
Temples
Exotico
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1- Liquid Air / 2- Gamma Rays / 3- Exotico / 4- Sultry Air / 5- Cicada / 6- Oval Stones / 7- Slow Days / 8- Crystal Hall / 9- Head In The Clouds / 10- Giallo / 11- Inner Space / 12- Meet Your Maker / 13- Time Is A Light / 14- Fading Actor / 15- Afterlife / 16- Movements of Time


Il est peu dire que neuf années après la parution de leur premier album, les britanniques de Temples ont pris leurs distances avec les éloges de l'époque énoncées par leurs illustres pairs : Johnny Marr et Noël Gallagher. Présenté par le chanteur de The Smiths et l'ex tête pensante de Oasis comme le "meilleur groupe du moment", cette étiquette n'est plus à l'ordre du jour en 2023 à l'heure où parait leur quatrième album Exotico.
Les raisons à cela peuvent être énumérées au nombre de deux. La première, médiatique, tient en la personnalité en retrait, timide, de son artificier James Edgward Bagshaw qui ne permet pas à Temples d'attiser ou raviver cette flamme dans la presse. La seconde renvoie au style musical intrinsèque du groupe, à son psychédélisme trop prononcé pour captiver en masse avec leur premier album Sun Structures, une identité pas suffisamment assumée trois ans après sur un Volcano jugé trop pop par les fans des débuts, avant de résigner à peu près tout le monde avec l'expérimental Hot Motion en 2019.
Son retour, le groupe originaire de Kettering, va l'enclencher à l'ombre des palmiers en publiant en janvier dernier le très estivale single "Gamma Rays". Un titre qui voit les Anglais entrer à nouveau de plein pied dans leur psychédélisme originel au son d'un sythé solaire et d'une composition instrumentale chaleureuse au sein de laquelle le contraste avec une voix, délicate et mélancolique, se lient magnifiquement faisant tout le sel de cette piste. Un morceau qui présage aussi de la couleur globale de cet album Exotico.
A l'image de sa pochette, ce quatrième opus est une véritable carte postale estivale, une ode à l'évasion en bord de mer poussée dans des retranchements presque caricaturaux sur "Slow Days" et sa teinte "chill" qui appelle aux longs après-midis de paresse allongé sur la plage avec ses slides de guitare joués au bottleneck. Un disque qui transpire une chaleur contenue d'un bout à l'autre des 16 titres qui le composent et rendue tangible, tour à tour, par le son d'un riff desert rock sur le titre éponyme "Exotico" ; des prises de voix langoureuses sur "Time Is A Light" ou bien de la lourdeur rythmique de "Crystal Hall".
Mais cette ambiance vire malheureusement du côté de la lourdeur caniculaire en raison d'un modèle de composition repris avec trop de redondance : à savoir que les riffs principaux et le chant s'imbriquent sur une même ligne mélodique conférant une forme de lassitude à l'écoute de cette formule de composition quasi systématique sur Exotico.
Pour autant, le disque arrive à être captivant quand les morceaux sont menés à un rythme enfin plus soutenu ("Cicada"), ou lorsque ces derniers regardent avec insistance l'horizon des contrées orientales ("Meet Your Maker"), mais également quand l'électronique introduit une nuance qui va apporter une forme encore plus fantasque au psychédélisme ("Fading actor").
Temples a fait le choix d'un disque générateur d'une même et unique ambiance de son début à sa fin. L'immersion dans un été caniculaire est des plus réussie et épouse impeccablement un registre psychédélique retrouvé et complètement assumé qui convient parfaitement au propos de ce Exotico.
S'il serait injuste et inconvenant d'adresser au groupe, venu du comté de Northamptonshire, le défaut de la paresse, on s'interroge véritablement sur les raisons qui ont poussées James Edgward Bagshaw à vouloir systématiquement accorder la mélodie vocale à celle du riff principal des morceaux. Il en résulte la sensation d'un album long et répétitif duquel se dégage toutefois de brillants coups d'éclats qui méritent d'être écoutés en live.
Ça tombe bien, les britanniques viennent tout juste d’annoncer une tournée à travers la France.
A écouter : "Cicada", "Meet Your Maker", "Fading Actor"

