
JPL
Le Livre Blanc
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1- Un livre ouvert / 2- L'ermite / 3- Joker / 4- Trompe la mort / 5- L'étoile du nord / 6- Convoléances / 7- La peste et le choléra / l'antidote / 8- Jehanne / 9- Le livre blanc


En 2018, le festival Quadrifonic connaissait sa dernière édition à Chadrac, en Haute-Loire, dans la banlieue (le terme est fort) du Puy-en-Velay, le fief de Nemo et de JPL. Cette nouvelle édition mettait à l’honneur le rock progressif français sur scène où se succédèrent Monnaie De Singe, JPL et Franck Carducci. Malgré la perte qui affectait l’entourage musical de Jean Pierre Louveton, ce fut un événement remarquable, qui donna même l’occasion d’une reformation inattendue et éphémère de Nemo. De mon côté, l’entracte me permit d’avoir un bref échange avec le guitariste au moment d’acquérir son dernier album studio sorti en 2017, Le Livre Blanc (et d’obtenir une dédicace sur mon exemplaire). Tout cela avait d’autant plus de sens que j’étais en train d’écrire un livre sur le rock progressif français, dont le projet avait été dicté par l’envie de dessiner une histoire allant d’Ange à Nemo - les deux grandes balises du genre dans l’Hexagone.
À cette époque, ma curiosité avait été assez limitée quant à l’œuvre soliste de JPL, que je découvris en grande partie lors de ce concert, durant lequel une attention particulière avait été accordée au Livre Blanc. L’album eut en effet droit à plusieurs extraits : l’excellent "La peste et le choléra / l'antidote", brulot Metal progressif contrasté hostile à la montée de l’extrême-droite (un thème cher à JPL), le mélancolique "Convoléances" à l’approche très 80s (presque digne de Phil Collins) et le lumineux "L'étoile du nord", chef-d’œuvre immédiatement séduisant. Autant d’exemples d’un opus magistralement réussi, qui dépasse même MMXIV (2014) en termes de qualité.
Suivant l’exemple de ce dernier, JPL décide de maintenir la tournure nettement plus progressive conférée à son œuvre, l’occasion de proposer plusieurs titres d’ampleur inscrits dans un registre Metal progressif apaisé. "Jehanne" développe dans un premier temps son côté chanson pour mieux plonger dans une phase instrumentale ampoulée qui pourrait évoquer Dream Theater, de même que "L'ermite" articule parfaitement cette complexité musicale, entre virtuosité guitaristique mélodieuse et accessibilité quasi pop. Une caractéristique partagée avec Lazuli, autre grand nom du rock progressif français contemporain, et dont le chanteur Dominique Leonetti, déjà présent sur MMXIV, fait une apparition sur "Trompe la mort", un titre folk blues aux aspérités plus pop qu’on retrouve lors des arpèges d’"Un livre ouvert". Cette diversité esthétique n’est pas qu’interne aux morceaux, elle est également notable au sein de l’opus, qu’on se figure un "Joker", une pièce Heavy prog’ à claviers chantée en anglais, ou le final instrumental tantôt symphonique, tantôt planant ("Le livre blanc").
Avant la trilogie Sapiens, JPL avait rarement était aussi pertinent en solo que sur cet opus, qui parvient à détrôner MMXIV (2014) au sommet de sa discographie – pour le moment.
À écouter : "La peste et le choléra / l'antidote", "Jehanne", "L'ermite", "L'étoile du nord"