
The Darkness
Dreams on Toast
Produit par


Si The Darkness a laissé passer le train du succès qui s’était pourtant pointé en gare en 2003 pour embarquer le groupe avec Permission to Land en guise de locomotive, le combo anglais s’est installé comme une référence au sein des musiques saturées. Plus encore, il atteint l’excellence ces dernières années, que ce soit avec Easter Is Cancelled (2019) ou Motorheart (2021). Alors, quand en 2025, les grands noms (Dream Theater, Ghost) déçoivent, il est bon de savoir qu’il est toujours possible de compter sur Justin Hawkins et sa bande de joyeux lurons.
Hommage satirique aux années 1980, à sa cocaïne et à ses yuppies décomplexés, Dreams on Toast est tout autant un album débordant d’enthousiasme qu’une œuvre très diversifiée explorant tout ce que le classic-rock peut offrir. Dreams on Toast est même si varié qu’il se permet des détours vers la country sur "Hot on My Tail", où tout se passe comme si The Decemberists avaient croisé Queen, et sur "Cold Hearted Woman", d'une façon plus roots encore.
Bien sûr, The Darkness n’a pas mis de côté les grosses guitares - bien au contraire. L’entrée en matière est même assez Heavy : "Rock and Roll Party Cowboy" n’est rien d’autre qu’un tube hard-rock, plus américain que britannique dans son approche – la mélodie du chant évoque le ZZ Top des 80s tandis que le riff est incisif à la manière d’un AC/DC version glam. Quant aux paroles, elles sont si ridiculement caricaturales et satiriques qu’elles permettent d’accéder à l’autodérision par une franche rigolade. Les Australiens viennent également à l’esprit sur "Mortal Dread", un titre plus classique avec un refrain à la "Gloria", même si la deuxième partie laisse place à quelques divagations audacieuses. Du côté des morceaux les plus solides, l’exercice punk agressif "The Battle for Gadget Land" est absolument réussi et, dans un style plus propre au groupe, le très bon "Walking Through Fire" louvoie entre hard FM et power-ballad avec beaucoup d’élégance.
The Darkness oblige, les ballades dispenseront leur quota de mièvrerie, de façon équilibrée sur "Don't Need Sunshine", ou complétement kitsch sur "Weekend in Rome", dont le symphonisme final digne d’un OST de Disney pourrait rendre Etienne Daho jaloux. Ces aspects pop sont également présents dans une approche plus glam sur le rock’n’roll déjanté "I Hate Myself", à la section cuivrée osée, tandis que "The Longest Kiss" est un écho à Electric Light Orchestra en moins progressif (même si le début de solo de guitare rappelle Pierre et le Loup).
Tant de registres différents où The Darkness parvient à briller derechef, tant d’efforts pour simplement transformer le rock en un exutoire joyeux et universel où tous, des metalleux les plus sectaires aux fans d’indie-rock, pourraient communier ensemble. Du rêve en barres.
À écouter : "Rock and Roll Party Cowboy", "The Battle for Gadget Land", "Walking Through Fire"