↓ MENU
Accueil
Première écoute
Albums
Concerts
Cinéma
DVD
Livres
Dossiers
Interviews
Festivals
Actualités
Médias
Agenda concerts
Sorties d'albums
The Wall
Sélection
Photos
Webcasts
Chroniques § Dossiers § Infos § Bonus
X

Newsletter Albumrock


Restez informé des dernières publications, inscrivez-vous à notre newsletter bimensuelle.
Critique d'album

The Mars Volta


The Bedlam in Goliath


(29/01/2008 - Gold Standard Laboratories - Rock progressif barré - Genre : Rock)
Produit par

1- Aberinkula / 2- Metatron / 3- Ilyena / 4- Wax Simulacra / 5- Goliath / 6- Tourniquet Man / 7- Cavalettas / 8- Agadez / 9- Askepios / 10- Ouroborous / 11- Soothsayer / 12- Conjugal Burns
Note de 3/5
Vous aussi, notez cet album ! (3 votes)
Consultez le barème de la colonne de droite et donnez votre note à cet album
Note de 4.0/5 pour cet album
"Les merveilles du grand bazar"
Quentin, le 25/03/2025
( mots)

Si le groupe texan s’est toujours illustré ses débuts par ses excès de folie frénétique, ses albums comportaient toujours quelques phases plus binaires et mélodiques qui permettaient de se raccrocher à des moments d’apaisement accueillis par l'auditeur avec reconnaissance. Sur l’album précédent, particulièrement brillant, les deux martiens avaient même osé accoucher de morceaux à la structure que l’on pourrait avoir l’audace de qualifier de "classique", avec une formule couplet-refrain-pont très efficace ("Vermicide") et même une superbe ballade mélancolique ("Asilos Magdalenas") restée dans les annales.


The Bedlam in Goliath (bedlam en anglais est un terme qui renvoie à une situation de chaos, de grande confusion), quatrième album du combo originaire d’El Paso, ne s’encombre pas de ces parenthèses délicates et pousse à son paroxysme la volonté de faire n’importe quoi, n’importe comment, dynamitant ainsi systématiquement les fondations de ses morceaux. L’auditeur ne sait la plupart du temps absolument pas où il va, emporté par une fièvre punk agressive et déstructurée qui prend la forme d’une tempête sans accalmie. The Bedlam in Goliath repose de ce point de vue moins sur le jeu flamboyant de ses guitaristes virtuoses (Omar toujours secondé par un John Frusciante en grande forme) que sur la densité percussive de l'ensemble et l'avalanche d'uppercuts envoyés par une section rythmique écrasante. On connaissait le talent du bassiste Juan Alderete, en service avec The Mars volta depuis Frances The Mute, mais le nouveau venu Thomas Pridgen est absolument phénoménal derrière les fûts.


L’aspect démoniaque de cet album s’explique-t-il par sa genèse, marquée par l’occulte ? La légende raconte en effet qu’Omar Rodriguez-Lopez aurait offert lors d’un voyage à Jerusalem un Ouija au chanteur Cedric Bixler Zavala, planche utilisée lors des séances de spiritisme pour entrer en contact avec les esprits. Baptisée le "Soothsayer", cet artefact leur aurait permis d’entrer en contact avec l’esprit du "Goliath", coïncidant avec une succession de malheurs s’abattant sur le groupe pour la conception de ce nouvel album. Départs successifs du premier batteur Deantoni Parks puis de l’ingénieur du son, inondation du studio d’Omar Rodriguez-Lopez, blessures des musiciens et avaries techniques retardant l’enregistrement etc. Autant d’infortunes qui pousseront le guitariste à enterrer l’objet dans un lieu inconnu du reste du groupe jusqu’à la parution de l’album. L’esprit maléfique serait d’ailleurs lui-même piégé dans l’album, se retournant contre l’auditeur lors de l’écoute… On ne sait pas si cet album nous veut du mal, mais il est certain que son écoute entraîne une intense fatigue mentale, le groupe s’attachant à balancer à l’auditeur des morceaux qui explosent littéralement, du début à la fin, dans une course aveugle vers la surenchère musicale. Et pourtant, qu’est-ce que c’est bon !


Les saillies magistralement abrasives de "Aberinkula" illustrent sans préliminaires toute la ferveur qui habite l’album, tout en décharges électriques menées par une section rythmique en ébullition et un développement instrumental scotchant dans sa seconde moitié (nappes de claviers en tension, arabesque de guitares et folles envolées de saxophone). L’enchaînement immédiat avec la piste suivante ne laisse aucun temps pour souffler. Tout aussi éreintant, "Metatron" s’offre ainsi un refrain implacable entre deux salves de couplets distillés à la mitraillette et un pont central plus psychédélique qui emmène le morceau vers de nouveaux développements stupéfiants par leur vélocité et imprévisibilité. Et que dire de "Goliath" et son riff massif et groovy qui évoque la période Blood Sugar Sex Magic des Red Hot, en pleine montée d’acide avec un rythme cardiaque qui pète le plafond sur un final tonitruant. Ou du renversant "Agadez" et ses embardées furieuses qui mettent une fois de plus au premier plan la prestation hors norme de Cedric Bixler Zavala (et peu importe qu'on ne comprenne rien à sa logorrhée bardée d'inepties). Une chose est claire, de l'esprit punk de "Wax Simulacra" et ses 2’38 d’énergie débridée au compteur (la définition même d'un titre coup de poing – plus gros succès du groupe à ce jour) au riff disco-funk habitué par une wah-wah infernale de "Ilyena", The Mars Volta part dans tous les sens mais reste cohérent dans son extrémisme.


Le cœur de l'album s'avère toutefois assez hermétique et il faudra s'accrocher pour apprécier l'écoute d'un "Askepios" aux relents sombres et angoissants, "Tourniquet Man" et son ambiance psychédélique déconcertante ou "Cavalettas", dénué de toute aspérité mélodique, chaotique et fragmenté, multipliant les break épileptiques à la limite du supportable. En revanche la fin de l'album est, elle, particulièrement épique. D'abord avec "Ouroborous" et sa rythmique toolesque endiablée (vélocité, précision, complexité, tout y est) entrecoupée de passages en apesanteur portés par des claviers fantomatiques. Puis le magistral "The Soothsayer" nous dépayse avec ses bruits d'ambiance rapportés de Jerusalem où prières et bruits de rue se mêlent aux orchestrations de cordes orientales et aux soli ravageurs pour créer une atmosphère aussi mystérieuse qu’envoûtante. Le massif "Conjugal Burns" qui marque la fin de l'emprise démoniaque sur le groupe (on peut l'entendre parler/rugir à la fin du morceau) n'a plus qu'à achever l'auditeur qui arrivera au bout de ces 75 minutes de musique avec le cerveau en compote mais le sentiment d'avoir écouté quelque chose de particulièrement singulier.


Si The Mars Volta est définitivement un des groupes les plus clivants de la mouvance prog des années 2000, The Bedlam in Goliath est peut-être leur album le plus intransigeant. Le groupe n'a gardé sur ce quatrième opus qu'une seule et unique facette de sa musique, celle qui envoie définitivement valser les règles de la bienséance musicale avec une salve appuyée de morceaux aussi agressifs que barrés. Si avec ça le démon ne nous rattrape pas...

Commentaires
Soyez le premier à réagir à cette publication !