
Novalis
Novalis
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1- Sonnengeflecht / 2- Wer Schmetterlinge lachen hört / 3- Dronsz / 4- Impressionen (Nach Bruckner, Symphonie Nr. 5) / 5- Es färbte sich die Wiese grün / 6- Impressionen (Live)


Avec l’invention du Krautrock, l’Allemagne s’était engagée très précocement dans le sentier du rock progressif, presque concomitamment au Royaume-Uni, mais le pays mit du temps à faire naître un courant symphonique. Dans le genre, la première formation significative, Nektar, était composée de musiciens britanniques et il fallut attendre le milieu de la décennie pour que des groupes s’épanouissent, Triumvirat et Eloy d’abord, ce dernier cheminant vers le prog’ depuis le hard-rock, puis Novalis, enfin suivi par des formations dérivant du Heavy-prog’ (un courant solide en RFA) vers le prog’ symphonique (Birth Control ou Jane, ainsi que par les plus inclassables Grobschnitt). Ainsi, paradoxe allemand, le pays connait à la fois une scène très précoce du côté expérimental, mais assez tardive du côté symphonique, en s’illustrant dans ce registre avec autant de retard que les États-Unis ou la France.
En ce qui concerne Novalis, l’histoire commence à Hambourg en 1971, quand un groupe décide de rendre hommage à un poète romantique de la fin du XVIIIème siècle en lui empruntant son nom. Un premier album paraît en 1973 sous le titre de Banished Bridge : le groupe chante alors en anglais, une langue vite troquée pour l’allemand, et témoigne déjà d’une forte influence floydienne à l’image d’Eloy, alors l’un des premiers acteurs de la scène symphonique de RFA. Cette dernière est en effet particulièrement marquée par le space-rock en général, et par Pink Floyd en particulier.
Au moment d’enregistrer leur deuxième opus, Novalis se dote de nouveaux membres dont Carlo Karges, à la fois claviériste et guitariste, qui se montre très actif sur cette production – il aura néanmoins plus de succès avec Nena en 1983. Très instrumental, l’album dispose tout de même de parties chantées en langue vernaculaire.
L’ambition élitiste du rock progressif s’y dévoile dans toute sa splendeur, qu’il s’agisse d’emprunts à la musique savante sur "Impressionen", qui s’inspire du compositeur autrichien Anton Bruckner, qui brilla au XIXème siècle pour ses symphonies (ici en l’occurrence la cinquième), ou de paroles issues des poèmes de Novalis sur "Es Färbte Sich Die Wiese Grün", un excellent titre au lignes de claviers fantasmagoriques parfaitement entremêlées aux arpèges folk, qui installent une progression intelligente et parfois surprenante.
Ces deux titres sont clairement ce que l’album offre de meilleur, même si le groupe est également pertinent sur "Wer Schmetterlinge Lachen Hört", d’abord folk puis électrique dans un style proche de Nektar (les twin-guitars y sont assez sublimes), ainsi que sur "Dronsz", un crescendo space-rock, voire cosmique – entendre pas loin de Tangerine Dream. Seul le dansant "Sonnengeflecht" laisse perplexe tant il sonne désuet par son rythme quasi funky et ses claviers synthétiques.
C’est ainsi que Novalis trouve sa place au sein du petit monde symphonique allemand, une entrée en scène remarquable qui permet d'espérer d’autres actes glorieux.
À écouter : "Impressionen", "Dronsz", "Es Färbte Sich Die Wiese Grün"