
Crystal Stilts
Alight Of Night
Produit par
1- The Dazzled / 2- Crystal Stilts / 3- Graveyard Orbit / 4- Prismatic Room / 5- The SinKing / 6- Departure / 7- Shattered Shine / 8- Verdant Gaze / 9- Bright Night / 10- Spiral Transit / 11- The City In The Sea


Depuis le début des années 90, Slumberland Records est une vraie mine d’or indie pour qui aime les pépites shoegaze, ce sous-genre un peu bâtard au chant nonchalant étouffé par une instrumentation bruyante. New York bouillonne aujourd’hui des héritiers directs des Black Tambourine, Velocity Girl, et autre Lylis. L’un d’entre eux, Crystal Stilts semble échappé des bas-fonds de Brooklyn avec ses compositions relevant à la fois du postpunk et d’un psychédélisme à la noirceur étouffante. Le groupe va s’abreuver à la source du Velvet Underground : un son parfaitement garage relevé d’un tambourin omniprésent et de nappes de Casio, une voix lointaine de mec fatigué. Crystal Stilts semble pousser le genre shoegaze à son extrême dans une dizaine de chansons macabres et fascinantes à l’ironie sous-jacente.
Alight of Night reprend quelques chansons de leur fantastique premier EP. Seul bémol, "Converging in the Quiet" n’est pas présente. Plus étrange, elle est transformée pour créer la chanson "Departure", sorte de resucée décevante qui s’apparenterait à une auto-destruction du chef d’œuvre envoûtant qu’était l’originale. Passé cette unique déception, l’album hypnotise. Des riffs lancinants sur des balades tristes laissent l’auditeur dans un état brumeux ("Spiral Transit", "Verdant Gaze", le final "The City In The Sea"), alors que d’autres chansons semblent empruntes de la philosophie Joy Division : faire danser sur des hymnes noirs aux paroles mystiques ("Crystal Stilts", "The SinKing", "Departure"). "Prismatic Room" et son air enjoué appellent à un tourbillon désordonné. Les instruments tranchent avec la voix : la fin de "Verdoyant Gaze" laisse la même impression que le "Sad Song" de Lou Reed, où le chant détaché et cynique se pose sur un clavier heureux.
Malheureusement le groupe n’évite pas l’écueil shoegaze. La voix dépressive systématiquement noyée par l’instrumentation empêche certaines chansons de se distinguer. Ainsi, le bidouillé "The Departure" perd son identité d’origine. Finalement, la ressemblance entre certains morceaux n’est plus si frappante au bout d'un certain temps, mais écouter l’album d’une seule traite semble difficile tant la nappe d’instrumentation bruyante est sur-présente.
Le groupe avait délivré un EP presque parfait et poursuit sa route sans trop s’essouffler. Car heureusement pour eux, ils possèdent ce que peu d’artistes peuvent se targuer d'avoir : Crystal Stilts s’élève au rang des groupes rares qui happent l’auditeur dans un univers particulier et qui savent hanter longtemps après l’écoute.