Foghat

Si Savoy Brown et Foghat méritent tous deux leur place dans l’histoire du rock, l’apport des seconds fut plus significatif pour avoir su renouveler le blues-rock vers un chemin moins académique et plus Heavy. La comparaison entre ces deux groupes n’est pas arbitraire, puisque Foghat est issu d’une scission de trois membres de Savoy Brown. Formé en 1970, le combo britannique s’installe rapidement aux États-Unis où il obtient vite un succès très important, tant et si bien que cette inscription dans la culture populaire américaine se fait toujours sentir dans le jeu vidéo GTA: San Andreas : en 2004, la station de radio classic-rock K-DST diffusait encore le riff emblématique de "Slow Ride" (en version courte).

Pièce devenue culte, le titre demeure mémorable pour la présence importante de guitare slide, trait caractéristique du combo qui en fait son identité principale. Mais "Slow Ride" brille également par sa basse sautillante et tient facilement la longueur grâce à une accélération finale aux relents sudistes – il est fort probable que le groupe ait été l’une des inspirations de Clutch.

Ce tube est issu de Fool for the City, le cinquième album de Foghat sorti en 1975 et sans aucun doute le plus connu de leur discographie. Grâce à "Slow Ride" évidemment, mais aussi à "Fool for the City", un morceau qui exprime la quintessence même du hard-rock euphorique du milieu de la décennie. Personnellement, j’ajouterai "Terraplane Blues" au sein de cette sélection du meilleur de Fool for the City : une reprise du diabolique Robert Johnson magnifiée par l’apport de la saturation, mais intelligemment ouverte par une introduction respectueuse de l’univers initial du titre. Serais-je damné pour la considérer comme la meilleure cover version du bluesman ?

Plus que jamais, Foghat s’affirme comme une formation enthousiaste, que ce soit sur le joyeux et énergique "My Babe", dans la veine de Status Quo, et sur le hard rock’n’roll boogie "Drive Me Home". Il manie aussi bien le soft-rock à la Steely Dan ("Take It or Leave It") que l’efficacité et la simplicité du rock US ("Save Your Loving (For Me)"), à la manière de Bad Company, avec lesquels Foghat partage le fait d'être l’un des deux groupes anglais les plus américains des 1970s sur le plan esthétique - une autre forme de British Invasion, en somme.

S'il ne fallait en conseiller qu'un, Fool for the City serait sans aucun doute le premier choix pour se plonger dans la discographie du groupe, mais il serait dommage de s'y limiter. Avis aux curieux. 

À écouter : "Fool for the City", "Terraplane Blues", "Slow Ride"