
Neil Young
Zuma
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1- Don´t cry no tears / 2- Danger Bird / 3- Pardon my heart / 4- Lookin´ for a love / 5- Barstool Blues / 6- Stupid Girl / 7- Drive Back / 8- Cortez the killer / 9- Through my sails


Le rêve américain fut d’abord celui de la route des Indes puis de l’Eldorado, celui des conquistadors assoiffés d’or avant d’être repus de sang, et qui des siècles plus tard, dans un contexte de décolonisation et de contre-culture anti-impérialiste, deviennent un sujet prisé d’artistes rock plus ou moins engagés. À plusieurs reprises, Neil Young a creusé le thème des civilisations précolombiennes, passion initiée avec l’explicite "Cortez the Killer", une des plus belles compositions du musicien qui dénonce la cruauté de la conquête espagnole, tout en mettant en valeur cette épopée par une longue introduction de guitare incisive aux mélodies heurtées typiques du Loner.
Disque de guitare, Zuma est aussi l’album de la reprise en main psychologique de son concepteur, enfin remis de ses déboires personnels et de la perte de collègues mais surtout d’amis proches. Preuve en est, Zuma permet de relancer le Crazy Horse légèrement mis en sommeil, et d’ouvrir une nouvelle phase ultra-créative puisque de nombreuses chutes des séances de Zuma sont restées en boîte avant d’être exploitées bien plus tard sur Rust Never Sleep (1979) - ou sont longtemps demeurées inédites.
Le titre de l’album fait référence à la plage de Zuma Beach, non loin des studios californiens où a été enregistré l’opus, mais il fait bien sûr penser à l’empereur Moctezuma II qui affronta Cortez, auquel il est fait mention sur le morceau "Cortez the Killer" sus-cité. En le comparant avec ses prédécesseurs, Zuma apparaît comme un disque plus lumineux malgré certaines de ses thématiques, et surtout, comme un album qui fait la part belle à la guitare. Les longues pièces marquent leur retour, bien qu’On the Beach (1974) possédait quelques titres allongés, et renvoient à la période faste d’Everybody Knows This Is Nowhere (1969) auquel l’opus semble vouloir se rattacher. Les belles divagations guitaristiques illuminent deux chefs-d’œuvre, "Cortez the Killer" donc, et le solennel et contrasté "Danger Bird", à la tournure lente et heavy qui accompagne des mélodies mélancoliques mais rayonnantes.
Il est vrai qu’à côté de ces deux monuments, les titres plus concis pourraient faire pâle figure, mais il ne faudrait pas négliger certaines pièces plus traditionnelles mais très réussies comme "Don’t Cry No Tears", l’acoustique "Pardon My Heart" ou les titres rock directs que sont "Stupid Girl" et "Drive Back". Certes, Neil Young se montre peut-être moins époustouflant sur "Lookin' for a Love", un titre country rock basique, sur le mal nommé "Barstool Blues" (qui est une ballade heavy) ou sur le mièvre et soft-rock "Through My Sails".
Il n’en reste pas moins que l’âge d’or du Loner se poursuit bel et bien avec Zuma qui, qualitativement parlant, devrait être intégré à la trilogie précédente. La suite de la décennie donnera encore satisfaction, mais il faudra attendre Rust Never Sleep (1979) pour que les sommets soient atteints de nouveau.
À écouter : "Danger Bird", "Cortez the Killer", "Don’t Cry No Tears"