiss Of A Serpent" donne classiquement dans le hard-rock revival même si sa deuxième partie touche à l’épique, un registre bien plus présent dans le cinématographique et doomesque "King Of Damnation".
Pour ceux qui considèrent que Ghost est allé trop loin dans son évolution FM, Year of the Goat pourrait être une bonne compensation : tout autant suédois et porteur d’un univers ésotérico-horrifique, son inclinaison pop ne sacrifie jamais la rigueur Heavy de sa musique, notamment sur ce quatrième album qui célèbre un comeback réussi.
À écouter : "Alucarda", "The Power Of Eve", "Crescent Moon"