
Rush
Power Windows
Produit par
1- The Big Money / 2- Grand Designs / 3- Manhattan Project / 4- Marathon / 5- Territories / 6- Middletown Dreams / 7- Emotion Detector / 8- Mystic Rhythms


Accordons à Rush d’avoir fait partie des rares formations ayant réussi à négocier élégamment le virage des années 1980, et ceux à l’échelle du rock progressif voire même du rock. Le trio canadien est parvenu à aborder les évolutions esthétiques de la nouvelle décennie avec une subtilité telle que Signals (1982) puis Grace Under Pressure (1984) s’inscrivent parfaitement dans leur époque, portés par des synthétiseurs et une écriture plus pop, tout en esquivant les écueils de celle-ci.
Hélas, trois fois hélas, Power Windows remet en cause tout le travail accompli sur cette ligne de crête, confirmant qu’à bien des égards, 1985 est en effet la date charnière de la décennie, celle où les choses se gâtent.
Le groupe s’enfonce encore davantage dans les profondeurs des années 1980, trébuchant sur toutes les ornières – batterie électronique et simplification à outrance de l’écriture, bien que les passages instrumentaux puissent être intéressants. Ainsi, "The Big Money" ennuie dès son introduction hard-FM, puis énerve par ses sonorités datées et ses jeux sonores invasifs (sans parler d’un retour ici maladroit du rythme reggae), si bien que seul son intermède instrumental aérien est un peu agréable. La comparaison avec 90125 (1983) de Yes est plus que tentante mais sur ce titre comme sur d’autres, l’aspect mélodique qui avait fait la force des deux albums précédents, fait cruellement défaut. Par conséquent, le tout est très homogène et manque de relief.
Loin d’être atomique, "Manhattan Project" peut avoir côtés vraiment guimauve sur les couplets, et s’il gagne en énergie sur la fin, il ne parvient pas à réellement convaincre, de même que l’introduction prometteuse de "Grand Designs" s’effondre sur un développement non concluant. Le groupe cède à l’excès aux sirènes des 80s sur "Emotion Detector", mais il faut bien reconnaître à "Middletown Dreams" d’interpeler justement par sa dimension jusqu’auboutiste, tout comme "Mystic Rhythms", un peu plus contemplatif et tribal.
Soyons honnêtes, nous ne nous attendions pas à trouver des pièces progressives en 1985, mais les morceaux plus longs n’apportent même pas une légère consolation : "Marathon" est loin d’être le titre le plus mauvais de l’album, grâce à quelques bonnes idées mélodiques et à une phase instrumentale assez agréable dans un style néo-progressif, alors que "Territories" fait souvent preuve de mauvais goût et manque d’aspérités auxquelles s’accrocher.
Bien qu’apprécié par le public et par le groupe, Power Windows marque selon nous le début de la traversée du désert sur le plan créatif de Rush. Le début seulement...
À écouter : "Marathon", "Mystic Rhythms"


















