
Billionaire
Ascension
Produit par
1- 'Til You're High / 2- The Jimmie Hale Mission / 3- Someday I'll Leave It All / 4- Joymaker / 5- I Fell From Space / 6- Sunny Sunday Afternoon / 7- Rollercoaster / 8- Touching Down / 9- Never Going Back / 10- Someone / 11- Never Get Enough / 12- Universe / 13- The Jesus Train


Parmi les innombrables vidéos du youtubeur Rick Beato, il y en a une où il raconte comment son groupe de rock est passé à côté d’une opportunité d’avoir du succès. A force d’écouter Beato donner son avis sur la musique quasiment tous les jours par le biais de mon petit écran, j’étais curieux de savoir à quoi ressemblait celle que lui produisait. Par chance, on trouve un album de ce groupe complètement obscur sur les plateformes de streaming.
Si vous suivez ses vidéos, vous savez que c’est un fan des "Big 4" du Grunge (à savoir Nirvana, Pearl Jam, Alice in Chains et Soundgarden), et en montant un groupe en 1997, c’est sans trop de surprise à ce style musical qu’il s’adonne. A quelques rares exceptions près, ce n’est pourtant pas du côté de ces 4 là qu’il faut chercher de filiation avec Billionaire. Leur chanteur a une voix aiguë et un timbre particulier qui rappelle celui de Perry Farrell de Jane’s Addiction. Le parallèle fonctionne d’ailleurs bien aussi pour la musique, puisqu’on y entend à la fois des solos de guitare plus virtuoses et des ambiances plus ouvertement pop que ce que proposaient les groupes phares du Grunge de Seattle. Sur "Sunny Sunday Afternoon", "Someone", et "Never Get Enough", on pense à Soul Asylum, autre figure du Rock Alternatif de l’époque, qui malgré des débuts Punk ne rechignait pas à proposer des chansons très pop. Ce Punk qui était une influence majeure des premiers groupes de Grunge est d’ailleurs mis à l’honneur sur deux titres ("Joymaker" et "Rollercoaster"), les plus faibles et sans intérêt de l’album. Bien que Billionaire soit beaucoup plus tardif, ce genre de compositions brutes avec un chant rauque et approximatif montre un lien plus direct avec les pionniers du Grunge (Green River, Malfunkshun, Mother Love Bone) qu’avec la vague Post-Grunge dont ils se trouvaient contemporains (Creed, Nickelback, Puddle of Mudd...). Car Marc Tompkins, est limité. Très à l’aise dans un registre à la Perry Farrell, il fait l’erreur de se prendre pour Scott Weiland (qui faisait preuve d’aisance dans n’importe quel registre) en essayant de chanter dans les graves sur "The Jimmy Hale Mission", "Never Going Back" et "The Jesus Train" et le résultat est assez catastrophique. Pour finir sur les références, on serait tenté de dire que "I Fell From Space" sonne comme une tentative ratée de faire du A Perfect Circle, sauf qu’en vérifiant les dates on se rend compte que le deuxième groupe de Maynard James Keenan n’existait pas encore à la sortie de ce disque !
Vous avez désormais une idée de l’univers musical, mais qu’en est-il de la qualité de cet album qui n’a eu aucun succès et qu’on n’aurait jamais eu l’idée d’aller écouter sans le lien avec Rick Beato ? Globalement bonne, malgré quelques défauts majeurs (dont certains qu’on a déjà évoqué), a-t-on envie de vous répondre. Billionaire sait écrire des mélodies particulièrement accrocheuses. Parfois un peu trop sucrées (la power ballade "Touching Down", "Someone"), parfois trop Néo-Metal (le refrain de "I Fell From Space"), en revanche "Til You’re High", "The Jimmy Hale Mission", "Someday I’ll Leave It All", "Sunny Sunday Afternoon", "Universe" et "The Jesus Train" sont particulièrement efficaces. Pas de quoi parler d’une pépite oubliée du Grunge pour autant. Trop de compositions d’Ascension laissent à désirer, et les tentatives ratées de Marc Tompkins pour sortir de sa zone de confort sont un gros point noir. Autre point faible notable, plusieurs compositions se terminent sur des idées qui paraissent complètement absurdes : 2 minutes de riff sans lien avec la chanson à la fin de « Joymaker », un solo de guitare qui répète inlassablement un seul et même plan pendant 1 minute pour finir "Never Get Enough", un effet de guitare cheap qui sort de nulle part sur "Universe", et sur "The Jesus Train", 1 minute de martelage d’un riff qu’on imaginerait bien en live pour finir un concert, mais qui fait un peu too much pour le disque.
Même si ce n’est pas un chef d’œuvre qu’on vous a déniché là, Ascension méritait d’être écouté, au moins pour ses titres les plus réussis. Si vous êtes un inconditionnel du Rock Alternatif des années 90 et pas trop intransigeants, il y a des chances pour que vous y trouviez votre compte. Et au final, ces imperfections mises en lumière se révèlent bien plus attachantes que la formule Post-Grunge aseptisé des Creed, Nickelback, Puddle Of Mudd et compagnie qui commençaient à sévir sur les ondes à l’époque.
A écouter : "Til You’re High", "The Jimmy Hale Mission", "Someday I’ll Leave It All", "Sunny Sunday Afternoon".



















