
Motörhead
Snake Bite Love
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1- Love For Sale / 2- Dogs Of War / 3- Snake Bite Love / 4- Assassin / 5- Take The Blame / 6- Dead And Gone / 7- Night Side / 8- Don't Lie To Me / 9- Joy Of Labour / 10- Desperate For You / 11- Better Off Dead


Après avoir chroniqué autant d’albums de Motörhead, il me semble avoir suffisamment mérité mes galons de snaggletooth-boy pour pouvoir émettre un avis non-conventionnel sans me faire lyncher. Bien qu’il soit sûrement l’album le moins apprécié du combo, Snake Bite Love est en réalité bien plus réussi qu’on ne l’a dit – à mon sens, il l’est même un peu plus que son prédécesseur, en étant moins monolithique, plus surprenant, varié, et composé de quelques bonnes idées. On évitera de parler de prise de risque, ce serait excessif … Mais on appréciera les fantaisies, les touches d’originalité, les petites folies et fioritures qui le rendent attractif, à commencer par la pochette impressionnante au snaggletooth en forme de serpent.
Les surprises en question, ce sont par exemple le solo de clavier sur le speed "Take the Blame" (un peu entre Blue Öyster Cult et Deep Purple), le pont doom sur "Snake Bite Love", le solo de batterie inattendu d’"Assassin", le solo orientalisant de "Better off Dead", la power-ballad mélancolique "Dead and Gone", une des plus sensibles et réussies de l’histoire du groupe dans ce registre.
Bien sûr, les racines punk et rock’n’roll du combo ont droit à une belle place sur "Desesperate for You", à l’immédiateté appréciable, sur "Don’t Lie to Me", conventionnel jusqu’aux petites interventions de guitare, ou sur "Snake Bite Love", un hard-rock’n’roll classique du groupe. Mais nous sommes bien dans les années 1990, c’est-à-dire la décennie qui a vu Motörhead devenir un groupe de Metal en bonne et due forme. Ainsi vont "Dogs of War", "Better off Dead" et surtout "Assassin" où la basse lourde, saturée comme une guitare, ainsi que le rythme complexe et heurté, permettent au titre de ne pas faire dans la dentelle tout en étant aussi brutal que subtil (quel excellent solo de batterie !).
Il est vrai que Snake Bite Love n’est pas exempt de toute faiblesse : le mid-tempo "Joy of Labor", avec ses arpèges sur le refrain, est assez maladroit, et "Night Side", qui met les bouchées doubles sur les effets, manque d’inspiration. Néanmoins, inutile de faire du neuf pour être pertinent : fondamentalement, "Love for Sale" a tout du Motörhead pur jus, ce qui ne l’empêche d’être une ouverture enthousiasmante.
Que reproche-t-on à Snake Bite Love ? Son côté légèrement exploratoire ? Ce sera la dernière fois que Motörhead le sera autant sur un album complet. Ses titres moins inspirés ? Il n’y en a guère plus que sur Overnight Sensation. Non vraiment, cet opus vaut au moins autant que son prédécesseur, si ce n’est plus, et ce malgré ses quelques défauts - comme toujours relativement mineurs avec Motörhead.
À écouter : "Assassin", "Love for Sale", "Dead and Gone"