
Queensrÿche
The Warning
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En 1984, Queensrÿche n’est encore qu’une jeune pousse, notamment du point de vue discographique, puisque le groupe de Seattle ne dispose que d’un EP, sorti l’année précédente. Inspiré par la New Wave of British Heavy Metal, le combo avait sans surprise été repéré en Angleterre par Kerrang!, si bien qu’il traverse l’Atlantique pour enregistrer son premier opus à Londres, louant les services de James Guthrie, un producteur davantage connu pour ses travaux au profit du rock progressif (Pink Floyd, depuis The Wall) que du Metal (même s’il a collaboré avec Judas Priest à la fin des 70’s).
Sur ce premier album, Queensrÿche reste fidèle à son attache Heavy 80’s britannique, qui doit beaucoup à Iron Maiden : l’excellent "N M 156" rappelle le nombre de la Bête jusque dans ses effets, même si la voix est un peu plus robotique qu’infernale, et "Warning" déploie une richesse mélodique maidenienne et des poussées vocales dignes de Dicksinson, même si déjà, nous notons quelques particularités ici sensibles sur le refrain. Il y a un sens de la dramaturgie, comme en témoigne également "Deliverance", où il est à la fois mis en musique par des ruptures intelligentes, des variations subtiles, et incarné de façon impressionnante par Geoff Tate, déjà maître de ses compétences.
Plein de nuances, "En Force" alterne une charge cavalerie, par-dessus laquelle la narration accroît l’atmosphère épique, et une transition aux tambours militaires qui mènent vers un final au chant et aux arpèges éthérés. Ces derniers deviennent lumineux sur "No Sanctuary", à l’ambiance Scorpions des 80’s, avec ses guitares aux soli mélodieux et habités, et reviennent derechef sur "Take Hold of the Flame", un titre bien plus incisif qui sonne comme une affirmation d’un Queensrÿche bientôt mature.
Considérés plus ou moins à raison comme les pionniers du Metal progressif, les musiciens offrent un triptyque final majestueux, qui s’ouvre sur le chaloupé "Before the Storm", une interprétation de la geste maiden-ienne qui évoque Fates Warning avant l’heure. Un fondu glisse vers "Child of Fire", beaucoup plus convenu, pour conduire aux neuf minutes de "Roads to Madness", un temps fort et une conclusion massive de The Warning. Les lignes de guitares sont somptueuses, les claviers se veulent symphoniques et Geoff Tate se révèle tout simplement triomphal.
Le seul signal d’alarme audible ici, c’est celui d’une formation en plein essor qui s’apprête à offrir au Metal américain une autre voie que celles du Thrash Metal ou du Metal épique underground.
À écouter : "Warning", "N M 156", "Before the Storm", "Roads to Madness"